Invité de Parlement Hebdo, Francis Szpiner défend la création d’un groupe de droite dissident dans la capitale, avec les élections municipales de 2026 en ligne de mire. Le sénateur et conseiller de Paris ne croit pas à une élection de Rachida Dati, nommée ministre de la Culture en janvier dernier.
Elections départementales : les leçons du second tour
Par Public Sénat
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Comme une réplique du premier tour. Le second tour des élections départementales du 27 juin 2021 n’a fait varier qu’à la marge la carte politique. Quelques bascules historiques sont à souligner. Comme pour les élections régionales, l’essentiel des majorités sortantes est reconduit et une large partie de la carte de France des départements s’est colorée de nuances de bleu.
Les départementales de 2015 avaient hissé la droite et ses alliés à un de ses plus hauts niveaux, avec 70 départements, récupérant la moitié des départements de gauche. Elle avait finalement plus à perdre qu’à gagner. Le second tour est allé aux au-delà de ses espérances. « C’est une grosse stabilité, avec une progression de la droite et du centre », réagit auprès de Public Sénat Dominique Bussereau, le président (ex-LR) de l’Assemblée des départements de France (ADF). « L’équilibre est à peu près maintenu en termes de nombres de départements », considère de son côté Jean-Luc Gleyze, le président du groupe de gauche à l’ADF.
Cinq départements passent de gauche à droite, deux de droite à gauche
La droite arrache cinq départements à la gauche, et s’arroge parfois quelques victoires symboliques. Elle est parvenue à s’imposer dans le Val-de-Marne, le dernier bastion départemental du PCF, qui était majoritaire depuis 45 ans. Un autre bastion de gauche est tombé : le Puy-de-Dôme. Ce n’est que la troisième alternance à droite de l’après-guerre. Les Républicains l’emportent aussi de manière très nette dans les Alpes-de-Haute-Provence, s’imposant ainsi dans tous les départements de la région Paca. L’Ardèche, à gauche depuis 1998, a également basculé à droite. La droite emmenée par Maël de Calan s’est aussi emparée de justesse du Finistère, où un canton a fait basculer la majorité à cinq voix près.
Deux départements reviennent dans le giron de la gauche, à commencer par la Charente. Comme en 2015, la bascule s’est jouée à un canton. La gauche reprend avec davantage de force, les Côtes-d’Armor, perdues en 2015 après les avoir dirigées pendant 39 ans.
Rien n’est joué dans certains départements
Aucune majorité claire ne s’étant dessiné dans certains départements, il faudra attendre le « troisième tour », ce jeudi, pour savoir s’ils ont été conservés ou perdus par leurs familles politiques. Les nouveaux conseils départementaux éliront en effet durant cette matinée leurs présidents, acte symbolique qui donnera la couleur politique de leur exécutif. Sur le papier, gauche et droite sont à égalité dans le Vaucluse. Les conseillers indépendants risquent d’être très courtisés au cours des prochaines heures et devraient monnayer cher leur soutien. Ainsi, Anthony Zilio, qui s’exprimait hier devant la caméra du Dauphiné, souhaite que son canton reprenne « une place majeure dans le département ». Très serrée aussi en 2015, l’élection du président, s’était jouée au bénéfice de l’âge.
La Seine-Maritime pourrait aussi basculer dans un sens comme dans l’autre, tous les regards sont braqués dans ce département vers un canton en particulier, et l’indépendant Dominique Métot. Le département est présidé par Bertrand Bellanger, un élu divers droite, qui avait soutenu Emmanuel Macron. Il était à la tête d’une petite majorité hétéroclite (LR, élus de droite, LREM, Agir).
Si le conseil régional de La Réunion a basculé à gauche, la lecture des résultats aux élections départementales est moins évidente. Là aussi, le rapport de force se dessinera lors de l’élection pour la présidence du département. Quant à la Guadeloupe, il faudra attendre plus longtemps, le résultat est suspendu dans trois cantons, après un recours.
Des majorités renforcées
Lorsque l’on zoome, le second tour des départementales 2021 a également renforcé l’assise de certaines majorités. La droite se renforce par exemple dans le Cher ou l’Orne, mais également dans le très fluctuant département de l’Allier, où elle gagne deux cantons supplémentaires.
Même phénomène dans les départements de gauche : l’avance de la majorité dans les Landes se creuse avec deux cantons de plus. Dans l’Ariège, la gauche fait mieux qu’en 2015, en emportant 12 des 13 cantons. « Ce qui m’intéresse, c’est de voir comment l’union est plutôt de nature à faire conserver ou gagner des départements », relève Jean-Luc Gleyze, le président PS de la Gironde. Dans son département, ses alliés ont fait progresser la majorité sortante en enlevant un canton au Rassemblement national.
Déroute pour le Rassemblement national
Le parti de Marine Le Pen, justement, subit un cinglant revers lors de ces élections départementales. Le Front national avait terminé les élections en 2015 avec 62 conseillers départementaux, il l’avait emporté dans 31 cantons. Six ans plus tard, on ne retrouve le Rassemblement national victorieux dans seulement 13 cantons. Il disparaît dans sept conseils départementaux : l’Yonne, la Somme, la Meuse, la Marne, la Gironde, l’Oise et l’Aisne. Le recul est particulièrement marqué dans ces deux derniers : il perd l’intégralité de ses 4 et 8 conseillers, respectivement. Dans les Pyrénées-Orientales, malgré son implantation à Perpignan, ville conquise en 2020, le Rassemblement national ne parvient pas à décrocher un seul canton, comme en 2015. Seule conquête : le canton de Moissac, dans le Tarn-et-Garonne. La ville avait été remportée par le parti en juin 2020.
Quant à la majorité présidentielle, elle ne détenait pas vraiment d’exécutif départemental en son nom. Elle a perdu la présidence du Puy de Dôme. Jean-Yves Gouttebel, qui avait fracturé sa majorité en soutenant le président de la République, ne s’était pas représenté. Le département est tombé à droite. Et La Seine-Maritime demeure encore dans le brouillard.