Élections régionales en Île-de-France : Valérie Pécresse grande favorite

Élections régionales en Île-de-France : Valérie Pécresse grande favorite

La présidente sortante de la région fait la course en tête, loin devant une gauche divisée et des listes LREM et Rassemblement National isolées. Six listes pourraient dépasser les 10 % permettant de se maintenir au second tour.
Public Sénat

Par Jérôme Rabier

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Elle a la sérénité d’une présidente de région sortante portée par des sondages qui la donne largement favorite. En déplacement dans un vaccinodrome du Val d’Oise, Valérie Pécresse veut incarner la candidate qui protège. En période de covid 19 bien sûr, mais pas seulement. « Le thème de la protection est un thème très important, les Franciliens ont découvert que la région était là pour les protéger et qu’elle était extrêmement active et nous continuerons évidemment dans ce second mandat », explique la candidate, qui parle déjà comme si sa reconduction n’était qu’une formalité.

Créditée de plus de 30 % dans les sondages, Valérie Pécresse désigne son principal adversaire, la gauche, à qui elle avait repris la région en 2015. « Il y a clairement deux choix de société », avertit-elle. « Entre une gauche radicale qui a perdu sa boussole républicaine et qui est décroissante et une droite qui a fait le choix de s’ouvrir largement, de rassembler, et surtout de faire de la sécurité, de l’écologie des résultats, et des valeurs de la république et de la justice sociale son cap », détaille Valérie Pécresse.

Une gauche éparpillée

Si la candidate Libres !, soutenue par les Républicains et l’UDI, cible la gauche, c’est qu’elle sait que le principal adversaire est là pour elle. Même si pour l’instant, ses différentes composantes partent en ordre très dispersé et sont au coude à coude, aux environs de 10 % dans les sondages.

Clémentine Autain rêvait d’union. Elle part finalement seule à la tête d’une liste France Insoumise-Parti communiste. Les écologistes ont souhaité se compter au premier tour. A Argenteuil dans le Val d’Oise, Julien Bayou vient dénoncer un projet d’urbanisme mêlant commerces, habitations et cinéma multiplex. Une hérésie pour le secrétaire national d’EELV : « Là je vois l’intérêt de qui ? Des promoteurs et un peu des recettes de la mairie », dénonce-t-il.

Evoquant aussi les petits commerces du centre-ville déjà en difficulté. « La région a une vraie compétence en matière d’aménagement du territoire. Nous, on veut acter le zéro artificialisation des sols ! » promet-il aux militants locaux qui rêvent d’un aménagement plus vert sur les bords de Seine de cette commune.

Pour cette campagne l’ancien militant pour le droit au logement a troqué son look décontracté pour le costume chemise. Question de crédibilité pour celui qui se rêve en tête de la gauche au premier tour pour rassembler ensuite. « C’est l’écologie qui est dans la centralité du débat aujourd’hui. Lutter contre la canicule, améliorer la cantine bio pour nos enfants, faire le lien entre santé, emploi et alimentation. C’est cela le projet écologique et c’est cela qui peut rassembler », détaille le quadra.

« Trouver un chemin commun »

A ses côtés sur les rangs de la gauche, mais néanmoins concurrente, Audrey Pulvar rêve elle aussi de mener la liste d’union de la gauche au second tour. Et pour l’ancienne journaliste c’est normal de partir séparés au premier tour. « On n’est pas désunis. On a trois offres politiques de gauche et écologistes qui ne sont pas tout à fait les mêmes », nuance la tête de liste d’Ile-de-France en Commun, soutenue par le PS. « Avec le souhait à terme de trouver un chemin commun, mais avec trois fois la possibilité de mettre à l’agenda politique et médiatique, nos idées. »

A Pontault-Combault, Audrey Pulvar est venue parler emploi. Emploi durable, emploi solidaire, emploi non délocalisable. Et promet qu’une banque publique d’investissement régionale financera les projets en ce sens : « Je veux faire de l’économie sociale et solidaire un secteur majeur de l’économie francilienne » détaille-t-elle. « C’est le secteur qui a le mieux résisté dans la crise et ce n’est pas un hasard, car il est fondé sur l’humain, sur le proche, sur le lien social, sur le faire ensemble », défend la tête de liste régionale.

Un manque de notoriété pour LREM

Divisée la gauche devrait être devancée au premier tour par la liste LREM menée par Laurent Saint-Martin, aux environs de 15 %, si l’on se fie aux derniers sondages. Peu connu du grand public il rêve d’être la surprise de ce scrutin. « Je préfère être reconnu que connu parce que la politique mérite des personnes qui ont envie de s’engager à fond, qui n’ont pas d’autre ambition nationale que l’avenir de la région », attaque-t-il, en dénonçant les ambitions présidentielles de Valérie Pécresse. « Les Franciliens voteront d’abord pour des idées, pour des personnes qui sont sincères, et moi c’est ce combat-là que je porte d’abord », avance le candidat, qui met en avant ses 154 propositions pour la région.

Le RN au plus haut, mais peu de réserves de voix

Une région qui va sans doute voir le Rassemblement national arriver en deuxième position au soir du premier tour. Une première sur des terres qui lui étaient jusque-là peu favorables. Emmené par Jordan Bardella, le parti à la flamme a peu de chances de concurrencer la présidente sortante Valérie Pécresse, mais qui espère une mobilisation de ses électeurs pour réaliser un beau score. « Nous gagnerons si et seulement si, nous réussissons à vaincre un ennemi redoutable : l’abstention », prévient la tête de liste. « Alors mobilisation générale, il n’appartient qu’à vous de vous mobiliser », enjoint-il aux sympathisants venus l’écouter en meeting à Mormant, en Seine-et-Marne. Avant de s’en prendre à ses adversaires : « Face à leur fébrilité, face à leur hystérie, face à leur manie d’insulter tout le monde sans arrêt, opposons le calme des vieilles troupes qui savent que la victoire est au bout du tunnel ».

Une victoire qui paraît bien incertaine. Crédité d’un score inférieur à 20 % en Île-de-France le Rassemblement National aura du mal à progresser au second tour. Un second tour qui pourrait voir quatre listes s’affronter en cas d’union de la gauche. Avec Valérie Pécresse en grande favorite.

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