Elections régionales en Nouvelle-Aquitaine : un cinquième mandat pour Alain Rousset ?

Elections régionales en Nouvelle-Aquitaine : un cinquième mandat pour Alain Rousset ?

Depuis 1998, c’est le socialiste Alain Rousset qui dirige le conseil régional de la Nouvelle Aquitaine. En tête dans les sondages avec 25 % des intentions de vote (d’après Ipsos), il a face à lui les écologistes avec lesquels il dirige la région et il est talonné de près par la candidate RN, Edwige Diaz à 24 % d’intentions de vote dans les sondages.
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Par Cécile Sixou et Fabien Recker

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A 70 ans, Alain Rousset rempile. Pour la cinquième fois, il part en campagne pour devenir président de région. Il a installé sa permanence à Bordeaux, en face de l’école de la Magistrature. Ce matin-là, comme tous les candidats aux élections régionales, il passe un grand oral, via zoom, avec les représentants des chambres de commerce et d’industrie de la région.
Il écoute avec attention le portrait introductif que dresse de lui un journaliste de Sud-Ouest. Un homme « d’expérience », « maire à plusieurs reprises ». Et face aux représentants des commerçants, il affiche sa confiance : « J’ai toujours la passion, j’aime la région ».



 

EELV fait cavalier seul


Les écologistes avec qui il dirige la région ont décidé de faire cavalier seul. Portés par leurs scores aux municipales où ils ont raflé les villes de Bordeaux et Poitiers, ils espèrent surfer sur la vague. « Est-ce que c’est une vague ? Est-ce qu’elle s’est déjà brisée ? » s’interroge Alain Rousset, pas convaincu. Son vice-président, l’écologiste Nicolas Thierry est tête de liste face à lui, de quoi le rendre un peu amer : « Ce n’est pas terrible, Europe écologie les Verts a souhaité partir tout seul pensant qu’il y avait une opportunité. Moi, j’ai toujours marqué mes responsabilités sous l’angle de la plus extrême loyauté ». S’il veut remporter la région il faudra s’allier avec les écologistes au second tour qui pourraient lui apporter 10 % des voix (estimation Ipsos pour le premier tour).

 

Le RN en seconde place

 

Le dernier sondage, le donne tout de même en tête au premier tour, mais il est talonné de près par la candidate RN, Edwige Diaz.
A 33 ans, cette ancienne militante LR a adhéré au Rassemblement national après avoir rencontré Marine Le Pen lors d’un meeting. Ce matin-là, elle déambule sur le marché de Blaye dans le nord de la Gironde, avec son équipe. Peu refusent le tract qu’elle distribue, beaucoup l’encouragent même : « Il faut y aller là ! », « il faut que ça change », elle acquiesce.
Une femme s’arrête même pour lui demander un autographe.
Ce jour-là, il s’agit pour elle de « mobiliser les électeurs » pour qu’ils se rendent aux urnes les 20 et 27 juin prochains. Elle remplit aussi le carnet d’adresses du parti. En prenant les coordonnées des passants avec qui elle discute : « Donnez-moi votre numéro, je vous envoie notre page Facebook ».


 

« Marine Le Pen aura besoin de relais locaux »

 

Elle espère bien profiter des divisions à droite et à gauche dans la région pour arriver en tête : « Il y a une dynamique, les gens ont envie que ça change. Les gens n’ont plus confiance en la gauche… la droite qui les a trahis, ils se sont fait avoir par Macron et maintenant ils disent ‘ça suffit, on en a marre et donc maintenant nous allons voter pour le RN et moi je leur dis ‘mobilisez-vous tous', car la victoire est à portée de main ».
Mais surtout elle tente de convaincre, voter pour elle, c’est comme voter pour Marine le Pen. « Quand elle sera élue elle aura besoin de relais locaux, de conseillers départementaux régionaux et municipaux pour diriger le pays et il y a beaucoup de compétences partagées et la dynamique nationale ne pourra se faire, que s’il y a tout le monde qui va dans le même sens ».


 

LREM : Une ministre tête de liste

 

Autre ambiance dans le Lot-et-Garonne. Geneviève Darrieussecq rend visite à des agriculteurs, au bord du lac de Caussade. Ministre aux anciens combattants et tête de liste de la majorité présidentielle, elle partage son temps entre Paris et la Nouvelle Aquitaine.

« C’est conciliable de faire les deux, Ministre et candidate aux régionales. Alain Rousset est aussi candidat et est resté président de région que je sache. » Une vingtaine de personnes l’accompagne pour cette rencontre, dont beaucoup de journalistes locaux, car cette visite est controversée. Le lac de Caussade est une retenue d’eau illégale. Il a été construit par les agriculteurs locaux pour irriguer leurs terres l’été, contre l’avis de l’Etat. Les agriculteurs apprécient la visite d’un membre du gouvernement : « Moi je le dis, je voterai pour vous aux régionales, Rousset est un faux cul », lui dit l’un d’eux. Mais pour le moment cela ne suffira pas à hisser la candidate du parti présidentiel au premier rang. En troisième position dans les sondages, elle regrette de ne pas avoir fait liste commune avec les LR dès le premier tour.
« Les LR sont dans un schéma national, je ne sais pas s’ils parlent de la région ou de 2022, moi je parle de la région. J’envisage d’abord de rassembler les électeurs et ensuite je rassemblerai au maximum au second tour ».

 

 

LR ne veut pas d’alliance

 

Des plans que ne semble pas partager le candidat LR, Nicolas Florian : « Il y a une liste LR au premier tour, il y aura une liste LR au second tour ». Pour l’ancien maire de Bordeaux
qui a perdu la ville, pas question de rejouer le scénario des municipales où il s’était allié avec les LREM lors du second tour. « Je pense que notre famille a un espace entre Macron et Le Pen, il faut l’incarner. Ces élections régionales peuvent être l’occasion de préparer l’alternance, trouver un projet et celui ou celle qui pourra incarner notre famille politique ».
Si pour le moment la droite ne veut pas entendre parler d’accord avec En Marche, les résultats du premier tour pourraient rebattre les cartes. Distanciés par la gauche mais aussi par le RN dans les sondages, LR et LREM pourraient bien être incités à se tendre la main.

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