Emmanuel Macron a-t-il rétropédalé sur l’augmentation de salaires des enseignants ?

Emmanuel Macron a-t-il rétropédalé sur l’augmentation de salaires des enseignants ?

Le Président de la République avait d’abord expliqué vouloir revaloriser les enseignants prêts à assumer « de nouvelles missions », avant d’affirmer lors du débat face à Marine Le Pen qu’il entendait rémunérer davantage tous les professeurs « inconditionnellement. » Qu’en est-il réellement des propositions du Président sortant sur le salaire des professeurs ?
Louis Mollier-Sabet

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Le 17 mars dernier, lors de la conférence de présentation de son programme à Aubervilliers, Emmanuel Macron avait annoncé un « pacte nouveau » pour l’Ecole et les professeurs. L’idée était de revaloriser les enseignants « prêts à s’engager » dans « des nouvelles missions », comme des activités périscolaires, ou, plus généralement, dans la vie pédagogique de leurs établissements. Le Président de la République avait aussi évoqué une modulation des rémunérations des enseignants en fonction des résultats de leurs élèves et du territoire. « Je l’assume car [les enseignants] ne font pas tous la même chose […], nous le savons », avait affirmé Emmanuel Macron. Le Président-candidat s’inscrivait ainsi dans une logique de généralisation de son plan « Marseille en Grand », qui voulait donner plus de libertés aux équipes pédagogiques, et plus de pouvoir aux chefs d’établissements.

» Pour en savoir plus : Emmanuel Macron souhaite un pacte nouveau pour les enseignants

L’autonomie des établissements est un marronnier de la droite depuis des décennies, tout comme elle constitue une ligne rouge pour les syndicats de professeurs. Mais Emmanuel Macron entend faire passer la pilule par une logique de donnant-donnant : le travail accompli par certains professeurs en dehors du temps scolaire serait aussi mieux reconnu et rémunéré. Pourtant, lors du débat d’entre-deux-tours, le Président sortant a affirmé que cette revalorisation des enseignants se ferait « de manière inconditionnelle » : « Il y aura une revalorisation d’environ 10 % des salaires des enseignants et il n’y aura plus de démarrage de carrière sous 2 000 euros par mois. Donc je veux dire ici très clairement que ce n’est conditionné à absolument rien. » Alors, la proposition du chef de l’Etat est-elle une augmentation « inconditionnelle » des salaires des enseignants ou bien doit-elle récompenser les professeurs les plus investis dans de nouvelles missions, comme il l’avait expliqué en début de campagne ?

 

Une revalorisation « inconditionnelle » et une prise en compte de « nouvelles missions »

 

Sur France Inter, ce matin, Emmanuel Macron a tenu à préciser « les propos [qu’il a] tenus » sur le sujet et qui ont « créé du trouble » et ne l’ont « pas aidé à être compris. » En fait, le Président de la République distingue deux « augmentations » des enseignants : l’une, déjà « commencée », d’après le chef de l’Etat, consiste en une « revalorisation des professeurs » de 10 % « pour qu’il n’y ait aucun salaire, même en début de carrière, en dessous de 2000 euros. » Cette augmentation de salaire devrait être inscrite dans la loi de finances pour 2023, et interviendra donc en janvier prochain, assure Emmanuel Macron. « Indépendamment » de cette augmentation, les enseignants bénéficieront, comme tous les autres fonctionnaires, de la revalorisation du point d’indice – gelé depuis 2008 – promise récemment par le Président de la République en cas de réélection, après l’avoir refusée tout au long de son quinquennat. « Ce sera à la négociation », a déclaré Emmanuel Macron ce vendredi matin, sans plus de précisions. « Il y a une inflation conséquente donc on ne peut pas dire qu’on va geler le point. Je ne vais pas m’engager aujourd’hui [sur un chiffre précis] et faire de l’électoralisme là-dessus. On ne peut pas laisser nos fonctionnaires perdre du pouvoir d’achat quand le reste du secteur privé a des négociations qui continuent pour augmenter. »

Vient donc ensuite une deuxième promesse de campagne, la fameuse revalorisation liée à d’éventuelles « nouvelles missions » assumées par les enseignants. Le Président sortant s’est expliqué sur France Inter : « Le but est que l’on puisse augmenter encore plus les enseignants qui adhèrent à ce pacte. Beaucoup de nos enseignants s’occupent des élèves en dehors du temps scolaire, et c’est très peu reconnu par le système. » Emmanuel Macron propose donc finalement, en plus de la revalorisation « inconditionnelle », de réformer les systèmes de rémunérations pour prendre en compte les fameuses « nouvelles missions » évoquées à Aubervilliers. Une manière pour le candidat de retomber sur ses pattes, après des signaux parfois confus envoyés au corps professoral au cours de la campagne.

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