Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
Emmanuel Macron : analyse d’un mea culpa
Par Public Sénat
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Lors de son interview sur TF1, Emmanuel Macron a esquissé pour la première fois un mea culpa, expliquant ne pas avoir « réussi à réconcilier le peuple français avec ses dirigeants ».
Pour Arnaud Benedetti, professeur associé en histoire de la communication à la Sorbonne, ce manque d’adhésion du peuple vis-à-vis de ses dirigeants, contrairement à ce qu’a affirmé le président de la République, ne touche pas toutes les démocraties occidentales : « Il y a des démocraties où aujourd’hui vous avez des gouvernements qui ont un assentiment massif de leur population. Ce sont notamment les gouvernements qu’il qualifie de populistes (…) Son discours est d’une certaine manière réducteur. Mais le problème est (…) qu’il donne le sentiment que finalement, c’est sa communication et c’est son image qui, aujourd’hui, font qu’il y a ce divorce entre les dirigeants et l’opinion. La réalité c’est que le problème est d’abord politique. E la communication arrive après. »
De son côté, Alexia Germont, présidente fondatrice du think tank France Audacieuse, ne partage pas cette analyse : « Là, où la prise de parole est fine, c’est que justement, il ne répond pas sur son arrogance personnelle. On a l’impression qu’il prend la mesure de la responsabilité qu’ils ont en ayant pris le pouvoir, en saccageant l’ensemble des partis politiques et en disant « on va vous donnez une offre nouvelle ». Or, l’offre nouvelle a du mal à prendre racine. C’est ça la vraie responsabilité et c’est très grave parce que on se retrouve en bout de course avec (...) des structures politiques qui sont éclatées (…) un parti qui était censé être beaucoup plus transversale, qui n’arrive pas à prendre corps, dans une Europe qui est quand même très mouvementée en ce moment (…) J’ai l’impression (…) qu’il a compris ça. »
« Emmanuel Macron n’est pas habitué à l’adversité »
« Il l’a compris de manière un peu mécanique » pense plutôt Jean-Sébastien Ferjou, le directeur de la publication d’Atlantico. « A-t-il compris ce que ressentent profondément les gens ? Je ne crois pas (…) Il y a un problème de maturité (…) au sens de maturation. »
Caroline Michel-Aguirre, journaliste à l’Obs va également dans ce sens : « Je pense que la remise en cause n’est pas profonde. Elle est un peu superficielle (…) C’est un jeune homme [Emmanuel Macron] qui n’a pas l’habitude de se tromper, qui n’a pas l’habitude d’échouer, qui n’a pas l’habitude de pas obtenir ce qu’il veut, qui n’a pas l’habitude de ne pas séduire. Il n’est pas habitué à l’adversité et à cette remise en cause profonde, parfois douloureuse (…) Je ne suis pas sûre (…) qu’il soit totalement outillé par l’expérience, par la vie, pour répondre à ce questionnement profond. »
Vous pouvez voir et revoir la 3ème partie d’OVPL consacrée au mea culpa d’Emmanuel Macron (en intégralité) :