France Pension Macron

« Emmanuel Macron est aujourd’hui dans un autre espace-temps »

Dans une allocution solennelle, Emmanuel Macron a tenté, ce lundi 17 avril, de tourner la page de la réforme des retraites. Pari raté, selon le communicant Arnaud Benedetti, rédacteur en chef de la Revue politique et parlementaire, qui considère qu’il existe après ce discours un « risque de réactivation du mouvement social ». Entretien.
Caroline Deschamps

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Sur la forme, Emmanuel Macron a-t-il été convaincant ?

Il a voulu être moins hautain, mais est resté tout aussi lointain. Il avait une tonalité qui pouvait apparaître moins méprisante, notamment quand il essaye d’expliquer qu’il a compris la colère et le mécontentement.

Mais il se dégage quand même cette étrange sensation que le chef de l’Etat est aujourd’hui dans un autre espace-temps, loin du contexte social et politique actuel. On aurait dit qu’il était candidat, alors qu’il est président de la République depuis six ans.

Il a fixé un calendrier : « 100 jours pour apaiser ». Ce clin d’œil à l’histoire napoléonienne est-il bien trouvé ?

La réalité historique des 100 jours, c’est Waterloo puis l’abdication de Napoléon Bonaparte. Il est tout de même curieux qu’aucun communicant de son équipe n’ait attiré son attention sur ce point. Si cette référence est presque anecdotique sur le fond, cela caractérise tout de même une forme d’impréparation.

Sur le fond, voyez-vous quelque chose de nouveau dans le discours d’Emmanuel Macron ?

Il n’y a rien de neuf. On reste à un niveau de généralités qui ne permet pas de savoir vers quoi il souhaite s’orienter. Il a fait du en même temps : en évoquant le sujet de l’immigration, il parle à la droite ; quand il développe ses projets en matière de travail, il fait un clin d’œil à la gauche.

On a le sentiment qu’il essaye de gagner du temps, car il n’a pas de solution immédiate à sa disposition. Toutes les options qui se présentent à lui ont un tel coût politique, qu’il ne peut pas les mettre en œuvre. Dans les semaines à venir, il va devoir faire du cabotage politique et parlementaire pour rester à flot. Le président n’a pas réussi à éponger la crise et il est confronté après ce discours à un risque de réactivation du mouvement social, sous une forme qui est aujourd’hui imprévisible.

Pour sortir de l’impasse, sur le plan parlementaire, les LR sont-ils aujourd’hui la seule solution ?

On risque d’assister à une équation parlementaire qui se durcit à l’Assemblée nationale. Je ne vois pas comment le président peut élargir sa majorité. Il est difficile d’imaginer les LR continuer à être aussi bienveillants à son égard, compte tenu de l’état de l’opinion publique. Ils n’ont aucun intérêt à lui tendre la main. Même pour les députés LR les plus bienveillants, il semble difficilement acceptable dans un tel contexte de se présenter comme la béquille d’Emmanuel Macron.

Dans la même thématique

PARIS : Manifestation du 1er Mai
3min

Politique

1er mai : quels sont les principaux rassemblements prévus en France ?

Comme chaque année, la journée internationale des droits des travailleurs sera marquée par de nombreux défilés à travers la France. Malgré un agenda social chargé, les deux principaux syndicats, la CGT et la CFDT ne défileront pas ensemble lors des traditionnelles manifestations du 1er mai.

Le

« Emmanuel Macron est aujourd’hui dans un autre espace-temps »
6min

Politique

Scandale des eaux en bouteille : « Le dispositif global interministériel a sous-estimé la profondeur de cette affaire », estime l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne

Auditionné par la commission d’enquête sénatoriale, Aurélien Rousseau est revenu sur sa connaissance du scandale de Nestlé Waters et l’implication des pouvoirs publics. S’il reconnaît avoir pris la décision autorisant la filtration en dessous de 0,8 micron, l’ancien directeur de cabinet d’Élisabeth Borne écarte tout conflit d’intérêts.

Le

« Emmanuel Macron est aujourd’hui dans un autre espace-temps »
4min

Politique

Laïcité dans le Sport : la ministre, Marie Barsacq assure que « le gouvernement dans son ensemble » soutient la proposition de loi du Sénat

Interrogée par les sénateurs sur sa position au sujet de proposition de loi LR visant à interdire le port de signes religieux dans les compétitions sportives et dans les piscines municipales, la ministre des Sports, Marie Barsacq a indiqué que « le gouvernement dans son ensemble soutenait » le texte. Le mois dernier, elle avait affirmé « que le port du voile n’était pas de l’entrisme ».

Le