La popularité d'Emmanuel Macron ne parvient pas à se remettre d'un été et une rentrée calamiteux, quand celle de son Premier ministre résiste, à...
Emmanuel Macron face au défi d’une popularité encalminée
La popularité d'Emmanuel Macron ne parvient pas à se remettre d'un été et une rentrée calamiteux, quand celle de son Premier ministre résiste, à...
Par Gaëlle GEOFFROY
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La popularité d'Emmanuel Macron ne parvient pas à se remettre d'un été et une rentrée calamiteux, quand celle de son Premier ministre résiste, à sept mois de la cruciale échéance des élections européennes.
L'affaire Benalla, le départ avec fracas du populaire ministre de la Transition écologique Nicolas Hulot, suivi de celui, tout aussi tonitruant du ministre de l'Intérieur Gérard Collomb, déclencheur d'un remaniement gouvernemental: les mauvaises nouvelles n'ont pas aidé la cote de popularité du chef de l'Etat en chute libre depuis fin août.
Fin septembre, elle tombait même à 28% de sondés satisfaits de son action, un niveau inférieur à celui enregistré par ses deux prédécesseurs au même moment de leur mandat : Nicolas Sarkozy (39% de "satisfaits") et François Hollande (29%), selon Opinionway.
Si certains sondages ont montré courant octobre une stabilisation voire un frémissement positif, la courbe reste sous le seuil des 30% d'avis favorables. Tendance confirmée vendredi par BVA pour Orange, RTL et La Tribune: le président de la République recueille seulement 29% de bonnes opinions (-3 points), contre 70% de mauvaises (+3).
Denys Pouillard, directeur de l'Observatoire de la vie politique et parlementaire, note auprès de l'AFP qu'il faut être "prudent": une cote de popularité ne présage pas du score face à un adversaire, que ce soit dans un sondage en face à face ou lors d'un scrutin électoral.
Reste qu'Emmanuel Macron continue de souffrir de son image de "président des riches", déconnecté des territoires, encore alimentée ces dernières semaines par la hausse des prix des carburants qui cristallise désormais les attaques de l'opposition et la hausse de la CSG, fortement contestée jusqu'au sein du groupe LREM à l'Assemblée.
Aux critiques qui s'appuient également sur des chiffres économiques en demi-teinte, Emmanuel Macron a répondu le 16 octobre, au soir du remaniement, qu'il les entendait. Mais qu'il n'y aurait "ni tournant ni changement de cap".
Résultat, sa popularité souffre particulièrement auprès des jeunes et des catégories populaires, souligne Edouard Lecerf, directeur général adjoint de BVA.
Ce sentiment, qu'"on ne peut pas transformer du jour au lendemain", persiste "en dépit des tentatives de se forger une image de proximité, notamment lors son déplacement aux Antilles", note Adélaïde Zulfikarpasic, directrice de BVA.
- "Excès de langage" -
Surtout, l'écart se creuse avec son Premier ministre Edouard Philippe, qui gagne un point à 40% d'avis favorables, selon BVA.
"Au coeur" de cet écart, "l’image très positivement appréciée d’Édouard Philippe, laquelle se construit désormais en décalque avec celle d’Emmanuel Macron", expliquait également l'Ifop récemment.
Un proche du Premier ministre note qu'Emmanuel Macron est un président "très communicant: il va au devant des polémiques, ce n'est pas un président au-dessus de la mêlée, donc il s'expose. Les Français d'ailleurs l'aiment pour ça, c'est un président de la République qui se bat".
Edouard Philippe a lui "une posture de sagesse, appréciée par l'opinion", fait valoir Denys Pouillard. "Il joue son rôle de Premier ministre et révèle son côté modérateur".
Le Premier ministre Edouard Philippe à la sortie de l'Elysée, le 24 octobre 2018 à Paris
AFP
"Ce n'est pas forcément rassurant car cela peut revenir à user de la langue de bois", note le politologue, mais Edouard Philippe a l'avantage d'apparaître en homme qui "maîtrise ses mots, ce que l'opinion attend quand il y a un excès de langage", en l'occurrence de la part du chef de l'Etat qui a multiplié les sorties provocatrices, des "Gaulois réfractaires" aux prestations sociales qui coûtent "un pognon de dingue".
Comment tenir avec une popularité aussi basse ? "Il faudrait infléchir la politique menée jusqu'ici en envoyant des signaux qui ne soient pas de l'ordre du symbole", juge Mme Zulfikarpasic, en estimant que les négociations sur l'assurance chômage ou la réforme des retraites peuvent constituer une "opportunité".
Autre occasion, les élections européennes pourraient permettre de rebondir à un président qui se présente comme le chef de file du camp des "progressistes" face aux "nationalistes".
Mais si les premiers sondages placent La République en marche en tête des intentions de vote, elle est au coude à coude avec le Rassemblement national de Marine Le Pen.
Au Sénat, la droite et une partie de la gauche tombent d’accord sur une chose : la procédure parlementaire permettra à la droite et le centre d’enterrer la suspension de la réforme des retraites. Un fait qui inspire de la sérénité à Claude Malhuret (Horizon) sur la possibilité de réécrire la copie de Sébastien Lecornu, et pousse au contraire Cécile Cukierman (PCF) à enjoindre les députés de gauche à le prendre en compte dans leur vote de la censure ce jeudi.
Avec le non-recours au 49.3, les socialistes ont été entendus par Sébastien Lecornu. Mais ils sont désormais contraints à voter le budget de la Sécurité sociale pour valider la suspension de la réforme des retraites. Un véhicule législatif confirmé par le Premier ministre, ce mercredi. Sans cette arme du parlementarisme rationalisé, les budgets de la Sécurité sociale comme celui de l’Etat seront également amendés par la droite. Ce qui pourrait amener à des copies finales difficiles à assumer pour les socialistes.
Le Premier ministre s'est exprimé devant les sénateurs pour sa déclaration de politique générale. Suspension de la réforme des retraites, décentralisation, budget...Le discours de Sébastien Lecornu était différent de celui prononcé à l'Assemblée la veille. Si l'ambiance était plus calme qu'au Palais Bourbon, l'accueil des sénateurs n'en était pas pour autant très enthousiaste.
« Le scénario économique pour l’année 2026 repose sur une hypothèse optimiste », affirme devant le Sénat Pierre Moscovici, président du Haut conseil des finances publiques. Il doute de la capacité du gouvernement à atteindre ses objectifs, avec un budget dont la copie finale est très incertaine. Seule « bonne nouvelle » : « Un début d’amélioration de nos finances publiques » en 2025, après « le bug majeur de 2024 ».