Emploi : retrouvez les principales propositions des candidats à la présidentielle

Emploi : retrouvez les principales propositions des candidats à la présidentielle

Hausse des salaires, revalorisation du Smic, baisse ou augmentation du temps de travail, âge légal de départ à la retraite… Public Sénat détaille les mesures phares des 12 candidats à l’élection présidentielle en matière d’emploi.
Romain David

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Si le pouvoir d’achat s’impose depuis quelques semaines comme la thématique principale de cette campagne présidentielle – 7 Français sur 10 déclarent avoir des difficultés à finir le mois, selon une étude publiée par l’Ifop le 21 mars –, il sous-tend aussi la question du travail et de la rémunération. Avec la présentation du projet présidentiel d’Emmanuel Macron, jeudi 17 mars, les propositions des douze candidats qualifiés pour la course à l’Elysée sont désormais connues. La majorité d’entre eux se prononce pour une revalorisation des rémunérations, à travers des négociations avec les partenaires sociaux ou en jouant sur les cotisations patronales et salariales. L’âge légal de départ à la retraite, en revanche, reste un point de fracture, entre la volonté d’un retour à 60 ans, le maintien à 62 ans ou un allongement jusqu’à 65 ans. Public Sénat passe au crible les principales mesures des uns et des autres :

Nathalie Arthaud : une hausse généralisée des salaires, des pensions de retraite et des allocations

La candidate de Lutte ouvrière propose une hausse globale des rémunérations : « Aucun salaire, aucune pension de retraite, aucune allocation en dessous de 2 000 euros », peut-on lire dans son programme. Les salaires seront ensuite indexés sur l’inflation.

Nathalie Arthaud estime qu’une baisse du temps de travail hebdomadaire permettra de réduire le chômage, mais elle ne donne pas de chiffre. Elle plaide pour le retour de la retraite à 60 ans et veut interdire les licenciements.

Philippe Poutou : une retraite à 55 ans pour les métiers les plus pénibles

Le candidat du Nouveau parti anticapitaliste veut instaurer la semaine de 4 jours, avec 32 heures de travail hebdomadaire, et à terme 28 heures. Il propose une sixième semaine de congés payés. Il souhaite augmenter de 400 euros l’ensemble des salaires et fixer à 1 800 euros le revenu minimal.

Il souhaite l’ouverture de 300 000 emplois supplémentaires dans la Santé, et 100 000 dans l’Education.

Comme Nathalie Arthaud, Philippe Poutou entend interdire les licenciements, et ramener la retraite à 60 ans, et « 55 ans pour les travaux pénibles ». Il chiffre le coût de cette réforme à 60 milliards d’euros.

Fabien Roussel : faire table rase des réformes de François Hollande et Emmanuel Macron

Le député communiste du Nord mise sur le plein-emploi et propose « une révolution du travail » en mettant fin à la loi El Khomri adoptée sous François Hollande, aux ordonnances Travail d’Emmanuel Macron, ainsi qu’à la réforme de l’assurance chômage. Une nouvelle loi sur « la sécurité d’emploi » mettra fin à l’utilisation abusive des contrats courts.

Il souhaite l’instauration de la semaine des 32 heures et le retour de la retraite à 60 ans à taux plein. Il propose une augmentation de 30 % des salaires de la fonction publique et veut fixer le Smic à 1 500 euros net par mois. En ce qui concerne le privé, des négociations entre l’Etat et les partenaires sociaux devront aboutir à une revalorisation générale des grilles salariales.

Fabien Roussel promet une égalité salariale femme-homme effective d’ici six mois dans la fonction publique, et d’ici un an dans le secteur privé.

Jean-Luc Mélenchon : réduire le temps de travail pour arriver à la semaine de 4 jours

Le leader de la France insoumise, qui revendique aussi une société du plein-emploi, souhaite instaurer une « garantie d’emploi » qui permettra à tout chômeur de se voir proposer un poste au Smic « dans un secteur utile ». Il souhaite sécuriser la durée du temps de travail à 35 heures grâce à une majoration des heures supplémentaires, mais veut passer aux 32 heures « dans les métiers pénibles ou de nuit ».

La convocation d’une conférence nationale sera chargée de plancher, à terme, sur le passage à la semaine des quatre jours. Elle doit être un outil de création d’emplois, tout comme le lancement de grands chantiers nationaux : dépollution des façades maritimes, rénovation du réseau d’assainissement, réouverture des petites lignes ou encore, la restauration des ouvrages d’art.

Comme Fabien Roussel, Jean-Luc Mélenchon veut abroger les dernières réformes du travail, celle de l’assurance chômage, et ramener l’âge légal de départ à la retraite à 60 ans. Il veut porter « immédiatement » le Smic à 1 400 euros et rattraper le gel du point d’indice des fonctionnaires. Les contrats précaires seront titularisés dans la fonction publique et soumis à des seuils dans le privé. Autre promesse du député des Bouches-du-Rhône : une sixième semaine de congés payés.

Yannick Jadot : travailler moins à des moments choisis de sa vie professionnelle

Yannick Jadot promet une augmentation immédiate de 10 % du Smic, pour le porter d’ici la fin de son mandat à 1 500 euros net. Une fois élu, il entend lancer une conférence nationale pour renégocier les grilles salariales par branche. Il ne touche pas à l’âge de départ à la retraite, mais souhaite que « toutes celles et ceux qui ont exercé des métiers pénibles puissent partir plus tôt ». Il se dit favorable à une réduction du temps de travail, dont les modalités seront déterminées par « une négociation interprofessionnelle ». Le programme de l’écologiste n’évoque pas directement la durée hebdomadaire du temps de travail, mais entend plutôt jouer sur les congés sabbatiques et parentaux, ou encore faciliter le passage à temps partiel.

Yannick Jadot veut augmenter la présence des salariés dans les instances décisionnaires des entreprises à 50 %. Il souhaite que le burn-out et la dépression soient reconnus comme des maladies professionnelles.

Anne Hidalgo : limiter les écarts de salaires dans les entreprises

Anne Hidalgo souhaite augmenter le Smic de 15 %. Une conférence sur les salaires sera lancée avec les organisations patronales et syndicales. Elle veut également limiter de 1 à 20 l’écart entre le plus bas et le plus haut salaire dans une entreprise. Comme les autres candidats de gauche, la socialiste se prononce pour une réduction du temps de travail hebdomadaire, « sans modifier la durée légale », mais en poussant les entreprises à enclencher une réduction.

Elle veut mettre fin à la réforme de l’assurance chômage et renforcer l’accompagnement des bénéficiaires, « pour que le temps de chômage devienne réellement un temps d’activité au service du projet professionnel ». Anne Hidalgo ne souhaite pas toucher à l’âge de départ à la retraite. Comme Yannick Jadot, elle demande que le burn-out devienne une maladie professionnelle.

Emmanuel Macron : un système d’assurance chômage dont les règles s’adaptent au marché de l’emploi

Lors de la présentation de son programme, la semaine dernière, le président candidat a indiqué vouloir atteindre le plein-emploi lors d’un second quinquennat. La mesure phare de son programme reste l’extension de la durée légale du travail, avec un âge de départ à la retraite progressivement relevé de 62 à 65 ans. L’actuel locataire de l’Elysée a toutefois indiqué vouloir prendre en compte dans sa réforme les carrières longues et les situations de pénibilité. Comme en 2017, il se prononce toujours en faveur de la suppression des principaux régimes spéciaux pour les nouveaux entrants.

Instaurée après la crise des Gilets Jaunes, la prime Macron, actuellement plafonnée à 1 000 euros, sera triplée. Elle restera exonérée de charges et d’impôts.

Emmanuel Macron souhaite poursuivre la réforme de l’assurance chômage entamée à la fin de son quinquennat. Son site de campagne évoque un système flexible avec « une assurance chômage plus stricte quand trop d’emplois sont non pourvus, plus généreuse quand le chômage est élevé. » Par ailleurs, Pôle emploi laissera la place à une structure baptisée « France Travail », et rassemblant sous une même bannière les différents acteurs de l’insertion professionnelle, à la fois institutionnels (Etat et collectivité) et associatifs (missions locales). Enfin, il veut conditionner le versement du RSA à 15 ou 20 heures d’activités hebdomadaires.

Valérie Pécresse : mettre fin aux 35 heures

La candidate des Républicains a fait du travail l’un des piliers de son projet présidentiel, liant ses principales mesures dans ce domaine à « un choc de pouvoir d’achat ». Valérie Pécresse souhaite augmenter de 10 % sur 5 ans les salaires net inférieurs à 2 800 euros par mois, dans la limite de 2,2 Smic. L’ancienne ministre du Budget de Nicolas Sarkozy table sur une réduction des cotisations vieillesse et des charges aux entreprises pour y parvenir. Elle souhaite défiscaliser les heures supplémentaires, une mesure déjà portée par Nicolas Sarkozy, et mettre fin aux 35 heures. La durée du temps de travail sera négociée par branche.

Les jeunes qui acceptent de se former dans les secteurs en mal de recrues pourront toucher un « revenu jeune actif » de 670 euros par mois.

Comme Emmanuel Macron, elle propose un report de l’âge l’égal du départ à la retraite à 65 ans d’ici 2030. Valérie Pécresse souhaite également soumettre le RSA à 15 heures d’activités hebdomadaires.

Marine Le Pen : une retraite à 60 ans, mais pas pour tous

Le travail apparaît comme l’un des parents pauvres des « 22 mesures pour 2022 » mises en avant par la candidate sur son site de campagne, avec essentiellement deux propositions : exonérer les entreprises de cotisations patronales pour les pousser à augmenter les salaires de 10 %, dans la limite de 3 Smic, et conditionner les subventions aux entreprises « à la création d’emplois au titre d’une politique d’aménagement du territoire. »

Notons le revirement opéré en février par Marine Le Pen sur les retraites, alors que le Rassemblement national a longtemps défendu un retour à l’âge légal de départ à 60 ans. Dans le programme mis en ligne sur le site de la candidate, il n’est plus question de cet âge mais de « permettre à ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans, pendant 40 annuités, de prendre leur retraite à 60 ans. » Ce qui implique, pour ceux rentrés plus tardivement dans le monde du travail, un départ à la retraite au-delà de cette limite.

Nicolas Dupont-Aignan : des mesures pour accompagner les chômeurs longue durée

En réduisant les charges salariales, le fondateur de Debout la France table sur une augmentation de 8 % des salaires, dans la limite de 3 Smic.

Jeunes et chômeurs longue durée pourront également se voir proposer un « contrat de travail universel », soit un mi-temps au service des collectivités territoriales moyennant une « allocation de réinsertion », dont le candidat ne détaille pas le montant. Par ailleurs, les entreprises qui recrutent en CDI un chômeur longue durée seront exonérées pendant cinq ans de charges patronales. Comme Emmanuel Macron et Valérie Pécresse, Nicolas Dupont-Aignan souhaite lier le RSA à une activité ; les bénéficiaires se verront ainsi imposer une journée hebdomadaire de mission d’intérêt général.

Le député de l’Essonne espère parvenir à l’égalité salariale femme-homme en cinq ans, avec un système d’allègement des charges pour les entreprises bonnes élèves, et la mise en place d’un malus pour les autres.

Jean Lassalle : les petites et moyennes entreprises d’abord !

Les mesures du Landais autour du travail et de l’emploi se concentrent principalement sur les petites et moyennes entreprises. Il propose ainsi une exonération de charges à l’embauche des deux premiers salariés, ou encore de leur accorder la priorité dans les appels d’offres lancés par les collectivités locales.

Jean Lassalle souhaite rehausser le Smic à 1 400 euros net. Il indique vouloir revaloriser le salaire des enseignants, sans donner de montant.

Éric Zemmour : une attention particulière sur les apprentis

Le candidat entend pénaliser les délocalisations d’emplois de service et lutter « contre le dumping social provoqué par l’actuelle directive européenne sur les travailleurs détachés ». Toutefois, son programme ne détaille pas les mesures qu’il compte mettre en place pour y parvenir.

Éric Zemmour propose d’exonérer pendant deux ans de cotisations patronales les entreprises de moins de 11 salariés qui embauchent deux CDI. Les entreprises qui cdisent leurs apprentis bénéficieront également d’une exonération des cotisations patronales et salariales. Globalement, la plupart des propositions sur le travail portées par le polémiste concernent les apprentis : il veut leur accorder un niveau de rémunération équivalent au Smic, et entend « revaloriser les métiers manuels » avec la mise en place de Campus Régionaux de la Formation Professionnelle, qui proposeront des parcours adaptés aux besoins des entreprises locales.

Le leader de Reconquête souhaite porter à 64 ans, d’ici 2030, l’âge légal de départ à la retraite, à raison d’un trimestre par an à compter de 2023. Il prévoit toutefois « des aménagements pour les carrières longues ou pénibles ».

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