En Corse, Philippe place « l’exigence du concret » au-dessus des querelles politiques
"L'exigence du concret" avant tout: pour sa première visite en Corse, Edouard Philippe a mis en avant les politiques "sur-mesure" pour l'île,...

En Corse, Philippe place « l’exigence du concret » au-dessus des querelles politiques

"L'exigence du concret" avant tout: pour sa première visite en Corse, Edouard Philippe a mis en avant les politiques "sur-mesure" pour l'île,...
Public Sénat

Par Jérémy MAROT

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

"L'exigence du concret" avant tout: pour sa première visite en Corse, Edouard Philippe a mis en avant les politiques "sur-mesure" pour l'île, malgré les avertissements lancés par les élus nationalistes, soucieux de ne pas occulter les "questions politiques".

"Nos concitoyens n'attendent pas des déclarations, ils attendent des actes", a estimé le Premier ministre à son arrivée à Bastia.

"La question corse n'est pas seulement une question économique, sociale, culturelle ou sociétale. Elle est aussi et fondamentalement une question politique", l'a prévenu quelques minutes plus tôt dans une allocution le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni.

"Ne pas prendre en compte cette dimension c'est une forme de déni de démocratie et c'est prendre le risque de l'échec pour la Corse, pour la République, pour ceux qui vivent ici et qui y vivront demain", a poursuivi le leader autonomiste, à la tête de la Collectivité de l'île, au sein d'une coalition nationaliste, depuis décembre 2017.

Le Premier ministre Edouard Philippe (g) et le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, le 3 juillet 2019 à Bastia, en Corse
Le Premier ministre Edouard Philippe (g) et le président du Conseil exécutif de Corse Gilles Simeoni, le 3 juillet 2019 à Bastia, en Corse
AFP

Après 18 mois de chaud-froid entre l'Etat et l'exécutif local, c'est évidemment la rencontre entre le Premier ministre d'un côté, M. Simeoni et le président de l'Assemblée de Corse Jean-Guy Talamoni, qui ont cristallisé l'attention de ce premier déplacement du chef du gouvernement.

L'entretien d'une heure a surtout permis de constater les désaccords sur tous les points que les nationalistes qualifient de "revendications fondamentales": co-officialité de la langue corse, création d'un statut de résident, rapprochement des prisonniers corses, inscription de la Corse dans la Constitution, et plus généralement une autonomie accrue.

Reconnaissant qu'il n'y avait pas eu "d'avancées" à proprement parler, M. Simeoni a poursuivi: "Le Premier ministre et les ministres qui l'accompagnaient ont écouté nos demandes, notre démonstration. (...) Nous n'attendions pas forcément de réponse immédiate aujourd'hui. Ce que nous attendons (...), c'est une modification profonde du cap pris par le gouvernement et l'Etat en Corse, nous espérons que cela sera le cas dans les jours et dans les semaines à venir".

Pour M. Philippe, qui ne manque pas de rappeler que la Corse est "une des collectivités les plus décentralisées de la République", l'île aura "toute la place qui lui revient" dans le futur projet de loi "décentralisation et différenciation" que la ministre Jacqueline Gourault élabore pour le premier semestre 2020. Et si la révision constitutionnelle finissait par être examinée et adoptée, une mention de la Corse figurerait bien dans la loi fondamentale, a-t-il assuré.

Il a aussi appelé à faire "un point d'étape", peut-être au Parlement, 18 mois après la création de la collectivité unique de Corse.

- "Pragmatisme" -

L'objectif est autant d'inaugurer "une nouvelle méthode de discussion", en ligne avec l'acte 2 du quinquennat appelé par Emmanuel Macron, que de marteler que "le dialogue n'est pas une fin en soi".

Ce pragmatisme s'est exprimé par l'annonce mercredi de la création d'ici un an d'un nouveau plan d'investissements pour l'île (PTIC), destiné à prendre le relais du Plan exceptionnel d'investissement (PEI), en vigueur depuis 2002 et qui a permis d'engager près de 2 milliards d'euros.

Le PTIC "devra contribuer au développement durable de la Corse et répondre aux besoins prioritaires de ses habitants", a plaidé le Premier ministre, en précisant que l'Etat maintiendrait "l'engagement financier équivalent à celui du PEI sur une nouvelle période de cinq ans", sans préciser d'enveloppe.

Le Premier ministre, qui a rappelé qu'en Corse un habitant sur cinq vit sous le seuil de pauvreté, a détaillé la signature de plusieurs "contrats" ou "pactes" avec les différentes collectivités, dont un "plan régional d'investissement sur les compétences" de 81 millions d'euros pour 2019-2022, abondé à hauteur de 28,5 millions d'euros par l'Etat.

En fin d'après-midi à Ponte-Leccia, M. Philippe se penchait auprès des maires sur l'épineuse question de l'urbanisme. Emmanuel Macron avait promis de démêler l'écheveau alors que se superposent de nombreuses contraintes: application de la loi littoral, de la loi montagne, respect du Plan d'aménagement et de développement durable pour la Corse (Padduc) et notamment des espaces stratégiques agricoles (ESA) dont la cartographie a été récemment retoquée par la justice.

Partager cet article

Dans la même thématique

En Corse, Philippe place « l’exigence du concret » au-dessus des querelles politiques
3min

Politique

« C'est 50.000 euros de manque à gagner » : un an après les Jeux, ce para-sportif dénonce le départ de ses sponsors

Un an après, quel est l’héritage des Jeux olympiques et paralympiques ? Inclusion, transports, infrastructures, sponsors… pour Sofyane Mehiaoui, joueur de basket fauteuil qui a représenté la France, si l’accès à la nouvelle Adidas Arena porte de Clignancourt à Paris est un vrai bénéfice, le départ de ses sponsors révèle le manque d’engagement durable des marques auprès de parasportifs. Il témoigne dans l'émission Dialogue Citoyen, présenté par Quentin Calmet.

Le

En Corse, Philippe place « l’exigence du concret » au-dessus des querelles politiques
6min

Politique

Agences de l’État, qui veut gagner des milliards ? 

La ministre des Comptes publics propose de supprimer un tiers des agences de l'État pour faire deux à trois milliards d’économies. Seulement, pour en rayer de la liste, encore faudrait-il savoir combien il en existe…Une commission d'enquête sur les missions des agences de l’État s’est plongée dans cette grande nébuleuse administrative. ARS, France Travail, OFB, CNRS, ADEME, ANCT, des agences, il y en a pour tous et partout ! Mais “faire du ménage” dans ce paysage bureaucratique touffu rapportera-t-il vraiment les milliards annoncés par le gouvernement et tant espérés par la droite ? Immersion dans les coulisses de nos politiques publiques…

Le

President Emmanuel Macron Visits the 55th Paris Air Show at Le Bourget
7min

Politique

Budget 2026 : « Emmanuel Macron a une influence, mais ce n’est pas le Président qui tient la plume »

Le chef de l’Etat reçoit lundi plusieurs ministres pour parler du budget. « Il est normal qu’il y ait un échange eu égard à l’effort de réarmement qui est nécessaire », explique l’entourage d’Emmanuel Macron. « Il laisse le gouvernement décider », souligne le macroniste François Patriat, mais le Président rappelle aussi « les principes » auxquels il tient.

Le

Bruno Retailleau public meeting at Docks 40 in Lyon.
5min

Politique

Tribune de LR sur les énergies renouvelables : « La droite essaye de construire son discours sur l’écologie dans une réaffirmation du clivage gauche/ droite »

Après la publication d’une tribune sur le financement des énergies renouvelables, le parti de Bruno Retailleau s’est retrouvé sous le feu des critiques. Pourtant, en produisant un discours sur l’opposition aux normes écologiques, LR semble revitaliser le clivage entre la gauche et la droite.

Le