En Iran, après le déconfinement, les contaminations repartent à la hausse

En Iran, après le déconfinement, les contaminations repartent à la hausse

La commission des Affaires étrangères du Sénat a auditionné mardi 28 avril Pierre Razoux, directeur de recherche à l’Institut de recherche stratégique de l’École militaire. L’occasion de faire le point sur les conséquences de la pandémie de Covid-19 au Moyen Orient. Au cœur des préoccupations des sénateurs : l’Iran, gravement touché par la crise sanitaire.
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Par Flora Sauvage

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Alors que le nombre de contaminations au nouveau coronavirus repart à la hausse en Iran avec plus de 1 000 nouveaux cas en 24 heures, Christian Cambon, le président LR de la commission des Affaires étrangères du Sénat, cherche à savoir « dans quelle mesure la crise sanitaire a fragilisé le régime des mollahs ».

La République islamique, qui a connu ses premiers cas de contamination au virus sur son sol en février, est de loin le pays le plus touché par la pandémie avec 5 877 morts selon les autorités. Certains, en Iran comme à l’étranger, estiment que ce bilan est largement sous-estimé, évoquant quatre à cinq fois plus de morts.

« Les Chinois ont maintenu leurs liens économiques avec les Iraniens, ce qui a contribué à propager le virus »

Depuis le 11 avril, l’Iran a amorcé son déconfinement en plein ramadan, en autorisant la réouverture progressive des commerces et en levant les restrictions de circulation à l’intérieur du pays. À la question de Christian Cambon « pourquoi le virus s’est-il développé très rapidement en Iran ? », Pierre Razoux avance plusieurs explications. Avec l’embargo imposé à la République islamique, « les Chinois ont maintenu leurs liens économiques avec les Iraniens, ce qui a contribué à propager le virus » et la fête de Norouz a accéléré sa propagation.

« Un débat existe dorénavant en Iran sur la proximité avec la Chine », explique le spécialiste du Moyen Orient. Mais actuellement sous embargo, il est difficile pour l’Iran de faire autrement. « L’intérêt des Chinois est d’isoler toujours plus l’Iran, pour récolter ensuite les fruits mûrs que sont les marchés économiques, sans avoir à ne rien faire », affirme Pierre Razoux.

Téhéran reprend le dialogue avec des États de la région

Selon le chercheur, avec la crise sanitaire du Covid-19, l’Iran est « indubitablement fragilisé, sur la scène intérieure, mais Téhéran en ressort plus forte sur la scène régionale, car l’Iran a réussi à amorcer un dialogue avec d’autres États comme le Koweït par exemple ». Selon Pierre Razoux, la crise du Covid-19 crée les conditions d’une reprise « d’un dialogue discret entre l’Iran, l’Arabie Saoudite et Israël ».

Et le lancement, mercredi 22 avril, du satellite militaire Nour dans l’espace est « symbolique » pour le régime des mollahs. Mais Washington soupçonne Téhéran de vouloir renforcer ses compétences dans le domaine balistique par le biais de lancement de satellites. Craignant que les missiles balistiques soient armés de têtes nucléaires, le chef de la diplomatie américaine, Mike Pompéo, a annoncé sa volonté de renouveler l’embargo sur les armes.

Pour Pierre Razoux, la stratégie iranienne face aux États-Unis de Donald Trump est d’attendre le 3 novembre prochain, date de l’élection présidentielle américaine. Si Joe Biden, le candidat démocrate à la présidence l’emporte, Téhéran espère que les USA reviendront dans l’accord sur le nucléaire, tout en allégeant les sanctions.

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