En pleine affaire Fillon, Benoît Hamon joue la carte de la transparence
Réfutant toute réponse aux affaires, l’équipe du candidat socialiste a présenté ses propositions pour lutter contre les conflits d’intérêts et rendre la vie politique plus transparente sur le volet financier.

En pleine affaire Fillon, Benoît Hamon joue la carte de la transparence

Réfutant toute réponse aux affaires, l’équipe du candidat socialiste a présenté ses propositions pour lutter contre les conflits d’intérêts et rendre la vie politique plus transparente sur le volet financier.
Public Sénat

Par Guillaume Jacquot (Sujet vidéo : Cécile Sixou)

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Opération transparence pour Benoît Hamon. Le candidat socialiste à l’élection présidentielle a présenté ce jeudi sa ligne de conduite financière pour la campagne présidentielle et ses pistes pour renforcer la transparence de la vie politique en matière de revenus, de patrimoine ou encore de lutte contre les conflits d’intérêts. Une présentation qui sonne comme une réponse directe à ses adversaires : François Fillon, actuellement dans la tourmente à propos du travail d’assistante parlementaire de son épouse et de ses différentes activités de conseil, ou encore Emmanuel Macron, questionné sur le financement de sa campagne.

« C’est un thème très important pour Benoît Hamon, mais ce n’est pas un thème dirigé contre les uns les autres », insiste le député Régis Juanico devant la presse. Le trésorier de la campagne rappelle que ce thème est « depuis trente ans un fil rouge dans les campagnes politiques » et que « la question des affaires ne date pas d’il y a quelques semaines ou quelques mois ». Ne pas dénoncer les autres, mais formuler des propositions qui ne soient « pas des demi-mesures ». Le député de la Loire le résume avec cette formule : faire une « campagne positive ». « Il n’y a pas besoin d’appuyer plus sur la campagne de François Fillon », dit-il.

« On avait prévu de toute façon de présente des mesures pour renforcer la transparence » - Régis Juanico
00:57

Au total, l’équipe du vainqueur de la primaire de la Belle alliance populaire dévoile dix mesures censées « restaurer la confiance » envers les politiques, et qui pourraient former « le cœur d’un texte de loi » dans les débuts de la prochaine législature.

Révéler l’identité des grands donateurs

Sur le financement de la campagne, le candidat a réitéré l’une des propositions formulées durant le cadre des primaires. Il propose de rendre obligatoire pour chaque candidat la publication de la liste des personnes dont les dons sont supérieurs à 2500 euros. Dans un premier temps, le candidat laisse la possibilité à ses donateurs de rendre publique ou non leur identité sur ses formulaires. Dans la négative, les dons supérieurs à 2500 euros seraient tout simplement refusés. Regardez :

Grands donateurs : « S’il ne souhaite pas faire apparaître son identité, nous refuserons son don » - Régis Juanico
00:54

« Nos concitoyens veulent savoir quelles sont les personnes qui donnent à un candidat à l’élection présidentielle, et s’il y a un lien par rapport à des fonctions exercées par ces donateurs dans les groupes d’intérêts, ou les grands groupes industriels », appuie Régis Juanico. Dans cette optique, le candidat s’engagerait également à publier le nom des lobbyistes rencontrés durant la campagne.

« Que l’ensemble des candidats fasse de même »

Benoît Hamon plaide également pour que les déclarations de patrimoine des candidats puissent être rendues publiques sur le site de la Haute Autorité pour la Transparence de la Vie Publique (HATVP) « dès les premières publications de parrainages » au Conseil constitutionnel. Depuis 2013, celles-ci doivent être rendues publiques au moins quinze jours avant le premier tour. Benoît Hamon anticipe cette nouveauté en publiant sur son site sa déclaration mise à jour.

 « Ce que nous voulons, c’est que l’exemplarité que nous allons impliquer pour Benoît Hamon sur la transparence des dons par exemple, sur sa déclaration de patrimoine, l’ensemble des candidats s’en inspire et fasse de même »

Régis Juanico, trésorier de la campagne

Fin des collaborateurs parlementaires familiaux

Les réformes voulues par Benoît Hamon visent également sur de nombreux points les parlementaires. L’une entre en résonnance avec l’actualité : l’interdiction pour les députés et sénateurs de recruter un membre de leur famille comme collaborateur. Le programme prévoit également que les déclarations patrimoniales des parlementaires ne soient plus uniquement rendues publiques dans les préfectures mais mises en ligne sur le site de la HATVP.

Ces annonces seront-elles bien accueillies par tous les parlementaires ? L’équipe de campagne de Benoît Hamon veut y croire :

« Il faut que l’ensemble des députés, toutes sensibilités confondues, entende ce besoin de transparence qui est la condition du rétablissement d’une forme de confiance. »

Jérôme Guedj, porte-parole de Benoît Hamon

« Il faut que l’ensemble des députés entende ce besoin de transparence », déclare Jérôme Guedj
00:45

Contrôler davantage l’utilisation de l’IRFM

Le contrôle des parlementaires s’étend aussi plus loin : Benoît Hamon souhaite renforcer le contrôle sur l’utilisation des indemnités représentatives de frais de mandat (IRFM), allouées aux parlementaires pour l’exercice de leur mandat. Concrètement, il demande la publication d’un récapitulatif annuel par types de dépenses. En parallèle, il propose d’interdire le cumul d’un mandat parlementaire avec toute activité professionnelle de conseil.

Le programme prévoit également la condition d’un casier judiciaire vierge (de type bulletin 2) pour toute candidature à un mandat électif, une disposition prévue par la proposition de loi, votée à l’unanimité par l’Assemblée nationale en première lecture, et qui sera examinée au Sénat avant la fin de la législature.

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