En pré-campagne pour les européennes, Macron reçoit Merkel

En pré-campagne pour les européennes, Macron reçoit Merkel

Déjà en campagne pour les élections européennes dans plusieurs pays de l'UE, Emmanuel Macron retrouve vendredi à Marseille Angela Merkel pour...
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Déjà en campagne pour les élections européennes dans plusieurs pays de l'UE, Emmanuel Macron retrouve vendredi à Marseille Angela Merkel pour consolider son "arc progressiste" face aux nationalistes antimigrants qui progressent en Europe et jusqu'au coeur du gouvernement allemand.

Cette rencontre intervient au moment où la chancelière allemande, au pouvoir depuis 2005, est de nouveau fragilisée au sein de sa coalition, au terme d'une passe d'armes sur l'immigration jeudi avec son ministre de l'Intérieur, deux mois seulement après avoir évité l'éclatement de sa coalition sur ce sujet.

Horst Seehofer, président du très conservateur parti bavarois CSU, a affirmé que "la question migratoire est la mère de tous les problèmes" en Allemagne, disant comprendre les manifestations antimigrants de Chemnitz qui ont donné lieu à des échauffourées, faisant plusieurs blessés.

Des débordements qui "ne sont pas tolérables", a rétorqué la chancelière.

La question devrait figurer au menu de la rencontre entre le président français et Angela Merkel à Marseille, ville du sud de la France symbole des migrations.

Le président français a parachevé jeudi au Luxembourg une tournée européenne qui l'a conduit à rencontrer sept dirigeants en sept semaines, ponctuée de "consultations européennes" au parfum de meeting, comme jeudi au Luxembourg.

Emmanuel Macron en compagnie des Premier ministres belge Charles Michel, luxembourgeois Xavier Bettel, et néerlandais Mark Rutte, lors d'une conférence de presse au Luxembourg le 6 septembre 2018
Emmanuel Macron en compagnie des Premier ministres belge Charles Michel, luxembourgeois Xavier Bettel, et néerlandais Mark Rutte, lors d'une conférence de presse au Luxembourg le 6 septembre 2018
POOL/AFP

Dans ce pays foncièrement europhile, Emmanuel Macron a déjeuné jeudi avec les Premiers ministres Charles Michel (Belgique), Mark Rutte (Pays-Bas) et Xavier Bettel (Luxembourg) dans le petit château de Bourglinster.

Alignés derrière leur pupitre, les quatre hommes ont fait bloc pour défendre une Europe "progressiste" contre le "repli nationaliste", clivage que Paris veut mettre en avant pour les élections européennes de mai.

Ils ont décidé de proposer ensemble au Conseil européen du 20 septembre des solutions plus concrètes pour réduire l'arrivée de migrants, dossier qui alimente la montée de l’extrême droite, jusqu'à la Suède qui vote dimanche pour des élections législatives.

- "Plan Marshall" -

Leur idée phare est d'octroyer d'importantes aides financières aux pays africains d'origine ou de transit qui en échange, comme le font déjà Turquie et Libye, limiteraient le passage des migrants en Europe. Charles Michel a même parlé d'un "plan Marshall pour l'Afrique".

Globalement, Emmanuel Macron et ses alliés veulent une gestion coordonnée des migrants, laissant la porte ouverte aux réfugiés au nom du devoir d'asile, mais plus efficace pour renvoyer chez eux les migrants économiques, désormais partout refusés.

Décidés à fermer plus étroitement leurs frontières, l'Italie du ministre de l'Intérieur Matteo Salvini et la Hongrie du Premier ministre Viktor Orban, ont désigné le président français comme leur principal adversaire. Rôle qu'il a aussitôt endossé.

Pour convaincre sur la nécessité de renforcer l'Union européenne, avec Xavier Bettel, Emmanuel Macron s'est adressé jeudi après-midi à près de 2.000 personnes dans la Philharmonie de Luxembourg-ville.

Pendant une heure et demie, les deux hommes ont ardemment plaidé pour la construction européenne, répondant à de nombreuses critiques sur l'"Europe des marchés", l'environnement ou les relations avec l'Arabie saoudite, où une blogueuse risque la peine de mort.

"L'inefficacité tue à petit feu l'idée européenne", a reconnu Emmanuel Macron.

Les dirigeants du Benelux figurent parmi les alliés que le président français espère rassembler pour mener à bien ses ambitieux plans de réforme de l'UE, malgré leurs divergences sur les politiques économiques.

Depuis des mois, il sillonne le continent: Espagne et Portugal fin juillet, Danemark et Finlande fin août.

Outre les dirigeants, il veut aussi faire émerger un nouveau mouvement politique progressiste en Europe d'ici la fin de l'année, autour du parti En Marche, et comme en France, recomposer le paysage politique européen.

Emmanuel Macron compte sur une scission du Parti populaire européen (PPE), principal parti du parlement, qui regroupe des partis conservateurs allant des chrétiens-démocrates d'Angela Merkel au parti nationaliste de Viktor Orban, le Fidesz.

Mardi aura lieu au Parlement européen un débat sur les accusations de violation de l’état de droit en Hongrie, en présence du Premier ministre hongrois qui viendra plaider sa cause.

M. Macron a expliqué jeudi qu'il y attendait une heure de vérité, une "clarification" au sein du PPE, car selon lui "on ne peut à la fois être du côté de Merkel et d'Orban".

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le