« Engagement et proximité »: un texte contre le blues des maires
A cinq mois des élections municipales, le projet de loi "engagement et proximité" arrive mardi au Sénat, avec l'ambition de...

« Engagement et proximité »: un texte contre le blues des maires

A cinq mois des élections municipales, le projet de loi "engagement et proximité" arrive mardi au Sénat, avec l'ambition de...
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

A cinq mois des élections municipales, le projet de loi "engagement et proximité" arrive mardi au Sénat, avec l'ambition de replacer les maires "au cœur de l'action publique locale" et d'enrayer la crise des vocations.

Porté par le ministre chargé des Collectivités territoriales Sébastien Lecornu, le texte sera examiné en première lecture pendant deux semaines par la chambre des territoires, à majorité de droite, avant d'aller à l'Assemblée nationale, probablement dès novembre.

Baisse de dotations, "marche forcée" vers les grandes intercommunalités et aussi, dans une certaine mesure, défiance vis-à-vis du politique : les maires et plus généralement les 600.000 élus locaux, très majoritairement bénévoles, se sentent dépossédés, déclassés, impuissants.

Toujours "à portée d'engueulade", pour reprendre une expression chère au président du Sénat Gérard Larcher, les maires ont fait entendre leurs doléances pendant le grand débat national.

Le projet de loi ne promet pas le "grand soir", mais entend replacer les maires "au cœur de l'action publique locale".

Il se décompose en deux grands volets, dont l'un comporte plusieurs mesures pour simplifier le quotidien des élus et améliorer leur protection: revalorisation des indemnités des élus des petites communes, prise en charge des frais de garde des enfants lors des réunions, droit à la formation, assurance de protection juridique, renforcement des pouvoirs de police du maire...

Le second grand volet tend à assouplir les liens entre communes et intercommunalité, à gommer les points "irritants" des dernières réformes territoriales, en particulier la loi NOTRe, votée en 2015.

"Se relancer dans un grand ramdam du schéma intercommunal n'est souhaité par personne", "mais il faut permettre des corrections là où il y en a besoin", soutient Sébastien Lecornu.

Après les vives tensions entre l'exécutif et les élus locaux en début de quinquennat, les associations ont globalement accueilli favorablement le texte, même si leurs intérêts varient notamment selon la taille des communes.

- "Le maire au cœur du village" -

Les sénateurs sont eux en terrain de connaissance, le texte s'inspirant très largement de leurs propositions.

Ils ont néanmoins souhaité lui donner "plus d'ambition" en adoptant 136 amendements en commission.

"On remet le maire au cœur du village", résume la corapporteure centriste Françoise Gatel.

La commission a en particulier intégré des mesures du Plan d’action pour la sécurité des maires, présenté la semaine dernière par le président de la commission des Lois Philippe Bas (LR), comme le fait de faciliter la mutualisation des forces de police municipale entre communes.

En ce qui concerne la coopération intercommunale, les sénateurs ont renforcé les mesures d'assouplissement proposées par le gouvernement.

"L'interco n'est pas une tutelle, c'est un espace de coopération", souligne Mme Gatel.

"Il faut que le maire soit capable d'assumer ses responsabilités, parce que c'est lui qui est considéré comme responsable" par ses administrés, explique-t-elle encore.

"La commune est le point de départ, là où se tisse le lien social, là où se crée la proximité", plaide aussi le corapporteur LR Mathieu Darnaud.

Sur le sujet sensible de la revalorisation des indemnités des élus, les sénateurs approuvent l'idée, mais jugent "disproportionnée l’augmentation du plafond des indemnités des élus des communes de moins de 1.000 habitants".

Le gouvernement envisageait une indemnité d'un même montant pour les maires des petites communes de 1 à 3.500 habitants, soit environ 1.670 euros par mois (contre 660 euros actuellement pour celles de moins de 500 habitants).

Les sénateurs ont opté pour un dispositif gradué : +50% pour les maires et adjoints des communes de moins de 500 habitants et +30% dans les communes de 500 à 999 habitants. La revalorisation concernerait également les communes de 1.000 à 3.499 habitants (+20%).

Partager cet article

Dans la même thématique

Hong Kong Legislature To Vote On Bill Recognizing Same Sex Couples Overseas Registration
3min

Politique

L’Assemblée nationale vote la réhabilitation des personnes condamnées pour homosexualité

L’Assemblée nationale a adopté à l’unanimité, en deuxième lecture, une proposition de loi visant à réhabiliter les personnes condamnées pour homosexualité en France entre 1942 et 1982. Porté par le sénateur socialiste Hussein Bourgi, le texte entend réparer symboliquement des décennies de politiques discriminatoires. Mais la question de l’indemnisation continue de diviser députés et sénateurs et devra être tranchée en commission mixte paritaire.

Le

6min

Politique

Une « ordonnance négociée » pour faire passer le budget ? Un procédé « contraire aux principes parlementaires et démocratiques les plus élémentaires »

D’après des informations des Echos, Sébastien Lecornu plancherait sur la piste d’une « ordonnance négociée », pour faire passer le budget avant Noël, en cas d’une commission mixte paritaire conclusive en fin de semaine. Mais cette hypothèse n’enchante pas les constitutionnalistes, qui y voient le risque de mettre à mal le rôle de l’Assemblée nationale.

Le

CMP : comment la dissolution va modifier l’espace de compromis entre députés et sénateurs
2min

Politique

Budget : le groupe communiste boycotte la commission mixte paritaire

A la veille de la commission mixte paritaire (CMP) sur le budget, le groupe communiste de la chambre haute indique que le sénateur, Pascal Savoldelli n’y siégera pas en tant que membre suppléant. Le groupe dénonce notamment « un problème démocratique majeur » dans la composition de la CMP.

Le

« Engagement et proximité »: un texte contre le blues des maires
7min

Politique

Numérique : le Sénat adopte à l’unanimité un texte qui interdit l’accès des réseaux sociaux aux mineurs de moins de 13 ans

Alors qu’Emmanuel Macron a promis la semaine dernière d’interdire les réseaux sociaux aux mineurs de moins de « 15 ou 16 ans », le Sénat vient d’adopter à l’unanimité une proposition de loi portant la majorité numérique à 13 ans. Les mineurs de 13 ans à 16 ans devront recueillir l’autorisation parentale pour leur inscription sur un réseau social.

Le