Éric Piolle : les écologistes sont une force politique qui « crée un choc avec le système »

Éric Piolle : les écologistes sont une force politique qui « crée un choc avec le système »

Réélu en mars dernier à la mairie de Grenoble, Éric Piolle n’hésite pas à s’engager dans le débat national en s’exprimant sur des sujets tels que le déploiement de la 5G, la sécurité et plus globalement la politique mise en œuvre par le gouvernement d’Emmanuel Macron. Hélène Risser et l’équipe de Hashtag sont allées à sa rencontre pour parler de sa place auprès des autres élus écolos, de son ambition et de sa vision de la politique.
Public Sénat

Par Nils Buchsbaum

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Pendant six ans il a fait figure de précurseur, mais depuis les élections municipales de Mars dernier, le maire écologiste de Grenoble Éric Piolle a été rejoint par ceux de Bordeaux, Lyon, Tours, Besançon, Strasbourg ou Poitiers. Fort de cette expérience du pouvoir Éric Piolle, a joué un rôle auprès des nouveaux maires passés du militantisme à l’épreuve du pouvoir : « Nous sommes un collectif, pendant les élections on prenait des temps toutes les semaines, pour partager, échanger, sur les facteurs clés de victoire ». Un conseiller, mais pas un leader.

« Avant on était des utopistes romantiques, maintenant on est des Khmers verts »

Au cours de l’été, c’est donc Éric Piolle qui les a rassurés lorsque les premières polémiques sont apparues. Comme celle lancée par Pierre Hurmic, maire de Bordeaux lorsqu’il a pris la décision de ne plus installer de sapin de Noël sur une grande place bordelaise ou d’autres, comme celle déclenchée par l’élu lyonnais Grégory Doucet qui a critiqué vertement le Tour de France « machiste et polluant ».
 

« Metoo, les Gilets Jaunes, Black Lives Matters, ce ne sont pas des professionnels de la politique, ce ne sont pas des gens qui vivent dans des réseaux de pouvoir, de cumuls et qui arrivent avec une fraîcheur. Le système les rejette. Tout comme lors de l’élection des Verts »

S’il n’est pas directement concerné, ces polémiques peuvent parfois l’atteindre. Pour Véronique Reille-Soult, spécialiste en e réputation, même s’il n’en était pas responsable, ces polémiques et réactions ont « atteint par ricochet » le maire de Grenoble dans l’opinion.
Pas de quoi ébranler celui qui se dit « solidaire » avec les autres maires écologistes qui démarrent leur mandat. « On fait partie d’une famille politique, explique-t-il, on a une fraîcheur, elle a ses avantages et ses inconvénients. Mais ces polémiques sont l’écume d’une critique plus profonde. Avant quand nous n’avions pas le pouvoir nous étions pour certains, des utopiques romantiques, et maintenant on est des Khmers verts, des ayatollahs. On voit cette violence mais il faut accepter cela et avancer ». Une violence, pour l’élu, générée par un système politique ancien qui rejette ceux qui veulent le changer.
Des critiques qui rapprochent les élus écologistes des mouvances émergentes comme le mouvement des Gilets Jaunes, ou #Metoo : « Il y a de fait une nouvelle force politique qui dépasse l’écologie politique. On l’a vu avec les marches pour le climat, avec Metoo, avec les Gilets Jaunes, avec le mouvement Black Lives Matters. Et tout cela ce ne sont pas des professionnels de la politique, ce ne sont pas des gens qui vivent dans des réseaux de pouvoir, de cumuls et qui arrivent avec une fraîcheur. Le système les rejette. Tout comme lors de l’élection des Verts, cela crée un choc avec le système ».

Pour Éric Piolle accéder au pouvoir implique également de devoir changer de posture : « Les écologistes ont le sens de l’intérêt général, ils doivent maintenant être reconnus pour leur compétence, leur travail. Il s’agit de trouver comment changer le regard que l’on porte sur nous pour que nous ne soyons plus vus comme des cordes de rappel, lanceurs d’alerte ou des conseillers du prince. Exercer le pouvoir c’est se coltiner la réalité »

Un maire avec une ambition nationale ?

« Je suis bien conscient d’avoir aussi une voix nationale »

Un maire qui n’hésite pas à s’exprimer sur des sujets nationaux. Comme sur la sécurité dans les quartiers, comme à la fin du mois d’août 2020, après la diffusion d’une vidéo d’un homme armé d’un fusil-mitrailleur dans le quartier Mistral à Grenoble qui déclenche une vaste opération de police médiatisée avec le déplacement du ministre de l’intérieur en personne. S’il s’avère finalement que l’arme, utilisée pour un clip de rap est factice, l’événement entraîne une passe d’armes, bien réelle, entre l’élu écolo et Gérald Darmanin sur les moyens donnés aux forces de l’ordre.
Un échange qui en dit long sur la volonté de l’élu écologiste de ne pas se laisser enfermer dans une « posture angélique » sur les questions de sécurité et de revendiquer le soutien d’autres élus : « Pour moi Gérald Darmanin est le symbole du laxisme. Suite à cela, j’ai eu le soutien d’autres maires de tous bords politiques. Tout le monde était scandalisé et disait un ministre ne peut pas s’adresser comme cela à un élu de la république ».

« Pour moi Gérald Darmanin est le symbole du laxisme »

Affirmer un style et une méthode pour fédérer

Interrogé par Hélène Risser au sujet d’une possible candidature à la primaire écologiste pour l’élection présidentielle de 2022, Éric Piolle l’affirme : il n’est pas candidat, du moins pas pour le moment : « On a le temps, il y a d’autres échéances, comme les régionales. Partager un cap, partager une méthode, partager un style c’est ce que j’essaie d’impulser aujourd’hui pour fédérer cet arc humaniste dont je parle souvent ».

Retrouvez l’intégralité de l’émission Hashtag en replay ici

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