Europe : ce qu’il faut retenir du discours de Jean-Claude Juncker

Europe : ce qu’il faut retenir du discours de Jean-Claude Juncker

Une Europe unie, attractive et solidaire,  lors de son discours annuel sur l’État de l’Union Européenne, le président de la commission, Jean-Claude Juncker a fixé  sa feuille de route pour les 16 prochains mois dans un discours diffusé par Public Sénat.
Public Sénat

Par Simon Barbarit avec l'AFP

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« Larguons les amarres. Mettons les voiles. Et profitons des vents favorables » la conclusion de Jean-Claude Juncker, après plus d’une heure de discours, tranche avec la sinistrose de l’année dernière. Le Brexit est d’ailleurs à peine évoqué par le président de la Commission.« Le Brexit ce n'est pas le futur de l'Europe».

Jean-Claude Juncker: "le Brexit ce n'est pas le futur de l'Europe"
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« L'Europe a de nouveau le vent en poupe. Nous avons désormais une fenêtre d'opportunité mais celle-ci ne restera pas éternellement ouverte. Faisons le maximum pour saisir cette dynamique », a lancé le Luxembourgeois, devant les députés européens réunis à Strasbourg, dès l'introduction de son discours annuel sur l'état de l'Union.  À 16 mois de la fin de son mandat, qui s’achèvera à la fin de l’année 2019, l’ancien président de l’eurogroupe a fixé une feuille de route ambitieuse.

Un nouveau cadre de l'UE sur l'examen des investissements

Pour M. Junker, la construction d'une Europe « plus forte et plus unie » passe, d’abord,  par le renforcement de sa force de frappe commerciale. Les  accords avec l'Australie et la Nouvelle-Zélande à venir, devront se faire dans un « cadre » européen sur le contrôle des investissements étrangers afin de protéger les secteurs stratégiques. Une mesure qui répond notamment aux inquiétudes sur les acquisitions chinoises. « Nous proposons aujourd'hui un nouveau cadre de l'UE sur l'examen des investissements. Si une entreprise publique étrangère veut acquérir un port européen stratégique, une partie de notre infrastructure énergétique (...) ou une de nos sociétés dans le domaine des technologies de défense, cela ne peut se faire que dans la transparence à travers un examen approfondi et un débat », a plaidé M. Juncker.

« Une transparence accrue de nos processus décisionnels »

Face aux critiques autour des négociations du CETA et du TAFTA, Jean-Claude Juncker a promis « une transparence accrue de nos processus décisionnels ». « Le parlement européen aura le dernier mot. Ces membres doivent être tenus informés ». « Fini le manque de transparence, les rumeurs   et les procès d'intention dont la Commission ne cesse de faire l'objet » a-t-il martelé.

« Il ne peut y avoir de travailleurs de deuxième classe »

Jean-Claude Juncker: « Il ne peut y avoir de travailleurs de deuxième classe »
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Autre source d’euroscepticisme : les travailleurs détachés.  Le président de la commission a proposé la création d'une « autorité commune », afin de mettre un terme aux accusations récurrentes  de dumping social. « Dans une Union entre égaux, il ne peut y avoir (...) de travailleurs de deuxième classe. Ceux qui effectuent le même travail, au même endroit, doivent pouvoir obtenir le même salaire ».

Création d'un super ministre européen des Finances et de l'Économie

Jean-Claude Juncker plaide pour un super ministre européen des Finances et de l'Economie
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Souhaitant aller plus loin dans l’intégration, Jean-Claude Juncker s’est prononcé en faveur d'un super ministre européen des Finances et de l'Économie. « Il nous faut un ministre européen de l'Économie et des finances, qui encourage et accompagne les réformes structurelles dans nos États membres » (…) « Je ne voudrais pas que l'on crée un nouveau poste, je demande pour des raisons d'efficacité que le commissaire (européen) chargé de l'Économie et des Finances devienne ce ministre, idéalement vice-président de la Commission européenne,  et soit également le président de l'Eurogroupe » (qui regroupe les ministres des Finances des 19 pays ayant adopté la monnaie unique), a-t-il ajouté. Le président de la Commission européenne a aussi proposé mercredi de fusionner son poste avec celui de Donald Tusk, le président du Conseil européen, qui regroupe les 28 chefs d'État de l'Union européenne. « L’efficacité européenne gagnerait en force si nous pouvions fusionner les présidences de la Commission européenne et du Conseil européen ».

Turquie : l’appel de Juncker

Jean-Claude Juncker s'adresse à la Turquie: "Libérez nos journalistes "
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Quid de nouveaux états membres au sein de l’Union ? « Nous savons qu’il n’y aura pas de nouvelles adhésions (avant la fin de son mandat) car les conditions européennes ne peuvent pas être remplies. Mais l’Union européenne comptera, dans les années à  venir, plus de 27 États membres. Pour chaque pays candidats, il faut que l’état de droit, la justice  et les valeurs fondamentales soient respectées. Ce qui exclut pour l’instant une adhésion de la Turquie » a-t-il affirmé avant d’adresser « un appel aux responsables en Turquie ». « Libérez nos journalistes et pas seulement les nôtres, cessez d'insulter nos États membres, nos chefs d'État et de gouvernement en les traitant de fascistes et de nazis ».

Jean-Claude Junker écarte l’idée  d'une « Europe à deux vitesses »

Jean-Claude Junker a clairement écarté l’idée d’une « Europe à deux vitesses » pourtant défendue par Emmanuel Macron et qui impliquerait la mise en place  d’un budget de la zone euro, d’un poste de ministre de l’économie et des finances, sous le contrôle d’un parlement  « consultatif » de la zone euro (voir ses propositions). « Nous n’avons pas besoin d’un budget à part de la zone euro (…) L’idée d’un parlement de la zone euro ne me convainc guère. Le parlement de l’euro zone, c’est ce parlement européen. » a affirmé Jean-Claude Junker, prenant ainsi clairement le parti d’Angela Merkel.

Toutefois, le président de la Commission a repris une des propositions d’Emmanuel Macron : celle de l’organisation de conventions démocratiques en vue des prochaines élections européennes de 2019. Afin de précipiter « ce grand saut démocratique ». Jean-Claude Junker s’est prononcé en faveur de listes transnationales. « Je n’ignore pas que l’idée est contestée par plus que quelques-uns » a-t-il concédé.

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