Européennes: les communistes en appellent aux “orphelins de la gauche”

Européennes: les communistes en appellent aux “orphelins de la gauche”

La tête de liste Ian Brossat et le patron du PCF Fabien Roussel ont appelé à eux les "orphelins de la gauche" pour les Européennes dimanche,...
Public Sénat

Par Baptiste BECQUART

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La tête de liste Ian Brossat et le patron du PCF Fabien Roussel ont appelé à eux les "orphelins de la gauche" pour les Européennes dimanche, dans un meeting mardi à Denain (Nord), ancien "cœur ouvrier" foudroyé par le chômage.

Ian Brossat s'est révélé dans les médias, les meetings sont pleins et les militants mobilisés. Mais à quelques jours du scrutin, les sondages ne décrivent qu'un frémissement et le PCF reste en dessous des 5% nécessaires pour envoyer des élus au parlement de Strasbourg.

Alors pour grappiller des voix mardi, le PCF s'est tourné vers ses anciennes terres d'élection, le Nord et l'ancien bassin minier, avec un meeting dans la salle des fêtes construite par le géant de la sidérurgie Usinor au temps de sa splendeur, qui employait à Denain entre 12.000 et 15.000 salariés avant la fermeture de son usine au tournant des années 80, et que le chômage n'y explose jusqu'à 33% en 2016.

"Nous sommes ici sur une terre ouvrière, populaire, solidaire, qui depuis des années subit ces politiques d'austérité appliquées en France et en Europe, qui nous pourrissent la vie, que nous avons tant besoin de changer", a clamé Ian Brossat devant près de 900 personnes.

"Nous ne voulons pas de cette Europe qui tire par le bas, où on dit aux travailleurs français qu'il faut qu'ils se serrent la ceinture pour être au niveau des travailleurs polonais", a-t-il tonné, réclamant une "harmonisation fiscale par le haut, un Smic à 1.400 euros nets en France, et 60% du salaire médian en Europe."

Le secrétaire national du PCF Fabien Roussel a de son côté rendu hommage aux ouvriers qui luttent pour maintenir l'emploi d'usines menacées: "Ici il y a une fierté, une dignité ouvrière", à l'image des syndicalistes candidats sur la liste, Nacim Bardi (Ascoval) et Franck Saillot (Arjowiggins).

Fabien Roussel à Cherbourg-Cottleville dans la Manche le 8 février 2019
Fabien Roussel à Cherbourg-Cottleville dans la Manche le 8 février 2019
AFP/Archives

"En votant pour nous, vous donnerez de la force, non seulement au PCF, mais à tous ceux qui veulent reconstruire la gauche et ne veulent pas se limiter au duel entre Macron et Le Pen, à tous ceux qui considèrent qu'on peut vivre mieux pour peu qu'on soit prêt à partager", a dit Ian Brossat sous les acclamations. "Les orphelins de la gauche", a résumé Fabien Roussel.

- "Réhabituer à voter communiste" -

Après de longues années à "être coupés des travailleurs", "on s'adresse au cœur ouvrier" et "on veut redonner un visage à la classe ouvrière", explique à l'AFP Yannick Andrzejzak, conseiller municipal communiste à Denain.

Au cours d'un tractage devant une école à la mi-journée, lui et d'autres militants PCF s'étaient heurtés au défi de l'abstention des classes populaires, comme lorsqu'une mère de famille a prévenu qu'elle ne "voterait plus", déçue par la classe politique.

"On essaie de faire élire la première femme ouvrière au Parlement européen", Marie-Hélène Bourlard, ancienne ouvrière textile, vue dans "Merci patron" (2015) de François Ruffin et présente mardi soir, a répliqué Anne-Emmanuel Bonnard, secrétaire de la cellule de Denain.

Le PCF compte sur leur numéro 2 sur la liste davantage que sur Ian Brossat pour déjouer l'abstention des classes populaires. Seuls 36% des ouvriers et des employés comptent aller voter dimanche, selon une enquête Ipsos pour Le Monde publiée lundi.

Dans la compétition au sein d'une famille divisée, la liste du PCF peut aussi se targuer de chasser sur les terres de La France insoumise, leader en 2017 à gauche mais fragilisée, en dessous des 10% d'intentions de vote.

Dans la continuité du soutien au PCF du philosophe Henri Peña-Ruiz, proche de La France insoumise, le co-fondateur du Parti de gauche de Jean-Luc Mélenchon Marc Dolez est intervenu à la tribune mardi soir, faisant allusion au refus des Insoumis de se référer au terme "gauche" auprès des électeurs: "Dans un contexte de grande confusion politique et de populisme, (...) il n'y a pas de tâche plus urgente que de reconstruire une gauche digne de ce nom, avec des repères extrêmement clairs".

"On voit le cercle s'élargir à des électeurs de gauche en perdition et qui cherchent de l'espoir", veut croire M. Roussel auprès de l'AFP. Au-delà des Européennes, "on veut réhabituer les gens à voter communiste".

Dans la même thématique

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le

Operation Wuambushu a Mayotte : Demolition en cours d’un vaste bidonville – Operation Wuambushu in Mayotte: Ongoing demolition of a vast slum
8min

Politique

« Mayotte place nette » : « La première opération était de la communication et la deuxième sera de la communication », dénonce le sénateur Saïd Omar Oili

Le gouvernement a annoncé ce mardi 16 avril le lancement du dispositif « Mayotte place nette », un an après le maigre bilan de l’opération baptisée « Wuambushu ». Saïd Omar Oili, sénateur de Mayotte, regrette le manque de communication du gouvernement avec les élus du département et met en doute l’efficacité de ce « Wuambushu 2 ».

Le

Paris : Question time to the Prime Minister Gabriel Attal
6min

Politique

100 jours à Matignon : « La stratégie Attal n’a pas tenu toutes ses promesses », analyse Benjamin Morel

Le Premier ministre marquera jeudi le passage de ces cent premiers jours au poste de chef du gouvernement. Si Gabriel Attal devait donner un nouveau souffle au deuxième quinquennat d’Emmanuel Macron, sa stratégie n’est néanmoins pas payante car il « veut en faire trop sans s’investir fortement sur un sujet », selon Benjamin Morel, maître de conférences en droit public.

Le