Face à la « défiance », Philippe promet des « grands chantiers » post-grand débat
Après le grand débat, des "grands chantiers": Edouard Philippe a promis mardi devant l'Assemblée des réponses au "puissant besoin de...

Face à la « défiance », Philippe promet des « grands chantiers » post-grand débat

Après le grand débat, des "grands chantiers": Edouard Philippe a promis mardi devant l'Assemblée des réponses au "puissant besoin de...
Public Sénat

Par Marc PRÉEL, Anne Pascale REBOUL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après le grand débat, des "grands chantiers": Edouard Philippe a promis mardi devant l'Assemblée des réponses au "puissant besoin de transformation" exprimé et au "mur de défiance" séparant les Français de leurs élus. Sans convaincre les oppositions qui ont étrillé le gouvernement.

Après deux mois de consultation nationale en réponse à la crise des "gilets jaunes", les "décisions" qu'Emmanuel Macron doit annoncer dans les prochains jours seront "puissantes et concrètes", a lancé le chef du gouvernement dans un hémicycle presque comble, au lendemain de la synthèse des deux millions de contributions des Français.

La principale conclusion qu'il en tire est celle d'"un puissant besoin de transformation", de "nos outils, de nos institutions, de nos procédures, de nos faiblesses coupables dont notre dette publique est le témoin muet, rampant et menaçant".

Le grand débat a aussi montré qu'un "mur de défiance" sépare les Français de leurs représentants, élus, fonctionnaires, syndicalistes comme journalistes, a relevé Edouard Philippe, alors que des députés de droite lançaient des "Benalla".

Parmi les quelques nouveautés annoncées, il a déclaré vouloir "remettre des fonctionnaires sur le terrain", et s'est engagé à ce qu'il n'y ait pas de réduction de l'effort de défense, "au contraire".

C'est le président qui "fixera le cap et annoncera l’ouverture de grands chantiers", avec "les élus locaux", "les organisations syndicales et patronales" et encore "les associations", a tracé le Premier ministre, sous les applaudissements de la majorité. "Tout ça pour ça", a-t-on entendu fuser à gauche, alors que les oppositions attendaient des propositions concrètes.

Le chef de file des députés LR Christian Jacob a dressé un réquisitoire du début du quinquennat et jugé que le "contrat" liant Emmanuel Macron aux Français était "déchiré". Le pays aurait besoin d'une "nouvelle élection", a-t-il lancé dans une grande tension, face à des ministres stoïques.

- Surdité -

Patronne des députés PS, Valérie Rabault a jugé que "sortir de ce grand débat sans vision pour la France (...), en réduisant la pensée politique à des +punchline+ du type +tolérance fiscale zéro+" n'était "pas à la hauteur".

"A tous les carrefours, semaine après semaine, nous avons entendu: +Rends l'ISF d'abord+, +Macron démission+" (...) Mais vous n'entendez pas", a grincé l'Insoumis François Ruffin.

Edouard Philippe a été d'un "vide total", a asséné Marine Le Pen, dans les couloirs du Palais Bourbon. Pointant l'absence notamment du sujet immigration, la présidente du RN considère que les conclusions du gouvernement vont à "l'inverse de ce que les Français pensent".

Le cofondateur des "Gilets Jaunes Citoyens", Thierry-Paul Valette, qui présente une liste aux européennes, a demandé de son côté mardi à être reçu par Matignon pour remettre ses "propositions citoyennes", rappelant que le mouvement traduisait "un ras-le-bol général".

L'Assemblée nationale, le 9 avril 2019
L'Assemblée nationale, le 9 avril 2019
AFP

Les députés avaient livré la semaine dernière leurs contributions, montrant des convergences sur l’état du pays mais des positions irréconciliables sur les solutions à apporter.

Au passage, le Premier ministre a appelé mardi dans un sourire les députés à "méditer" l'exemple de "la remarquable capacité de nos concitoyens à s'écouter" dans le grand débat.

Et il a répliqué in fine que s'il revient à Emmanuel Macron d'annoncer les arbitrages, c'est dans "la logique des institutions de la Ve République".

Le locataire de Matignon se livrera mercredi au même exercice du débat au Sénat.

Lors de son intervention au Grand Palais lundi, il avait évoqué quatre grands axes de réformes, à commencer par une baisse plus rapide des impôts pour répondre à "une immense exaspération fiscale". Le ministre de l'Economie Bruno Le Maire veut que baisse "en priorité" l'impôt sur le revenu.

En matière d'environnement, avec la taxe carbone "nous nous sommes trompés sur la méthode, pas sur l’ambition", a défendu mardi le Premier ministre. "A nous de trouver le bon rythme, les bonnes normes, les bons mécanismes d’accompagnement et d’incitation."

En outre, "nous devons construire une démocratie plus délibérative", même si "rien ne remplacera la démocratie représentative", a-t-il pris soin de préciser, disant vouloir s'inspirer en la matière du grand débat.

Ses cinq garants se sont félicités mardi de ce "moment démocratique exceptionnel", prévenant toutefois que "ne sera réellement crédible qu'à la double condition qu'il soit bien suivi d'effets et que la richesse de ses résultats soit pleinement exploitée".

Partager cet article

Dans la même thématique

SIPA_01059366_000001
7min

Politique

Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : « Ce n’est pas la gauche contre la droite, mais un modèle démocratique contre un modèle illibéral »

Le paysage audiovisuel français est en train de se fracturer en deux blocs. L’animateur vedette, Pascal Praud a accusé la patronne de France Télévision, Delphine Ernotte de mettre « une cible » sur les journalistes sa chaîne, après que cette dernière a qualifié CNews de « chaîne d’extrême droite ». A moins de deux ans de l’élection présidentielle, l’Arcom, le gendarme de l’audiovisuel, subit une pression inédite. Son président, Martin Ajdari sera, auditionné dans quelques jours au Sénat.

Le

Face à la « défiance », Philippe promet des « grands chantiers » post-grand débat
5min

Politique

Mobilisation du 18 septembre : « Soit une politique de rupture est menée, soit on continue à mettre la pression »

A l’appel de l’intersyndicale, des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue partout en France pour protester contre le projet de budget pour 2026. Dans le cortège parisien, les manifestants, pas convaincus par la nomination de Sébastien Lecornu à Matignon, sont déterminés à maintenir la pression sur l’exécutif. Reportage.

Le

SIPA_01229633_000009
1min

Politique

Info Public Sénat. Bataille audiovisuel public/médias Bolloré : une délégation de sénateurs LR reçue à Radio France le 30 septembre

Alors que le ton se durcit entre les dirigeants de l’audiovisuel public et la chaîne CNews de Vincent Bolloré, qualifiée « d’extrême droite » par Delphine Ernotte, une délégation de sénateurs LR sera reçue par la patronne de Radio France Sibyle Veil le 30 septembre. Le 1er octobre, le président de l’Arcom, Martin Ajdari sera, lui, auditionné par la commission de la culture et de la communication de la chambre haute.

Le