Face aux affaires, la droite fait bloc autour de Fillon

Face aux affaires, la droite fait bloc autour de Fillon

En meeting à Paris, François Fillon a rassemblé plus de 10.000 personnes dans un climat assombri par les affaires. Sur le fond, le candidat de la droite cherche à arrondir les angles  en insistant sur des mesures en faveurs des plus modestes.
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François Fillon n’a pas le choix. Face aux polémiques, contre-attaquer. En meeting à Paris, porte de la Villette, le candidat de la droite et du centre a tenté de faire oublier la page noire des derniers jours : l’affaire Pénélope Fillon d’abord. Mais aussi de nouvelles révélations dans  Mediapart et le JDD, selon lesquelles François Fillon aurait perçu 21.000 euros issus de l’enveloppe destinée à payer les collaborateurs, lorsqu’il était sénateur de 2005 à 2007. Une affaire déjà connue, pour laquelle la justice a déjà mis en examen cinq personnes dont deux sénateurs. Mais le nom de François Fillon n’était jamais apparu jusque-là. L’enquête des juges porte néanmoins sur des faits postérieurs à 2009, ce qui exclut la période qui concernerait François Fillon.

Face au bruit des affaires, la droite a décidé de faire du bruit. Au sens propre. Les 13.000 puis 15.000 personnes annoncées – chiffre un peu gonflé ? – sont déchaînées. « Faites du bruit ! » encourage-t-on à la tribune. On chauffe la salle. François Fillon arrive enfin, accompagnée de sa compagne. Elle reçoit un bouquet. Les caméras se braquent sur le couple. Standing ovation pour « Pénélope ». Puis une seconde, quand le candidat prend la parole.

fillon meeting

Dès le début de son discours, François Fillon prend à bras le corps le « scandale ». Pour mieux défendre sa femme et lui déclarer… sa flamme. « A travers Pénélope on cherche à me casser », « je veux que nos adversaires nous entendent » lance-t-il face à une salle qui réagit au quart de tour. « Je viens de loin et on ne m’intimidera pas ». « Dès le début, Pénélope était à mes côtés, avec discrétion, avec dévouement. (…) Nous n’avons rien à cacher, notre seul compte est au Crédit Agricole de Sablé ». « Qu’on laisse ma femme en dehors. Devant 15.000 personnes, je veux dire à Pénélope que je l’aime » lance François Fillon… 

Le Maire : « François Fillon est le seul légitime, celui choisi par la droite et le centre. La question a été tranchée en novembre »

Alors qu’une petite musique commence à monter, celle d’un candidat de substitution, Les Républicains ont voulu montrer un visage uni. « Il fallait, mes amis, cette démonstration de force » dit François Fillon. Un peu avant, François Baroin, l’un des noms qui tourne pour le remplacer, dit tout le bien qu’il pense de son ami François. « La droite et le centre font bloc » explique l’entourage du candidat.

Alain Juppé, qui a rejeté plus ou moins clairement l’idée de remplacer François Fillon, est assis à deux places de lui. Le candidat est entouré de ses fidèles Bruno Retailleau et de Gérard Larcher, président du Sénat. Valérie Pecresse, qui avait soutenu Alain Juppé pendant la primaire, après avoir longtemps soutenu le Sarthois, est de retour en grâce. Elle prend la parole avant le candidat. Il ne manque que Nicolas Sarkozy. Mais l’image est là. Pour Bruno Le Maire, « François Fillon est le seul légitime, celui choisi par la droite et le centre. La question a été tranchée en novembre ».

Couleur plus sociale

Pour tourner la page de plusieurs semaines difficiles, François  Fillon a développé pendant un long discours d’une heure sa vision de la France. Il a surtout cherché à donner une couleur plus sociale à son programme, en se présentant en candidat du pouvoir d’achat. Notamment par des baisses de charges « qui pèsent sur le coup du travail et la feuille de paie. Le gain sera d’au moins 250 euros par an et de 500 euros pour les couples qui travaillent » explique-t-il. Les petites retraites inférieures à 1.000 euros seront elles revalorisées de 300 euros. Fin décembre, certains sarkozystes avaient demandé des mesures en faveur des classes moyennes. « Des soutiens disaient qu’il fallait parler aux classes populaires », « François Fillon les a entendus » reconnaît après le discours le directeur de campagne, Patrick Stefanini. Mais pour lui, « ce n’est pas une inflexion » mais « des précisions ». Le sénateur sarkozyste Roger Kartoutchi a moins de pudeur. « Certains l’accusaient d’être trop libéral. Il y a maintenant une inflexion socio-républicaine-séguiniste » se réjouit le sénateur.

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François  Fillon cherche à élargir son audience. Il s’adresse « aux abstentionnistes » et même « aux électeurs socialistes qui s’en mordent les doigts ». Il parle de nouveau du combat de l’abbé Pierre et propose « une loi de programmation pour la guerre contre la pauvreté », thème cher à Gérard Larcher. « Il faut aller à la rencontre de ceux à droite, au centre et à gauche, qui ne se sont pas intéressés à la primaire » explique le directeur de campagne.

Sur les sujets polémiques, comme la Sécu, il ne veut « pas moins de Sécurité sociale pour les Français », « mais plus de Sécurité sociale pour les Français ». Quand à la baisse de 500.000 du nombre d’agents de la fonction publique, il ne cite par le chiffre qui fâche, mais préfère évoquer une réduction de 8%.

REPLAY. François Fillon : « Je ne veux pas moins de sécurité sociale pour les Français »
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Si François Fillon veut arrondir les angles, il ne s’oublie pas pour autant : quotas d’immigration, retour des peines plancher, uniforme à l’école, protection des enfants en référence à l’adoption par les couples de même sexe, suppression des 35 heures dans le privé et passage progressif aux 39 heures dans le public, retraite à 65 ans, on retrouve ses propositions.

Sur le plan diplomatique, discussion avec la Russie bien sûr. Il se dit aussi pour « la fin de nos relations avec les Etats qui abritent les doctrinaires de l’islam radical ». Dans la version du discours distribuée à la presse, il parlait plutôt de « clarification de nos relations avec l’Arabie Saoudite et le Qatar ».

« Discours fondateur »

Quant aux attaques pour l’adversaire,  Mélenchon, Hamon et Le Pen ont droit à leur petit mot, mais c’est surtout Emmanuel Macron qui concentre les critiques. Il en fait ainsi son principal concurrent. « Emmanuel Macron, c’est le sortant, c’est le bilan de François Hollande » lance le candidat.

Après le discours, son directeur de campagne semble remonté comme une pendule. Il dit François Fillon « serein » face à l’affaire Pénélope. « Il a dit sa vérité,  il a dit la vérité au 20 heures », explique Patrick Stéfanini. Il ajoute : « Ce type d’accusation qui fleurit à trois mois de la présidentielle, faut pas nous prendre pour des naïfs… » Il  se réjouit de l’affluence du jour et souligne que seules « trois  régions ont été mobilisées, l’Ile de France, les Hauts de France et la Normandie ». Il ajoute : « La gauche plurielle, on va voir comment elle remplit les salles… » Il lâche les mots « discours fondateur ». Ou plutôt nouveau départ pour une campagne qui semble patiner ? Patrick Stéfanini n’a lui « jamais considéré qu’elle était stoppée ».

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