Face aux étudiants français, Zelensky considère que si l’Otan avait intégré l’Ukraine, « il n’y aurait pas eu de guerre »
Après être intervenu devant les parlementaires français le 23 mars, Volodymyr Zelensky s’est adressé par vidéo en direct de Kiev aux étudiants de Sciences Po Paris, de l’Institut National du Service Public (INSP), de l’Ecole Polytechnique, de l’Inalco et de l’université Panthéon-Sorbonne. Après son propos liminaire, le président ukrainien a répondu à plusieurs questions d’étudiants.

Face aux étudiants français, Zelensky considère que si l’Otan avait intégré l’Ukraine, « il n’y aurait pas eu de guerre »

Après être intervenu devant les parlementaires français le 23 mars, Volodymyr Zelensky s’est adressé par vidéo en direct de Kiev aux étudiants de Sciences Po Paris, de l’Institut National du Service Public (INSP), de l’Ecole Polytechnique, de l’Inalco et de l’université Panthéon-Sorbonne. Après son propos liminaire, le président ukrainien a répondu à plusieurs questions d’étudiants.
Public Sénat

Par Public Sénat

Temps de lecture :

5 min

Publié le

Mis à jour le

C’est la première fois que Volodymyr Zelensky s’adresse directement à la jeunesse européenne depuis le début de l’invasion russe en Ukraine, le 24 février. Lors de son intervention par visioconférence diffusée dans l’amphithéâtre Boutmy de Sciences Po Paris, le dirigeant ukrainien a profité de ce temps d’échanges pour rappeler la détermination de son peuple, « Nous croyons en notre victoire ! »

« Notre entrée ne fera que renforcer l’Union européenne »

Pour son premier grand discours depuis sa réélection, au Parlement européen à Strasbourg, Emmanuel Macron a douché les espoirs ukrainiens d’une intégration rapide à l’Union européenne. Selon le président français, la candidature de Kiev « prendrait plusieurs années, sans doute plusieurs décennies, sauf si nous décidions de baisser les standards de cette adhésion », avait-il expliqué. Le président français avait également suggéré un projet alternatif : « Une communauté politique européenne. »

Visiblement agacé par ces déclarations, Volodymyr Zelensky considère que les Etats membres et la commission ne peuvent pas tenir un double discours aux Ukrainiens. « On ne peut pas nous garder à distance nous prendre sans nous prendre dans l’UE. C’est comme un couple fiancé dont le mariage n’arrive jamais. […] Comme un invité sans chaise, c’est injuste », a-t-il souligné.

Ce désir d’adhésion doit exister des deux côtés de la table selon lui, à la fois de la part des Ukrainiens mais également des Etats membres de l’Union. « 'L’Ukraine mérite de poser sa candidature', n’est peut-être pas la bonne tournure de phrase pour justifier une candidature », reconnaît-il. « Cela fait belle lurette, que l’Ukraine a tout mérité. […] L’Ukraine ne fera que renforcer les autres Etats. Notre armée a démontré ses capacités, nos gens ont fait leurs preuves […], il s’agit d’une société qui mérite le respect. » « L’Ukraine veut bénéficier du même respect que les autres États membres, pas plus mais pas moins. »

Le refus de l’Otan d’intégrer Kiev, une erreur lourde de conséquences pour la paix selon Zelensky

Interrogé sur une possible extension de l’alliance atlantique sur le vieux continent, le président Zelensky estime que l’agression de Moscou en Ukraine a « poussé » la Finlande et la Suède à déposer une candidature auprès de l’OTAN. « C’est un choix motivé par l’invasion », explique le dirigeant politique. Concernant l’Ukraine, Volodymyr Zelensky regrette que son pays n’ait pas rejoint les rangs de l’alliance militaire avant le début des combats le 24 février : « L’erreur c’est que l’Otan n’ait pas trouvé une place à l’Ukraine avant la guerre. Je suis persuadé que si l’alliance avait intégré l’Ukraine, il n’y aurait pas eu de guerre. »

Le président est également revenu sur les « justifications » de la Russie pour envahir l’Ukraine. L’agrandissement de l’alliance atlantique vers l’Est est « l’une des raisons » invoquée. Selon lui, ce conflit militaire a des origines multifactorielles. « La Russie ne nous considère pas comme un Etat, ne nous considère pas comme un peuple, comme une nation. Elle veut garder la main sur notre pouls », souligne Volodymyr Zelensky. Pour conserver cette influence, la Russie aurait selon le président ukrainien infiltré les organes gouvernementaux, l’armée et le système politique national avant la guerre, « nous empêchant, de nous développer selon notre volonté. »

Comment construire une paix durable ?

Le retour à la paix en Ukraine ne pourrait se faire qu’avec « des garanties juridiques solides. » Le président ukrainien se désole que Moscou ait violé le mémorandum de Budapest signé le 5 décembre 1994, un accord signé notamment par Eltsine, les Etats-Unis et la Grande-Bretagne. Ce texte prévoyait « le respect et la souveraineté des frontières » de l’ex-république soviétique de la part des signataires en échange d’une dénucléarisation du pays et la signature de Kiev au traité sur la non-prolifération des armes nucléaires (TNP). « Vous savez que la guerre se terminera pour l’Ukraine quand on nous redonnera notre unité et nos territoires. […] Quand nous récupérerons tout ce qui nous appartient, nous finirons cette guerre », explique Volodymyr Zelensky. Pour le dirigeant ukrainien, les découvertes de charniers et de crimes de guerre amenuisent les possibilités de régler cette guerre par des moyens diplomatiques. « Nous sommes prêts à mener des négociations et des pourparlers pourvu qu’il ne soit pas trop tard. Avec chaque nouveau Boutcha, Marioupol et Irpin, le désir et la possibilité de négocier disparaissent. »

» Lire aussi : 5 новин для українських біженців у Франції / Les 5 infos du 9 mai 2022 pour les Ukrainiens réfugiés en France

 

Partager cet article

Dans la même thématique

Face aux étudiants français, Zelensky considère que si l’Otan avait intégré l’Ukraine, « il n’y aurait pas eu de guerre »
3min

Politique

Projet de loi anti-fraudes : « C’est un objet politique qui vise essentiellement à montrer du doigt la fraude sociale »

Invités sur le plateau de Parlement Hebdo, le sénateur Bernard Jomier (Place Publique) et le député Sylvain Berrios (Horizons) sont revenus sur le projet de loi pour lutter contre les fraudes fiscales et sociales, examiné par la Chambre haute depuis mercredi. La majorité rassemblant les élus de la droite et du centre au Sénat ont affermi le texte en commission, y ajoutant une batterie de mesures qui ne fait pas consensus.

Le

13-UNIS : la course en hommage aux 10 ans des attentats de novembre 2015
5min

Politique

Commémoration du 13 novembre : 10 ans après les attentats, la menace terroriste « s’accroît »

Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».

Le

France Paris Shooting
4min

Politique

Attentats du 13 novembre 2015 : dix ans après, comment les lois antiterroristes ont évolué ?

Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.

Le

Face aux étudiants français, Zelensky considère que si l’Otan avait intégré l’Ukraine, « il n’y aurait pas eu de guerre »
4min

Politique

Immigration : Laurent Nunez a « bon espoir que le plan 3 000 places de centres de rétention administrative aboutisse en 2029 »

A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.

Le