Le gouvernement a annoncé dimanche le lancement en septembre d'un "Grenelle des violences conjugales", sans convaincre les associations en...
Féminicides: un « Grenelle » à la rentrée mais les associations s’impatientent
Le gouvernement a annoncé dimanche le lancement en septembre d'un "Grenelle des violences conjugales", sans convaincre les associations en...
Par Benoît FAUCHET
Temps de lecture :
4 min
Publié le
Le gouvernement a annoncé dimanche le lancement en septembre d'un "Grenelle des violences conjugales", sans convaincre les associations en colère alors que la terrible liste des féminicides - 75 cette année selon un dernier décompte - s'allonge tous les deux jours ou presque.
A ce Grenelle s'ajouteront "une grande consultation citoyenne et une campagne" de communication "pour interpeller toute la société", a indiqué la secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes, Marlène Schiappa, dans un entretien au Journal du dimanche.
Au soir d'un rassemblement à Paris de féministes (2.000 selon les organisatrices, 1.200 d'après la police) réclamant des mesures immédiates, Emmanuel Macron a reconnu samedi que la République n'avait "pas su (...) protéger" les victimes de meurtres commis par des conjoints ou anciens compagnons, dans un message sur Facebook.
Le "Grenelle des violences conjugales", qui sera introduit par Edouard Philippe et réunira à Matignon ministres, administrations, associations et familles de victimes, s'ouvrira "le 3/9/19, en écho au numéro 3919", la ligne téléphonique consacrée aux femmes victimes de violences, relève Marlène Schiappa. Il doit permettre de "construire des mesures encore plus efficaces, au plus près du terrain".
L'annonce a suscité une réponse cinglante des féministes de #NousToutes: "une réunion dans deux mois et des résultats dans cinq (après l'adoption du budget de l'Etat). Le décalage entre la mobilisation inédite de la société contre les féminicides et les réponses apportées est flagrant", estime ce collectif dans un communiqué intitulé "Monsieur le président, les violences ne prennent pas de vacances".
"Des femmes sont en danger, en ce moment même", insiste #NousToutes après qu'une femme trentenaire a été retrouvée morte étranglée samedi à son domicile des Yvelines. Ce décès a été comptabilisé comme le 75e féminicide depuis le 1er janvier par la page Facebook qui les recense.
Si l'on prend en compte les couples officiels ou non (du mariage à la relation épisodique), 130 femmes sont mortes en 2017 en France, tuées par leur conjoint ou ex, contre 123 en 2016, selon les données du ministère de l'Intérieur.
La Fondation des femmes a vu dans l'annonce d'un Grenelle "un premier pas positif", mais a prévenu que les victimes avaient besoin "de mesures réelles et concrètes, avec des moyens financiers", pas d'une "nouvelle campagne de sensibilisation".
- "Pas assez vite" -
Marlène Schiappa prévoit de s'adresser jeudi "à l'ensemble des préfets" pour "les mobiliser".
"Dès la semaine prochaine, je recevrai de nouveau toutes les associations financées par l'État pour avancer. Ce processus se conclura le 25 novembre, pour la Journée contre les violences envers les femmes", précise-t-elle. A cette date, en 2017, Emmanuel Macron avait érigé l'égalité femmes-hommes en "grande cause du quinquennat".
La secrétaire d'Etat à l'Egalité femmes-hommes Marlène Schiappa à l'Assemblée nationale, le 26 juin 2019 à Paris
AFP/Archives
Depuis, "le gouvernement agit sans relâche", assure Marlène Schiappa, citant le lancement d'une plateforme de signalement, le "recrutement de 73 psychologues dans les commissariats", l'augmentation des moyens du 3919 "pour donner un objectif de réponse à 100%" des appels. Mais aussi l'attribution de "100. 000 euros en plus à une application, App-Elles", qui permet d'envoyer des messages d'appel à l'aide depuis son smartphone.
Au total, cette politique publique mobilise "530 millions" d'euros "cette année, un record", selon elle.
Pour autant, "il ne suffit pas de signer un chèque pour qu'il n'y ait plus de féminicides", prévient Marlène Schiappa. Elle prend l'exemple des "téléphones grave danger", remis pour six mois aux femmes menacées, mais qui pour la plupart "dorment dans un placard", "faute de décisions de justice".
La ministre de la Justice Nicole Belloubet à l'Assemblée nationale, le 18 juin 2019 à Paris
AFP/Archives
La garde des Sceaux, Nicole Belloubet, a reconnu sur BFMTV que l'Etat ne faisait "pas assez, et surtout pas assez vite", et rappelé avoir lancé une mission d'inspection pour détecter d'éventuelles défaillances dans les dossiers classés.
Et la ministre de la Justice de citer en exemple l'Espagne, érigée en modèle sur ce sujet. "Ils ont un système beaucoup plus fluide", avec "plus de 10.000" ordonnances de protection des victimes délivrées chaque année, contre 3.000 en France.
Au moment où vont s’engager les discussions avec le premier ministre, Marine Tondelier, patronne des Ecologistes, marque sa différence avec le PS, se prononçant déjà pour le départ de Sébastien Lecornu. « On a notre stratégie et le PS a la sienne », assume le sénateur écolo Thomas Dossus. Elle veut « être au centre de la gauche », entre LFI et le PS, mais « il ne faut pas faire de grand écart qui fasse mal aux adducteurs », met-on en garde au PS…
Pour illustrer « la rupture » promise lors de son entrée en fonction, Sébastien Lecornu a indiqué vouloir supprimer les derniers avantages « à vie » qui sont encore accordés aux anciens membres du gouvernement. Un amendement en ce sens avait été adopté en janvier dernier lors de l’examen du budget 2025. Il allait plus loin et visait aussi les avantages des anciens présidents de la République. François Bayrou n’y était pas favorable et la mesure n’avait pas survécu à la navette parlementaire.
Après avoir reçu les différents partis politiques du socle commun la semaine dernière, Sébastien Lecornu s’est entretenu ce lundi avec Sophie Binet. La secrétaire générale de la CGT lui a présenté ses exigences.
Sébastien Lecornu a annoncé sa volonté de mettre un terme aux derniers privilèges accordés à vie aux anciens Premiers ministres, dans le cadre d’un effort global de réduction de la dépense publique. Une mesure qui concernerait actuellement 17 anciens locataires de Matignon, alors que ces avantages restent relativement limités.
Le
Le direct
Best of - Audition de Fabrice Arfi et Frédéric Ploquin
Best of - Audition de Fabrice Arfi et Frédéric Ploquin