Feu vert définitif du Parlement au projet de réforme de la justice
Le Parlement a définitivement adopté dans la nuit de lundi à mardi, par un ultime vote de l'Assemblée, le projet de réforme de la...

Feu vert définitif du Parlement au projet de réforme de la justice

Le Parlement a définitivement adopté dans la nuit de lundi à mardi, par un ultime vote de l'Assemblée, le projet de réforme de la...
Public Sénat

Par Pierre ROCHICCIOLI, Charlotte HILL

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le Parlement a définitivement adopté dans la nuit de lundi à mardi, par un ultime vote de l'Assemblée, le projet de réforme de la justice, vanté par le gouvernement comme "équilibré", mais contesté par les oppositions et les professionnels de la justice.

Par 31 voix contre 11, avec les seuls suffrages des élus LREM et MoDem, les députés ont adopté peu avant 1H du matin la réforme vantée comme "ample et ambitieuse" par la ministre de la Justice Nicole Belloubet.

L'adoption du projet de loi organique, un texte technique qui lui est associé et nécessite une majorité absolue des suffrages se fera mercredi dans les salons de l'Assemblée.

Le socialistes notamment souhaitent la saisine du Conseil constitutionnel, ce qui pourrait retarder d'un mois la promulgation du texte.

Le projet de loi de 57 articles comprend une loi de programmation budgétaire qui planifie une augmentation progressive du budget de la justice de 24%, de 6,7 à 8,3 milliards d'euros sur cinq ans.

Parmi les autres mesures phares figurent l'instauration d'une nouvelle échelle des peines, la création d'un parquet antiterroriste et d'un nouveau tribunal criminel et une fusion administrative du tribunal d'instance (TI) et de grande instance (TGI).

La réforme simplifie également certaines procédures civiles comme celle du divorce, donne de nouveaux outils aux enquêteurs dans les procédures pénales et simplifie les démarches des victimes.

L'examen du texte, entamé en octobre au Sénat, a connu un parcours chaotique, avec des reports pour cause de crise des "gilets jaunes" et un coup de théâtre orchestré par le gouvernement lui-même.

La ministre de la Justice Nicole Belloubet a en effet fait voter par la majorité un amendement de dernière minute habilitant le gouvernement à réformer par ordonnance le texte fondateur de la justice des mineurs, l'ordonnance de 1945. L'opposition a dénoncé "un coup de force" et "un dessaisissement de la représentation nationale".

Lundi soir des élus d'opposition sont encore revenus à la charge contre cette mesure, Philippe Gosselin (LR) dénonçant avec "force" ce recours aux ordonnances qui avait "enflammé" les débats en première lecture et David Habib (PS) évoquant une "habilitation trop floue".

- Pas de "statu quo" -

Dans les rues, les tribunaux et jusque dans les tribunes de l'Assemblée nationale, des magistrats, avocats et greffiers ont manifesté contre la réforme, dénonçant un projet "néfaste" conduisant, selon eux, à une justice déshumanisée, plus éloignée du justiciable et moins contrôlée par les juges.

Ils avaient réclamé la suspension de son examen au Parlement, arguant notamment de la nécessité d'intégrer certains volets de la réforme au grand débat national en cours. Un argument repris par des parlementaires d'opposition.

"Je crois en la démocratie représentative et après des centaines d'heures de débats, il me semble difficile de rayer d'un trait de plume l'ensemble du travail parlementaire", leur avait répondu la ministre. Lundi elle a reconnu ne pas avoir "apaisé toutes les craintes" mais s'est refusée au "statu quo", mettant en avant la demande des justiciables d'une justice "plus lisible, plus rapide" et plus protectrice.

La garde des Sceaux a reçu le soutien du Premier ministre qui, dans une lettre à des élus locaux inquiets, a défendu un texte "profondément équilibré", dont l'unique objectif est "le service rendu au justiciable".

Tentant d'apaiser les craintes des professionnels sur une éventuelle refonte de la carte judiciaire, la ministre a martelé qu'il n'y aurait "aucune fermeture, aucune dévitalisation des juridictions existantes, aucune coquille vide".

Au fil des navettes, le texte n'a pas connu de profonds changements, l'Assemblée rétablissant l'essentiel des mesures détricotées par le Sénat, majoritairement à droite.

Certains amendements de la majorité à l'Assemblée ont atténué la portée de dispositions contestées par les professionnels, notamment sur la revalorisation des pensions alimentaires par les directeurs de CAF ou la nouvelle procédure d'injonction de payer, en renforçant le contrôle du juge.

Mais selon Christine Féral-Schuhl, présidente du Conseil national des Barreaux, "les principes que nous dénonçons sont toujours dans le texte et nous continuerons donc à les dénoncer".

Partager cet article

Dans la même thématique

Feu vert définitif du Parlement au projet de réforme de la justice
3min

Politique

« Ce sont des centaines de milliers de patients qui sont aujourd’hui en train de mourir », alerte ce médecin généraliste installé en Haute-Vienne

En France, neuf millions de personnes vivent dans un désert médical. L’augmentation de ce chiffre ne cesse d’inquiéter les professionnels de santé qui appellent le personnel politique à agir au plus vite, car derrière les statistiques se cache un véritable enjeu sanitaire. Raccourcir les parcours de formation des médecins ? Aller aux devants des patients avec des bus médicalisés ? Axel De Tarlé reçoit la sénatrice Corinne Imbert et le médecin généraliste Martial Jardel pour en débattre dans l’émission Et la Santé ça va ?.

Le

Feu vert définitif du Parlement au projet de réforme de la justice
2min

Politique

« On impose des rythmes de cadres à des enfants », constate Sylvain Chemin, membre de la Convention citoyenne sur les temps de l’enfant

Depuis septembre, près de 140 citoyens tirés au sort se réunissent plusieurs fois par mois au Conseil économique et social pour débattre des temps de l’enfant. Sylvain Chemin, responsable immobilier à Cherbourg-en-Cotentin et père d’une collégienne en classe de 6ème, a pris part aux travaux de cette nouvelle Convention. Son constat est clair et limpide, la réalité des collégiens et des lycéens est à rebours des mesures préconisées. Il témoigne au micro de Quentin Calmet dans l’émission Dialogue Citoyen.

Le

World News – October 14, 2025
10min

Politique

Suspension de la réforme des retraites : vers « un vote contre » des députés Renaissance, mais un soutien des sénateurs macronistes

La suspension de la réforme des retraites divise au sein de Renaissance. « Il y a deux écoles », entre ceux, plutôt issus de l’aile gauche, prêts à soutenir « le deal » entre Sébastien Lecornu et le PS, et les autres, notamment de l’aile droite, qui ne veulent pas se « dédire » et pour qui cette « concession énorme » reste au travers de la gorge…

Le

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement
5min

Politique

« Gérard Larcher n’était pas content » : crispation au Sénat sur le calendrier budgétaire proposé par le gouvernement

La définition des séances de travail sur le budget 2026 a froissé le président du Sénat, mardi, lors d’une réunion avec les présidents de commission et le gouvernement. Il estime que le Sénat ne peut pas prendre le relais des textes budgétaires dans de bonnes conditions. Une nouvelle conférence des présidents doit revenir sur la question la semaine prochaine.

Le