Fillon continue son « étrange » campagne et appelle à ne pas abdiquer
Isolé plus que jamais, François Fillon a défendu les grandes lignes de son projet samedi à Aubervilliers, avant un rassemblement décisif dimanche au Trocadero. « Tant qu’il estime qu’il est le meilleur, il restera » explique son entourage. Un comité politique des Républicains se réunit lundi « pour évaluer la situation ».

Fillon continue son « étrange » campagne et appelle à ne pas abdiquer

Isolé plus que jamais, François Fillon a défendu les grandes lignes de son projet samedi à Aubervilliers, avant un rassemblement décisif dimanche au Trocadero. « Tant qu’il estime qu’il est le meilleur, il restera » explique son entourage. Un comité politique des Républicains se réunit lundi « pour évaluer la situation ».
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Il continue, malgré tout. Comme si de rien n’était. A la veille d’un rassemblement de ses soutiens place du Trocadéro, à Paris, François Fillon a parlé de son projet, samedi, à Aubervilliers, en Seine-Saint-Denis. Dans un discours court d’une demi-heure, le candidat s’est concentré sur l’esprit et les valeurs de son programme, autour de la « liberté ». François Fillon a à peine évoqué la crise politique ubuesque dans laquelle il s’est enfoncé.

Salle à moitié vide

fillon militant
Photo : François Vignal

C’est un candidat isolé qui est apparu à la tribune. Peu de politiques ont fait le déplacement. Le fidèle Bruno Retailleau dénonce le « lynchage » de Fillon. Luc Chatel est là, tout comme Eric Ciotti ou Valérie Boyer. Après des défections en cascade chez les soutiens de Bruno Le Maire puis d’Alain Juppé, son directeur de campagne, Patrick Stefanini, a présenté sa démission à son tour vendredi. Un départ qui fait mal et dit beaucoup de l’état de déliquescence de la campagne. Patrick Stefanini accompagnait François Fillon depuis plus de trois ans. Il reste en fonction jusque demain. Présent dans la salle, à Aubervilliers, il justifie sa venue « par amitié ». En plein discours, on apprend que Les Républicains convoquent lundi, avec 24 heures d’avance, un comité politique « pour évaluer la situation ». Un élément de plus dans cette campagne surréaliste. « Le comité politique, il y a une douzaine de personnes. Vous pensez bien que ce n’est pas une douzaine de personnes qui peuvent peser sur une situation. Aujourd’hui, les choses sont assez claires, on a un candidat, François Fillon » a prévenu Bruno Retailleau. Regardez :

Retailleau sur le comité politique des Républicains : « Ce n’est pas une douzaine de personnes qui peuvent peser »
01:24

« Merci de me souhaiter mon anniversaire, j’en ai connu des meilleurs  et j’en connaitrai des meilleurs… » lance le candidat devant une salle à moitié vide (voir la vidéo ci-dessous). D’une capacité de 3.000 places, les gradins du fond sont à peine remplis. L’équipe du candidat annonce 2.000 personnes. C’est peut-être moins.

REPLAY. François Fillon : "Merci de me souhaiter mon anniversaire, j’en ai connu des meilleurs..."
00:15

« N’abdiquez pas, ne renoncez pas »

« Cette campagne est un étrange combat. Vous êtes courageux, on veut vous intimider. On s’attaque à moi mais à travers moi ce qu’on cherche à abattre c’est le redressement national. Alors je vous le demande : n’abdiquez pas, ne renoncez pas » a demandé à ses troupes François Fillon (voir la première vidéo).

« Faites triompher le souffle intense, le souffle inspirant de la liberté, le souffle de la France » a lancé le candidat. Il défend un « cercle vertueux » que permettraient selon lui ses réformes libérales. « Moins de charges et plus de souplesse, c’est plus d’embauches, c’est plus de pouvoir d’achat et de consommation et pour l’Etat la possibilité de redistribuer les bienfaits de la croissance et de les investir pour l’avenir » résume le député de Paris. Regardez :

REPLAY. Le "cercle vertueux" selon François Fillon
00:39

Il propose « des changements radicaux » dont une nouvelle « grande loi sur le travail et l’emploi » avec la fin des 35 heures, la suppression du compte pénibilité ou la réforme de la fiscalité du capital, ou encore la baisse du nombre de fonctionnaires, « mais pas les salaires des fonctionnaires ». Son « forfait d’allégement de charges redonnera directement plusieurs centaines d’euros supplémentaires à tous les salariés » défend François Fillon, qui a rappelé aussi son attachement à la Sécurité sociale, alors que la première mouture de son projet santé avait créé la polémique. Surtout, « c’est l’amour sacré de la liberté » qui anime son programme. Regardez :

REPLAY. François Fillon : "Quand la France a un genou en terre, le seul moyen de la redresser, c'est l'amour sacré de la liberté"
00:47

« Il faut 40.000 à 50.000 personnes pour remplir le Trocadero. Honnêtement, avec le temps, ce sera peut-être difficile » (un responsable de la campagne)

Mais François Fillon peut-il encore être audible sur le fond, quand les événements se déchainent autour de lui ? « C’est toute la difficulté » reconnaît le nouveau directeur de campagne, Vincent Chriqui, « mais on essaie de remettre le débat sur le projet car c’est le seul véritable enjeu ».

Pierre Danon, qui préside le conseil national de la société civile de François Fillon, pense que le candidat est toujours audible. Le départ de Patrick Stefanini, « ce n’est pas rien » admet-il, « mais ça arrive dans les campagnes ». Il ajoute : « On devrait être capable de se débrouiller 50 jours sans lui ! » Dans l’entourage du candidat, on minimise les départs en chaîne. « Ça fera moins de fuites ! » explique ce responsable.

L’équipe de campagne, ou ce qu’il en reste, planche sur le rassemblement du Trocadéro. 60 bus sont prévus pour rameuter les militants. « Il faut 40.000 à 50.000 personnes pour remplir la place. Honnêtement, avec le temps, ce sera peut-être difficile » reconnaît à un haut responsable de l’équipe.

militant Fillon
Photo : François Vignal

Frigide Barjot dans la salle

François Fillon joue gros demain. Il vise le peuple contre les politiques. Au risque de paraître s’enfermer. Après toutes les défections, « c’est le dernier carré mais fidèle,  jusqu’à la mort, jusqu’à la victoire. Demain (au Trocadero) je m’attends à beaucoup de monde, car les Français en ont mare. Et François Fillon est devenu le candidat anti-système » va jusqu’à dire Charles Beigbeder, entrepreneur et responsable du think tank libéral-conservateur l’Avant-Garde (voir la vidéo). Au fond de la salle, on voit arriver Frigide Barjot, figure de la Manif pour tous. Le mouvement anti-mariage pour tous est à la manœuvre pour remplir demain la place.

Qu’est-ce qui pourrait encore faire renoncer François Fillon ? « Son seul souci, c’est la victoire de son camp et de son projet. Tant qu’il estime qu’il est le meilleur, il restera » affirme son entourage. Des propos qui pourraient laisser la porte ouverte à un retrait… Mais le même ajoute, à propos des mauvais sondages qui éliminent François Fillon du premier tour : « Lors de la primaire, il était éliminé de tous les sondages au premier tour… Vous savez le crédit qu’il accorde aux sondages. C’est pour ça que c’est compliqué ».

« Les trois jours qui viennent de se passer sont troublants… » (un militant)

Dans la salle, les militants venus veulent majoritairement y croire. « Il n’y a pas d’alternative » dit Agathe, 29 ans. « C’est un homme honnête et droit » pour Alain, 62 ans, venu de Marseille avec Béatrice. Bertrand, lui aussi des Bouches-du-Rhône, voit dans les départs « une excellente nouvelle. Ce sont des gens qui sont là pour les places » dit-il.

Cliquez sur l'image pour lancer le diaporama des militants :

Un homme d’un certain âge s’est assis tout au fond de la salle. Ce militant, qui ne veut pas donner son nom, se pose bien lui quelques questions. « Les trois jours qui viennent de se passer sont troublants… Beaucoup de monde s’en va, il y a beaucoup d’attaques. Est-ce qu’ils quittent le navire ou ont-il raison de le faire ? Je suis dans l’expectative ».

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