Fillon défend l’emploi « réel » de sa femme, et ne renoncera que s’il est mis en examen

Fillon défend l’emploi « réel » de sa femme, et ne renoncera que s’il est mis en examen

François Fillon a fermement démenti jeudi que son épouse Penelope ait bénéficié d'emplois fictifs, une « accusation abjecte », assurant qu'il ne renoncerait à la présidentielle que s'il était mis en examen.
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Par AFP

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« Il n'y a pas le moindre doute, mon épouse a travaillé pour moi comme collaboratrice parlementaire pendant des années », a dit M. Fillon, invité au journal télévisé de TF1.

« Ce travail est réel, je m'en expliquerai évidement avec la justice », a affirmé M. Fillon, alors que les fonctions d'assistante parlementaire de Penelope Fillon suscitent l'étonnement, notamment à l'Assemblée nationale depuis leur révélation mercredi par le Canard Enchaîné.

L'ancien Premier ministre, qui s'est défini comme ayant le « cuir épais » s'est insurgé contre une « accusation abjecte » destinée à « l'abattre en tant que candidat à l'élection présidentielle ».

« La seule chose qui m'empêcherait d'être candidat c'est si mon honneur était atteint, si j'étais mis en examen », a-t-il précisé, comme il l'a « toujours dit ».

Après l'ouverture mercredi d'une enquête notamment pour « détournement de fonds publics » et « abus de biens sociaux », l'avocat de M. Fillon, Me Antonin Lévy, avait remis des documents jeudi après-midi au pôle financier à Paris, afin d'attester de la réalité du travail fourni par Mme Fillon, en tant que collaboratrice parlementaire mais aussi en tant que salariée de la Revue des Deux Mondes.

M. Fillon a décrit sur TF1 le travail accompli par sa femme, qui travaille avec lui « depuis toujours ».

Elle a « corrigé mes discours », « a reçu d'innombrables personnes qui voulaient me voir et que je ne pouvais pas voir », « m'a représenté dans des manifestations et des associations » et fait « la synthèse de la presse », et elle « me faisait remonter les demandes des gens, les évolutions de notre société », a-t-il énuméré.

L'enquête devrait s'accélérer vendredi avec les auditions de la journaliste Christine Kelly, auteure en 2007 d'une biographie de François Fillon, et celle de l'ex-directeur de la Revue des Deux Mondes, Michel Crépu, annoncées par les intéressés.

M. Crépu a enfoncé le clou jeudi soir en affirmant n'avoir jamais eu connaissance d'une mission de « réflexion stratégique informelle » confiée à Mme Fillon en 2012-2013. Il a jugé « totalement extravagante » et « pas plausible » une telle assertion, évoquée dans Le Monde par Marc Ladreit de Lacharrière, le propriétaire de la revue.

Marc Ladreit de Lacharrière « aura l'occasion de s'expliquer » sur un emploi de « conseillère » de Penelope Fillon à la Revue des Deux Mondes, a dit le député de Paris.

- « une cicatrice «  -

A trois mois de la présidentielle, l'affaire est embarrassante pour un candidat qui peinait déjà, depuis sa victoire fin novembre à la primaire de la droite, à trouver le ton de sa campagne.

Un député fillonniste voit déjà dans l'affaire « une cicatrice » que François Fillon « portera ensuite pendant la campagne ». « Il vaut mieux l'avoir maintenant qu'une semaine avant le premier tour », relativise toutefois cet ex-chiraquien.

« Dimanche, tout le monde n'aura que ça en tête », regrette un autre, alors que le candidat doit relancer sa campagne par un grand meeting parisien.

François Fillon a fait de sa probité, face à Nicolas Sarkozy notamment mais aussi à Alain Juppé qui a été condamné par le passé dans une affaire d'emploi fictif, un axe de campagne. Sa phrase « Qui imagine le Général de Gaulle mis en examen? », lui revient désormais comme un boomerang.

A gauche, à trois jours du second tour de la primaire socialiste élargie, Manuel Valls a réclamé « des explications particulièrement claires et rapides » du candidat de la droite. Il est tombé d'accord avec Benoît Hamon lors de leur duel télévisé de mercredi pour interdire l'embauche de proches par des parlementaires.

De son propre aveu, encore à l'automne dernier pendant la campagne de la primaire de la droite, Mme Fillon se disait en retrait des activités de son mari. Elle voulait dire « qu'elle n'était pas en première ligne », a expliqué son mari au JT.

Une proche de François Fillon, la député LR Valérie Boyer, avait cafouillé en tentant de défendre son champion. Elle avait indiqué mercredi à la télévision qu'il lui était arrivé « d'embaucher » et de « rémunérer » un de ses fils comme collaborateur, en ajoutant maladroitement: « mais pour des activités réalisées ».

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