Fraude fiscale: Balkany dans le box pour son procès en appel

Fraude fiscale: Balkany dans le box pour son procès en appel

Le procès en appel des élus de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick et Isabelle Balkany, lourdement condamnés en première instance pour...
Public Sénat

Par Sofia BOUDERBALA

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le procès en appel des élus de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), Patrick et Isabelle Balkany, lourdement condamnés en première instance pour fraude fiscale, a débuté mercredi matin à Paris.

Après le rejet de sa dernière demande de mise en liberté, Patrick Balkany, 71 ans, comparaît détenu. Très amaigri, lunettes fumées sur pull gris, il a pris place dans le box, tandis que son épouse et première adjointe Isabelle, 72 ans, se tient libre sur le banc des prévenus.

En entrant dans la salle de la cour d'appel, elle est allée embrasser son mari, puis s'est assise, souriante, face à la cour.

La salle d'audience est pleine. Plus qu'un procès en appel pour une fraude fiscale en partie reconnue, le public et la presse sont venus suivre, comme un bon feuilleton, le nouvel épisode de la saga politico-judiciaire des Balkany.

Les Balkany
Dates clés des ennuis judiciaires des Balkany
AFP

Dès l'ouverture des débats, la défense a demandé le renvoi du procès, réclamant la jonction des dossiers de fraude fiscale et de blanchiment - qui doit être examiné en février. Une demande déjà formulée, en vain, par les avocats de Patrick Balkany en première instance.

Puis Isabelle Balkany s'est levée, pour demander à pouvoir donner des médicaments à Patrick, qui "souffre du dos". La défense a demandé à ce qu'il puisse sortir du box, pour être installé dans un fauteuil.

- "J'ai trop mal" -

Le maire se lève à son tour, sans y avoir été invité, et explique: "J'ai été opéré d'une tumeur à la colonne vertébrale. J'ai six vis. Je suis obligé de rester couché dans ma cellule, je ne vais pas en promenade, j'ai trop mal".

La cour se prononcera sur ces demandes après une suspension d'audience.

Isabelle Balkany fait une déclaration aux médias au Palais de justice de Paris, le 11 décembre 2019
Isabelle Balkany fait une déclaration aux médias au Palais de justice de Paris, le 11 décembre 2019
AFP

Patrick Balkany, à la tête de la mairie de Levallois depuis 37 ans presque sans discontinuer, est incarcéré depuis sa condamnation, le 13 septembre, à quatre ans de prison pour fraude fiscale.

Dans ce même dossier, son épouse Isabelle, 72 ans, s'est vue infliger trois ans de prison, mais sans mandat de dépôt, eu égard à sa santé fragile.

Un mois plus tard, les édiles étaient à nouveau condamnés, cette fois pour blanchiment aggravé, lui à cinq ans de prison avec un nouveau mandat de dépôt et elle à quatre ans d'emprisonnement.

Tous deux ont été condamnés à dix ans d'inéligibilité et d'interdiction de gérer. Ils avaient aussitôt fait appel, un recours qui suspend l'exécution de la peine - sauf concernant l'incarcération de Patrick Balkany.

Jusqu'au 18 décembre, le couple devra à nouveau répondre d'une fraude fiscale déjà sanctionnée par le tribunal correctionnel, qui avait tancé leur ancrage dans une "délinquance fortement rémunératrice".

Ils sont poursuivis pour n'avoir pas payé l'ISF entre 2010 et 2015, malgré des actifs estimés à 16 millions d'euros annuels, mais également d'avoir déclaré des revenus amplement sous-évalués entre 2009 et 2014.

Pour le tribunal, le couple aurait notamment dû déclarer la luxueuse villa Pamplemousse de Saint-Martin, qu'Isabelle Balkany avait tardivement reconnu posséder, mais aussi un somptueux riad à Marrakech, que le couple nie avoir acheté.

Au total, les sommes éludées sont estimées à 4 millions d'euros, un montant vigoureusement contesté par la défense.

Entre colères noires et gouaille culottée, Patrick Balkany avait reconnu quelques "fautes" mais surtout vanté une "vie à servir les autres", seul face à la barre alors que son épouse Isabelle se remettait d'une tentative de suicide.

Le couple avait justifié son train de vie - "un océan d'argent liquide" selon l'accusation - par sa fortune familiale.

Conformément à la loi, ils sont considérés comme innocents jusqu'à leur éventuelle condamnation en appel. S'ils étaient condamnés, ils pourraient se pourvoir en cassation, un recours suspensif y compris d'une peine de prison, sauf si la cour d'appel délivrait des mandats de dépôt à l'audience.

Sans attendre cet épilogue judiciaire, Patrick Balkany a fait savoir, depuis sa cellule de la Santé, qu'il comptait mener la liste de la majorité aux municipales de mars.

Mais si les Balkany restent très populaires à Levallois, leur volonté de rester "en première ligne" interroge désormais jusque dans leur camp: une des adjointes au maire, fidèle de la première heure, a démissionné lundi en plein conseil municipal, et appelé à "préparer la succession".

Dans la même thématique

Formulaire de demande de RSA (Revenu de solidarite active), allocation assurant aux personnes sans ressources un revenu minimum variable selon la composition du foyer
7min

Politique

Assurance-chômage : quand le candidat Macron promettait une « assurance-chômage pour tous » en 2017

« Oui, il y aura une réforme de l’assurance-chômage cette année », a annoncé le Premier ministre, ce mercredi 27 mars, chez nos confrères de TF1. Troisième réforme en la matière depuis l’élection du Président de la République, ses conditions ont largement été durcies en sept ans… loin de la promesse du candidat Macron qui proposait de faire de l’assurance-chômage, un droit « universel ».

Le

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le