Général de Gaulle : un verbe, une plume et des livres

Général de Gaulle : un verbe, une plume et des livres

L’historien Jean-Noël Jeanneney, l’essayiste Sylvain Fort et Frédérique Neau-Dufour, conseillère à la Fondation Charles de Gaulle sont les invités de Guillaume Erner dans Livres & Vous. Ensemble, ils décryptent et analysent la langue et l’écriture du héros du 18 juin 40. Un verbe qui participe à la construction du mythe De Gaulle.
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Par Pierre-Henri Gergonne

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C’est encore avec émotion que l’historien Jean-Noël Jeanneney, invité de Livres & Vous se souvient de ce jour mémorable où le 30 décembre 1969, il entra - il avait 27 ans - , avec son père, dans la bibliothèque ovale de la Boisserie, dernier refuge de Charles de Gaulle. Depuis un an, De Gaulle n’était plus président, mais puisait dans la richesse de sa très riche bibliothèque le sel capable de relever des Mémoires qu’il n’achèvera pas. « Il était obsédé par la rédaction de ses Mémoires, se souvient Jean-Noël Jeanneney. Il était un énorme lecteur. Il n’avait pas de frontières pas de frontière dans ses lectures ». « Ce jour-là, ajoute, l’historien, on avait, mon père - (Jean-Marcel Jeanneney, ancien ministre d’État du Général) - et moi, le sentiment que quelque chose s’était arrêté… ». Un verbe, une écriture, une langue. Des éléments constitutifs de l’écrasante personnalité du personnage. « Il savait poser ses mots, souligne l'essayiste Sylvain Fort. Il usait d’une langue un peu ancienne, minérale, une langue que les Français aiment entendre ». Pour l’ancien conseiller d’Emmanuel Macron, Charles de Gaulle a « inventé la langue des Présidents ».

Une proximité avec le peuple

Et les Français le lui ont bien rendu. À sa mort, avec leurs mots, Ils lui ont à leurs tours écrit. « Dans les lettres de condoléances reçues à l’Élysée après son décès et qui ont été conservées, raconte Frédérique Neau-Dufour, on est frappé par la proximité que le peuple avait avec lui ». Une proximité dans le deuil qui fait écho aux bains de foules légendaires du Président de Gaulle pendant l’exercice de ses mandats. « Il a ainsi marqué le jeu présidentiel, insiste Sylvain Fort. Par sa proximité avec le peuple, comme par celle qu’il avait avec les représentants des Grandes puissances de son temps. C’est là une tradition française » que ses successeurs ont tenté, ou tentent de faire perdurer.

Le mythe fait de grandes et de plus petites choses

Mais le De Gaulle politique, créateur des Institutions de la Ve République, l’auteur de l’Appel du 18 juin 40, reste aussi cet homme sachant puiser dans l’affection de sa famille une force secrète et minutieusement protégée. « Sa vie privée était une forteresse, insiste l’historienne Frédérique Neau-Dufour. Et Yvonne De Gaulle, son épouse, était alors l’exigeante et intransigeante gardienne de cette intimité familiale ». « Il savait être Père et Grand Père, affectueux aussi avec les animaux domestiques » explique celle qui est aussi conseillère à la Fondation Charles de Gaulle. Ainsi se construit le mythe fait de grandes et de plus petites choses. Le mythe De Gaulle fait de flamboyance, de génie politique, d’écriture, d’audace et d’humilité secrète. « Le mythe De Gaulle se mesure aussi à l’éclairage de la complexité du personnage » explique Jean-Nöel Jeanneney qui trouve dans les « Notes et Carnets » du Général les sources discrètes qui font aussi la grandeur de l’ancien Président. Aujourd’hui, conclut Jean-Noël Jeanneney De Gaulle, aujourd’hui  « n’appartient à personne ».

 

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