Gérald Darmanin, le “cogneur” sarkoziste devenu pilier de la Macronie

Gérald Darmanin, le “cogneur” sarkoziste devenu pilier de la Macronie

Il replonge dans la bataille pour la mairie de Tourcoing: Gérald Darmanin, ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy, s'est forgé...
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Par Valentin BONTEMPS

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Il replonge dans la bataille pour la mairie de Tourcoing: Gérald Darmanin, ancien lieutenant de Nicolas Sarkozy, s'est forgé depuis Bercy une image de "cogneur", toujours prêt à défendre le gouvernement et Emmanuel Macron.

Jusque-là novice en matière budgétaire, le ministre des Comptes publics a imposé sa marque à Bercy en faisant voter plusieurs textes de loi, comme le droit à l'erreur, ou avec la mise en place d'une brigade d'agents des impôts dotée de pouvoirs de police.

Il peut surtout se prévaloir d'avoir mis la fiscalité française au diapason de la plupart des grands pays avancés en faisant prélever l'impôt sur le revenu directement sur la feuille de paie, malgré les fortes réticences d'Emmanuel Macron.

Et depuis des semaines, il monte au créneau pour défendre la réforme des retraites du gouvernement.

"Je suis sociologiquement de gauche et culturellement de droite": voilà comment se définit l'ancien porte-parole de Nicolas Sarkozy, passé avec armes et bagages chez En Marche après l'élection d'Emmanuel Macron.

Un discours qui trouve pleinement sa place dans le credo présidentiel du "en même temps", avec lequel Gérald Darmanin -- présenté par beaucoup comme le ministre le plus "politique" du gouvernement -- affirme être "très à l'aise", rejetant les accusations d'"opportunisme politique".

Ce petit-fils de tirailleur algérien, né à Valenciennes (Nord) d'un père tenancier de bar et d'une mère femme de ménage à la Banque de France, a pourtant connu une ascension sinueuse depuis son engagement au RPR à l'âge de 16 ans.

Diplômé de Sciences Po Lille, Gérald Darmanin a débuté sa carrière comme collaborateur de Christian Vanneste, exclu en 2012 de l'UMP après des propos considérés comme homophobes, avant de rejoindre Xavier Bertrand, alors secrétaire général du parti.

Passé au secrétariat d'Etat chargé des Français de l'étranger et à celui des Sports, il s'est ensuite fait élire député du Nord en 2012, puis maire de Tourcoing en 2014.

C'est aux côtés de Nicolas Sarkozy, dont il devient le porte-parole en vue de la course à la présidence de l'UMP, qu'il se fait cependant remarquer, en raison de ses prises de position en faveur des classes populaires, qu'il défend au nom de ses origines modestes.

- "inconstant"? -

Coordinateur de la campagne de l'ancien chef de l'Etat pour la primaire de la droite en 2016, à l'issue de laquelle ce dernier se fait balayer au premier tour, il finit par abandonner la campagne de François Fillon, en désaccord avec la ligne de LR.

Quand Emmanuel Macron emporte la présidentielle en 2017, il acte la rupture avec son ancien parti en rejoignant Edouard Philippe, dont il est proche, au gouvernement. Une décision vécue comme une "trahison" à droite mais que l'intéressé assume crânement.

A l'université d'été du Medef, il mettait en garde en août dernier contre "ceux qui demandent plus de libéralisme" et prennent le risque d'une "situation à l'italienne, d'un pays fracturé".

Il a "parfaitement décodé le logiciel En Marche" et s'est fait le chantre d'un programme présidentiel appris "par coeur", abonde un député de la majorité, lui prédisant un bel avenir, malgré les accusations liées à son comportement envers les femmes.

Début 2018, Gérald Darmanin a en effet été mis en cause par deux femmes, l'une pour viol, l'autre pour abus de faiblesse, en plein mouvement #MeToo -- des accusations qu'il réfute. Dans les deux cas, le parquet a rendu un non-lieu.

"Quand on souhaite incarner une partie du ministère de la République, il faut savoir vivre contre les mauvais vents", confiait début 2018 le ministre, resté proche de son ancien mentor Nicolas Sarkozy, mais aussi de sa ville de Tourcoing, où il retourne régulièrement le week-end en tant que ministre.

Il n'a d'ailleurs pas attendu pour commencer à y mener campagne, sous le slogan "Le choix de Tourcoing".

Avant peut-être de briguer la présidence de la Métropole européenne de Lille pour laquelle l'ex-PS Violette Spillebout a été désignée comme candidate par LREM mais est loin de faire l'unanimité.

Une ambition qui pourrait lui jouer des tours? "Il veut être maire, mais pour combien de temps? M. Darmanin ne finit pas ses mandats, il change d'étiquette... Je ne crois pas que les Tourquennois puissent lui faire confiance! Il est très inconstant", ironise la candidate EELV à Tourcoing, Katy Vuylsteker.

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