Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
Gérard Collomb ou l’histoire d’un homme « qui a toujours rêvé d’être maire de Lyon »
Par Pauline Vilchez
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« M. Collomb vous avez 15 000 raisons de ne pas revenir à la tête de notre ville .15 000, c’est le nombre de jours écoulés depuis votre première élection au conseil municipal de Lyon » en mars 1977. Novembre 2018, Gérard Collomb, ministre de l’intérieur démissionnaire vient tout juste de « récupérer » son mandat de maire. Ses opposants concentrent leurs critiques sur cette longévité exceptionnelle à la tête de la ville. Il faut dire que Gérard Collomb et la ville de Lyon c’est une vieille histoire.
Réalisé par Raphaël Ruffier-Fossoul et Sylvie Perrin, le documentaire « de Gérard à Monsieur Collomb, l’itinéraire d’un Baron » retrace le parcours de cet homme, agrégé de lettres classiques, élu au conseil municipal depuis 1977, avant d’en devenir maire en 2001, et réélu sans discontinuer depuis.
« Il croit qu'il a fait Lyon alors que c'est Lyon qui l'a fait »
Un homme sur qui « personne n’aurait parié » se souvient David Kimelfeld, actuel président de la métropole lyonnaise, « timide », considéré comme « l’outsider permanent » mais qui pourtant va réussir à devenir maire à force de proximité, et de ténacité. Une ascension qui démarre par une transformation physique : « Le jour où il a changé son physique, où il a fait tomber ses lunettes et sa moustache, je l’ai vu devenir un homme politique accroché à sa mission » confie l'un de ses amis.
Pendant son premier mandat, l’élu socialiste va opérer sa mue, commencer par traiter les problèmes de sécurité, et se rapprocher des patrons lyonnais. Il va aussi bâtir et transformer sa ville, et la faire entrer sur la scène européenne, la faisant devenir une des dix villes les plus attractives d'Europe. Désormais on le surnomme le Baron, « il croit qu'il a fait Lyon alors que c'est Lyon qui l'a fait » tance Olivier Rachet, ancien vice-président au logement de Gérard Collomb.
« Ce pouvoir il ne peut pas le donner ni le partager »
Réélu au premier tour en 2008 face à l’ancien garde des Sceaux Dominique Perben, puis en 2014, Gérard Collomb, va petit à petit prendre ses distances avec le parti socialiste dont il membre. Une soif de reconnaissance qui se heurte aux portes des ministères parisiens. Ni Jean-Marc Ayrault, ni Manuel Valls ne feront appel à lui. Un refus de l’intégrer dans les gouvernements successifs qui scellera définitivement son soutien au candidat Emmanuel Macron dont il devient l’éphémère ministre de l’intérieur.
S’il est décrit comme quelqu’un « d’honnête » « proche des Lyonnais » « gouailleur », il est aussi vu comme autoritaire et colérique. David Kimelfeld, ancien proche de l’actuel maire, se souvient d'accès de colère « parce qu'il considérait que les réponses qui lui étaient faites, étaient incomplètes et approximatives ». Une colère « nerveuse, inexpliquée comme s'il avait l'impression d'avoir été remis en cause » développe Olivier Brachet.
Pour Martine Roure, son ancienne adjointe aux affaires sociales « on peut s'engueuler mais il ne nous en veut pas, je pense même qu'il aime les gens qui osent lui dire la vérité ».
En 2020 il va devoir affronter pour la première fois ceux qui il y a encore quelques mois étaient à ses côtés. « Il a tellement galéré pour accéder à ce pouvoir, c’était tellement son objectif, que ce pouvoir il ne peut pas le donner ni le partager » explique la maire du 1er arrondissement de Lyon, Nathalie Perrin Gilbert.
« Je l’ai vu devenir un homme politique accroché à sa mission »
Mais attention, « on devient Baron quand on croit qu'on est devenu indispensable et qu'on oublie qu'il faut se retirer au bout d'un certain temps » conclut non sans malice Michel Noir, ancien maire de Lyon lui-même.