“Gilets jaunes”: la mobilisation s’essouffle avant “l’acte 2” samedi à Paris

“Gilets jaunes”: la mobilisation s’essouffle avant “l’acte 2” samedi à Paris

Après une série de blocages à travers la France, les "gilets jaunes" prévoient de passer à "l'acte 2" de leur mouvement: une mobilisation samedi...
Public Sénat

Par Marie GIFFARD avec les bureaux de l'AFP en régions

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Après une série de blocages à travers la France, les "gilets jaunes" prévoient de passer à "l'acte 2" de leur mouvement: une mobilisation samedi à Paris dont les contours restent flous et qui inquiète les autorités.

Jeudi, au sixième jour de leur mobilisation, quelques irréductibles "gilets jaunes" continuaient à organiser des blocages épars en métropole, avec des barrages filtrants aux abords des dépôts pétroliers ou sur certains axes routiers dans le Pas-de-Calais, le Gard, le Vaucluse, le Haut-Rhin ou en Nouvelle-Aquitaine.

A l'aube une trentaine de manifestants s'étaient également rassemblés à Calais, non loin de l'accès au tunnel sous la Manche.

Mais ailleurs dans l'Hexagone, la quasi-totalité des blocages avaient été levés après intervention des forces de l'ordre.

Les troubles se concentrent désormais sur l'île de La Réunion où, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, la situation restait tendue après une flambée de violences urbaines.

Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion
Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion
AFP

"Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues", avait réagi mercredi soir le président de la République Emmanuel Macron, en annonçant l'envoi en renfort de plusieurs dizaines de gendarmes sur l'île.

- Marée jaune ? -

Tous les regards se tournent à présent vers la journée de samedi et le rassemblement prévu dans la capitale.

Mouvement spontané et sans leader identifié, les "gilets jaunes" ont organisé leur mobilisation sur les réseaux sociaux pour protester contre la hausse des prix du carburant et la baisse du pouvoir d'achat et espèrent marquer les esprits à Paris.

"Le 24 novembre, c'est Paris bloqué, le 24 novembre, c'est Paris ville morte", avait lancé dimanche Frank Buhler, l'un des initiateurs du mouvement dans le Tarn-et-Garonne. "J’espère qu’il va y avoir une véritable marée jaune", a-t-il indiqué jeudi à l'AFP depuis Montauban.

Manifestation de
Manifestation de "gilets jaunes" à Port-La-Nouvelle, dans l'Aude, le 20 novembre 2018
AFP

Une autre page Facebook intitulée "Acte 2 Toute la France à Paris", créée par un autre chef de file informel --Eric Drouet, chauffeur routier à Melun (Seine-et-Marne)-- appelle à se rassembler place de la Concorde.

Un tel scénario a d'avance été rejeté pour raisons de sécurité par les autorités, qui redoutent des débordements et attendent toujours une déclaration en bonne et due forme en préfecture.

"Pour l'instant, nous n'avons pas d'interlocuteurs", a indiqué le secrétaire d'État auprès du ministre de l'Intérieur Laurent Nuñez.

Une marche, organisée le même jour par le mouvement féministe #Noustoutes contre les violences sexistes et sexuelles, a dû toutefois changer son parcours à la demande de la préfecture de police pour éviter le secteur de la Madeleine, voisin de la place de la Concorde.

Prix des carburants
Comparaison des prix moyen des carburants dans l'Union européenne, au 19 novembre 2018
AFP

La mobilisation parisienne divise toutefois le mouvement, l'argument financier ou la perspective de débordements pouvant décourager certains de se rendre dans la capitale.

"C'est quand même des gros frais (...) On est en train de voir pour samedi, pour qu'il y ait encore du monde qui reste sur Nantes et qu'il y ait du monde qui aille sur Paris", déclare Yoann Molot, 24 ans, un des porte-parole à Nantes.

La SNCF a d'ailleurs tenu à démentir une "rumeur persistante" selon laquelle le port d'un "gilet jaune" samedi vaudra titre de transport dans les trains. "Ce samedi, comme toute l'année, les trains ne sont accessibles qu'aux voyageurs munis d'un titre de transport valide", a précisé un porte-parole de la compagnie.

Certains "gilets jaunes" n'appellent pas à rallier le cortège parisien, comme Fabrice Schlegel, 45 ans, meneur à Dole (Jura), qui préfèrera une action "à l'échelle du département" : "D'abord, tout le monde n'a pas 150 euros à mettre pour faire le déplacement et puis on s'inquiète de la violence qu'il peut y avoir".

A "la dernière grosse manifestation parisienne, le 1er mai, les +black blocs+ étaient de sortie et il y a eu beaucoup de casse. Je ne veux pas participer à quelque chose comme ça", poursuit-il.

Deux personnes ont perdu la vie depuis le début de la mobilisation des "gilets jaunes" : une femme percutée par une conductrice prise de panique, et un motard décédé des suites de ses blessures dans une collision lundi avec une camionnette qui manœuvrait pour éviter un barrage.

Dans la même thématique

Formulaire de demande de RSA (Revenu de solidarite active), allocation assurant aux personnes sans ressources un revenu minimum variable selon la composition du foyer
7min

Politique

Assurance-chômage : Quand le candidat Macron promettait une « assurance-chômage pour tous » en 2017

« Oui, il y aura une réforme de l’assurance-chômage cette année », a annoncé le Premier ministre, ce mercredi 27 mars, chez nos confrères de TF1. Troisième réforme en la matière depuis l’élection du Président de la République, ses conditions ont largement été durcies en sept ans… loin de la promesse du candidat Macron qui proposait de faire de l’assurance-chômage, un droit « universel ».

Le

French PM gathers the government for a seminar on work
10min

Politique

Réforme de l’assurance chômage : « Depuis 2017, les partenaires sociaux se sont fait balader et avec Gabriel Attal, ça sera la même chose »

La nouvelle réforme de l’assurance chômage que prépare le gouvernement passe mal chez les sénateurs. « On a dévoyé la gouvernance de l’assurance chômage », dénonce la sénatrice LR Frédérique Puissat, qui défend le rôle des syndicats et du patronat. « Attaché » aussi au paritarisme, le centriste Olivier Henno, « comprend » en revanche l’idée de réduire la durée des indemnisations. Quant à la socialiste Monique Lubin, elle se dit « atterrée » que le gouvernement relaye « cette espèce de légende selon laquelle les gens profiteraient du chômage ».

Le