Le mouvement inédit des "gilets jaunes", né sur les réseaux sociaux, a essaimé dans toute la France depuis plus de trois mois, donnant lieu à des scènes de guérillas urbaines et poussant le gouvernement à des mesures sociales et au lancement d'un grand débat.
Depuis le 17 novembre, ces événements ont fait onze morts, pour la plupart lors d'accidents à des barrages routiers, et plus de 3.000 blessés (dont 2.000 manifestants et plus de 1.300 parmi les forces de l'ordre).
- Chaos à Paris -
Le samedi 17 novembre, la première journée de blocages rassemble, selon les autorités, 282.000 manifestants arborant un gilet jaune fluorescent et occupant des ronds-points. Au-delà des hausses des taxes sur les carburants, Emmanuel Macron et l'ensemble de sa politique sociale et fiscale sont ciblés.
Samedi 24 novembre, pour l'acte 2 de leur mobilisation, des manifestants s'opposent durement aux forces de l'ordre sur les Champs-Élysées. 166.000 manifestants en France (dont 8.000 à Paris) sont recensés.
Le 27, Emmanuel Macron dit vouloir organiser une "grande concertation" qui deviendra le "grand débat".
Le 1er décembre, le troisième samedi de mobilisation rassemble 136.000 manifestants. A Paris, l'Arc de Triomphe et plusieurs quartiers huppés connaissent des scènes de guérilla urbaine.
- Cent euros pour les smicards -
Le 4 décembre, le Premier ministre Edouard Philippe annonce la suspension pour six mois de la hausse de la fiscalité sur les carburants. Le lendemain, M. Macron fait savoir que l'augmentation est annulée pour 2019.
Manifestation de "gilets jaunes", le 9 mars 2019 à Bordeaux
AFP
Le 8, l'acte 4, émaillé de heurts, mobilise à nouveau 136.000 manifestants, selon les chiffres officiels.
Le 10, Emmanuel Macron annonce une hausse de 100 euros par mois pour les salariés payés au Smic, des heures supplémentaires "sans impôts ni charges" et une nouvelle exemption de hausse de CSG pour certains retraités. Les mesures annoncées depuis le début du mouvement sont évaluées à 10 milliards d'euros.
- Mobilisation en baisse, puis rebond -
Le 21 décembre, le Parlement vote les mesures d'urgence annoncées.
Après trois samedis de baisse (notamment le 29 décembre, 32.000 personnes), la participation remonte pour l'acte 8, le 5 janvier (50.000). Des manifestants forcent avec un engin de chantier l'entrée du ministère de Benjamin Griveaux, porte-parole du gouvernement.
Le 7, Édouard Philippe annonce une nouvelle loi "anticasseurs".
L'acte 9, le 12 janvier, réunit 84.000 manifestants.
- Grand débat -
Emmanuel Macron lance le grand débat national dans une lettre aux Français, puis lors d'un échange-marathon avec des maires normands le 15 janvier.
Manifestation de "gilets jaunes", le 9 mars 2019 à Quimper
AFP
L'acte 10 du 19 janvier mobilise à nouveau 84.000 manifestants. Lors de l'acte 11 du 26 (69.000 manifestants), une figure des "gilets jaunes", Jérôme Rodrigues, gravement blessé à un œil, assure avoir été atteint par un tir de lanceur de balles de défense (LBD) et des éclats de grenade de désencerclement.
Le 1er février, le Conseil d'Etat rejette les demandes de suspension des LBD, décriés en raison des blessures graves qu'ils provoquent.
- Crise avec l'Italie -
L'acte 12 du samedi 2 février mobilise 58.600 personnes.
Le 5, l'Assemblée adopte la proposition de loi "anticasseurs", mais 50 députés LREM s'abstiennent.
La rencontre en France du vice-président du Conseil italien et chef de file du Mouvement 5 étoiles, Luigi Di Maio, avec le "gilet jaune" Christophe Chalençon provoque le rappel par Paris, pendant quelques jours, de son ambassadeur en Italie.
- Finkielkraut injurié -
L'acte 13 du 9 février rassemble 51.400 personnes. A Paris, un manifestant a une main arrachée devant l'Assemblée nationale.
Le 16 février, pour l'acte 14, 41.500 manifestants sont dénombrés. A Paris, le philosophe Alain Finkielkraut est injurié, en marge de la manifestation.
Pour l'acte 15 du 23 février, 46.600 manifestants sont recensés.
- LBD visés -
Le Conseil de l'Europe appelle le 26 à suspendre l'usage des LBD.
Le 28, le ministre des Finances Bruno Le Maire chiffre à 0,2 point de croissance trimestrielle le coût économique du mouvement.
Le 2 mars, l'acte 16 mobilise 39.300 manifestants.
L'ONU réclame le 6 mars à la France une "enquête approfondie" sur les violences policières, Paris réplique ne pas avoir "attendu" cette demande pour enquêter. Le lendemain, le Sénat rejette une proposition de loi qui voulait interdire les LBD.
Acte 17, samedi 9 mars. 28.600 "gilets jaunes" manifestent dans toute la France (dont 3.000 à Paris), la plus faible mobilisation depuis le début du mouvement.
Malgré la protestation de la gauche et de certains élus de la majorité sénatoriale, le Sénat n’a pas touché au coup de rabot prévu par le gouvernement sur le Fonds Vert, qui sert à financer la transition écologique des collectivités. De 2,5 milliards en 2024, le budget du Fonds Vert est donc passé à 650 millions en 2026.
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Alors que se tiendra demain le vote du projet de loi de financement de la Sécurité sociale à l’Assemblée nationale, la poursuite de la procédure législative semble incertaine. L’option du dernier mot, que le gouvernement pourrait choisir d’accorder aux députés, ne fait pas l’unanimité au sein des constitutionnalistes.
Dans son ouvrage écrit en prison, Nicolas Sarkozy affirme qu’il n’appellera pas au front républicain et soutient pour la droite le « rassemblement le plus large possible, sans exclusive ». Beaucoup y voient une défense de l’union des droites. Mais l’entourage de l’ex-chef de l’Etat dément. « Nicolas Sarkozy a toujours dit qu’il fallait parler aux électeurs du RN, mais absolument pas s’allier au parti », soutient-on.