“Gilets jaunes”, RIP et encore enquête Benalla: année fiévreuse au Parlement

“Gilets jaunes”, RIP et encore enquête Benalla: année fiévreuse au Parlement

C'est une année parlementaire brûlante qui s'achève jeudi dans la canicule: plus de 60 textes définitivement adoptés, 40.000 amendements déposés...
Public Sénat

Par Véronique MARTINACHE, Charlotte HILL

Temps de lecture :

5 min

Publié le

C'est une année parlementaire brûlante qui s'achève jeudi dans la canicule: plus de 60 textes définitivement adoptés, 40.000 amendements déposés dans les deux chambres, près de 1.400 heures de débats rien que dans l'hémicycle de l'Assemblée. Retour sur les temps forts.

- Une année jaune -

La crise des "gilets jaunes" a débordé sur le Parlement: outre des happenings avec gilets dans l'hémicycle (Jean Lassalle et l'Insoumis Jean-Hugues Ratenon), des députés, principalement "marcheurs", ont été visés dès l'automne. Plus de 80 dégradations de domiciles et permanences se sont succédé, jusqu'à la tentative d'incendie au domicile du président de l'Assemblée Richard Ferrand (LREM) en février. Le Palais Bourbon lui-même n'est pas passé loin d'une intrusion.

Après le vote en décembre de premières mesures d'urgence (prime exceptionnelle, CSG revue...), le Parlement s'est mis à l'heure du grand débat, qui a mobilisé les élus sur le terrain.

Face aux poussées de fièvre des samedis de manifestation, le texte "anticasseurs" a été voté en début d'année, mais 50 LREM mal à l'aise se sont abstenus. Ce premier record dans la majorité a été battu lors de la ratification mardi du Ceta, avec 52 abstentions et 9 votes contre.

- Folle équipe pour un RIP -

En avril, quelque 250 parlementaires - LFI à LR, en passant par le PS initiateur - enclenchent une procédure inédite: un référendum d’initiative partagée (RIP) contre la privatisation d'Aéroports de Paris.

La majorité raille un "attelage surprenant", mais cette action entrave le gouvernement: la privatisation prévue par la loi Pacte est suspendue.

Au 1er juillet, 480.300 soutiens étaient enregistrés, soit 10% du nombre exigé d'ici à la mi-mars 2020 pour organiser un référendum.

- L'aléa Benalla -

Alexandre Benalla après son audition devant la commission d'enquête du Sénat, le 21 janvier 2019
Alexandre Benalla après son audition devant la commission d'enquête du Sénat, le 21 janvier 2019
AFP/Archives

L'affaire "Benalla", du nom de l'ex-chargé de mission de l'Elysée, a empoisonné les relations entre chambre haute et exécutif. En février, le rapport de la commission d'enquête sénatoriale pointe des "dysfonctionnements majeurs au sein des services de l'État". Edouard Philippe fustige des conclusions "incompréhensibles et injustes".

Et quand en mars le Sénat à majorité de droite décide de transmettre à la justice les cas de trois hauts responsables de la présidence de la République, mettant en cause leur témoignage, l’exécutif crie au "procès politique". Fait inédit depuis 1998, le Premier ministre boude les questions au gouvernement. Le parquet a depuis classé sans suite ces trois signalements.

- La réforme des institutions, disparition? -

Il y a un an, la première mouture de cette réforme voulue par Emmanuel Macron restait à quai à l'Assemblée, percutée par l'affaire Benalla. A l'aune des "gilets jaunes", une nouvelle version voit le jour, incluant notamment des conditions assouplies pour le RIP.

Embouteillage législatif, ou défiance vis-à-vis du Sénat ? Mi-juin, Edouard Philippe la reporte à nouveau, sans l'enterrer toutefois. Depuis, les textes n'ont toujours pas été présentés en Conseil des ministres.

- Tectonique des groupes -

A l'Assemblée, la recomposition politique se poursuit. En octobre, tous les records sont battus avec la création d'un huitième groupe politique, l'hétéroclite "Libertés et Territoires". Le groupe rassemblant à la fois Agir pro-Macron et UDI critiques est par ailleurs tiraillé.

En février, une figure du groupe LREM, Matthieu Orphelin, proche de Nicolas Hulot, claque la porte, invoquant des avancées écologiques insuffisantes.

Avant lui, Joachim Son-Forget avait démissionné du groupe majoritaire après des frasques sur Twitter. Agnès Thill, farouche opposante à la PMA, a elle été exclue en juin après des "propos polémiques".

Gilles Le Gendre a lui été confirmé cette semaine à la tête des "marcheurs".

- Et la rentrée, déjà d'actualité -

Après les adoptions définitives en juillet des copieux projets de loi santé, école, et encore fonction publique, députés et sénateurs peuvent préparer leurs cahiers de vacances: le tant attendu projet de loi sur la bioéthique et sa mesure phare sur l'extension de la PMA arrive en septembre au Palais Bourbon.

Elisabeth Borne et François de Rugy lors de la passation de pouvoirs au ministère de l'Environnement le 17 juillet 2019
Elisabeth Borne et François de Rugy lors de la passation de pouvoirs au ministère de l'Environnement le 17 juillet 2019
AFP

Au Palais du Luxembourg, la rentrée sera verte, avec le projet de loi "pour une économie circulaire", qui décrète la guerre au plastique. Une illustration de "l'accélération écologique" annoncée pour l'"Acte II" du quinquennat Macron, désormais orchestrée par Elisabeth Borne, après la démission de François de Rugy.

Autre nouveauté, mais formelle: à compter d'octobre à l'Assemblée, les traditionnelles questions au gouvernement seront concentrées en une seule séance hebdomadaire de deux heures les mardis, avec un "droit de réplique" des députés.

Dans la même thématique

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
6min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : « Il se pose en sauveur de sa propre majorité, mais aussi en sauveur de l’Europe »

Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.

Le

Paris : Speech of Emmanuel Macron at La Sorbonne
11min

Politique

Discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe : on vous résume les principales annonces

Sept ans après une allocution au même endroit, le président de la République était de retour à La Sorbonne, où il a prononcé ce jeudi 25 avril, un discours long d’1h45 sur l’Europe. Se faisant le garant d’une « Europe puissance et prospérité », le chef de l’Etat a également alerté sur le « risque immense » que le vieux continent soit « fragilisé, voire relégué », au regard de la situation internationale, marquée notamment par la guerre en Ukraine et la politique commerciale agressive des Etats-Unis et de la Chine.

Le

Police Aux Frontieres controle sur Autoroute
5min

Politique

Immigration : la Défenseure des droits alerte sur le non-respect du droit des étrangers à la frontière franco-italienne

Après la Cour de Justice de l’Union européenne et le Conseil d’Etat, c’est au tour de la Défenseure des droits d’appeler le gouvernement à faire cesser « les procédures et pratiques » qui contreviennent au droit européen et au droit national lors du contrôle et l’interpellation des étrangers en situation irrégulière à la frontière franco-italienne.

Le

Objets
4min

Politique

Elections européennes : quelles sont les règles en matière de temps de parole ?

Alors que le président de la République prononce un discours sur l’Europe à La Sorbonne, cinq ans après celui prononcé au même endroit lors de la campagne présidentielle de 2017, les oppositions ont fait feu de tout bois, pour que le propos du chef de l’Etat soit décompté du temps de parole de la campagne de Renaissance. Mais au fait, quelles sont les règles qui régissent la campagne européenne, en la matière ?

Le