Grand Paris : entre Hidalgo, Pécresse et Ollier, une difficile gouvernance à trouver

Grand Paris : entre Hidalgo, Pécresse et Ollier, une difficile gouvernance à trouver

Ce jeudi, la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales auditionnait la maire de Paris, Anne Hidalgo, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse, et Patrick Ollier, président de la Métropole du Grand Paris. Au menu des discussions, le périmètre et les compétences de la métropole du Grand Paris.
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« On sait que le Grand Paris est le résultat d’une juxtaposition et d’une sédimentation d’un certain nombre de textes […] cet espace n’est pas un millefeuille mais plutôt un crumble nous disait le professeur Renaudie » a rappelé ce jeudi, la présidente centriste de la délégation sénatoriale aux collectivités territoriales, Françoise Gatel, au début d’une table ronde portant sur la simplification du Grand Paris.

En juillet dernier, le Sénat avait présenté 50 propositions sur la décentralisation, dont celle visant « à adopter avant 2022 une grande loi de simplification et de démocratisation de l’organisation institutionnelle de la région capitale ».

En effet, comment simplifier la gouvernance et la répartition des compétences d’un territoire où pas moins de cinq niveaux de collectivités se juxtaposent (communes, intercommunalités, métropole, départements et région) ? Une épineuse question qui a rassemblé ce jeudi au Sénat, la maire de Paris, Anne Hidalgo, la présidente de la région Ile-de-France, Valérie Pécresse et Patrick Ollier, président de la métropole du Grand Paris.

Un sujet qui a forcément divisé les différents intervenants où chacun voit midi à sa porte. Pour Anne Hidalgo, la métropole de Paris créée en 2016 et qui regroupe 130 communes de la petite couronne doit « être un espace de gouvernance partagée et de consensus » et non un terrain d’affrontement politique. « Cet espace de dialogue institutionnel » a permis de porter la candidature de Paris au JO, s’est félicité la maire de Paris, vantant « une métropole de projets » comme la zone de faible émission des gaz à effets de serre ou encore le Grand Paris Express.

Pour Valérie Pécresse, « la métropole fracture, exclut et complexifie »

Valérie Pécresse a proposé de donner un périmètre régional à la Métropole, que la région devienne la Métropole ». « Aujourd’hui, pour les 5 millions d’habitants de la grande couronne, la métropole fracture, exclut et complexifie […] Pour eux, la Métropole, c’est un nouveau périphérique, c’est une nouvelle fracture » a-t-elle estimé.

Pour la présidente de la région, « cette métropole hyperdense », n’a non seulement pas le bon périmètre, mais pas la bonne gouvernance ni les bonnes compétences. « La métropole a des compétences de développement économique, d’urbanisme, comme la région et comme les villes » a-t-elle rappelé, avant de préconiser de faire de la Métropole « une collectivité d’investissement ».

Anne Hidalgo réitère sa proposition d’une région capitale jusqu’à la maire

« On pourrait aussi questionner le périmètre de la région ce n’est pas tabou […] le périmètre de la région Ile-de-France n’est pas le bon périmètre. Pour une ville monde et une région capitale comme Paris qui est la seule au monde à ne pas avoir d’accès à la mer » a rétorqué la maire de Paris. Une idée qu’Anne Hidalgo avait déjà évoqué en septembre dernier, provoquant la colère du président de la région Normandie, Hervé Morin.

« La métropole du Grand Paris est la seule métropole de France à ne pas avoir de compétences opérationnelles, alors que c’est la plus importante d’Europe » a regretté Patrick Ollier avant de pointer « son budget indigent ». Néanmoins, en 2021, 10 milliards d’euros vont permettre de réaliser des projets d’urbanisme dans 70 villes de la métropole. « Un tiers seulement de ces projets sont dans l’Ouest, alors si ça, ce n’est pas du rééquilibrage territorial… » a-t-il appuyé.

Pour le sénateur LR de la Seine-Saint-Denis, Philippe Dallier c’est en effet le véritable enjeu du Grand Paris : mettre fin à la ségrégation territoriale qui s’aggrave entre l’Ouest et l’Est.

Pour Anne Hidalgo, « l’essentiel des territoires très pauvres se trouve dans la zone dense »

Un constat validé par Anne Hidalgo : « l’enjeu c’est de lutter contre les inégalités et contre la ségrégation territoriale », et, en guise de pic à Valérie Pécresse, elle rappelle « que l’essentiel des territoires très pauvres se trouve dans la zone dense (la petite couronne). « La zone dense n’est pas la zone riche où l’essentiel de la population se trouverait dans un accès idéal aux services publics aux emplois et à la qualité de vie ».

« Il y a des petites Seine-Saint-Denis dans toute l’Ile-de-France »

« Je ne veux pas que l’on déforme mes propos » a réagi la présidente de la région. « En Ile-de-France, 75 % de la richesse créée l’est à Paris et en petite couronne. Le paradoxe avec la Seine-Saint-Denis, c’est que c’est un département qui crée beaucoup de richesses mais qui ne va pas à ses habitants. Mais c’est un département très riche. La Seine-Saint-Denis est un département très singulier avec énormément de poches de pauvreté. Mais moi, ce qui m’inquiète c’est la montée de ces poches de pauvreté et leur dissémination dans toute l’Ile de France […] Je suis désolée, il y a des petites Seine-Saint-Denis dans toute l’Ile-de-France » a-t-elle ajouté.

Ces enjeux seront au cœur de la prochaine loi 4D (décentralisation, différenciation, déconcentration et décomplexification) présentée en Conseil des ministres à la fin de l’année. Toutefois, « il n’est pas dans notre idée de provoquer un nouveau big bang territorial et d’inventer un nouveau mécano qui n’a aucune garantie d’efficacité supérieure à ce qui existe aujourd’hui » a prévenu Françoise Gatel en conclusion.

 

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