Le chef de l'Etat a prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne un long discours pour appeler les 27 à bâtir une « Europe puissance ». À l’approche des élections européennes, son intervention apparait aussi comme une manière de dynamiser une campagne électorale dans laquelle la majorité présidentielle peine à percer. Interrogés par Public Sénat, les communicants Philippe Moreau-Chevrolet et Emilie Zapalski décryptent la stratégie du chef de l’Etat.
Hausse d’Éric Zemmour dans les sondages : « C’est délicat pour nous », concède un porte-parole du RN
Par Romain David
Publié le
Sa candidature pour 2022 n’est toujours pas officielle, mais son poids dans les sondages semble déjà rebattre les cartes du jeu politique à droite. Le polémiste Éric Zemmour serait en mesure d’accéder au second tour de l’élection présidentielle, selon un sondage Harris Interactive publié par Challenges mercredi, avec 17 % des intentions de vote, quel que soit le candidat investi par la droite républicaine. Un scénario qui relègue Marine Le Pen à la troisième place, une situation inédite depuis 2012 pour la présidente du Rassemblement national. Invité vendredi d’« Extra Local » sur Public Sénat, le porte-parole du RN, Laurent Jacobelli, a reconnu à demi-mot la gêne du parti face à cette brusque poussée.
« C’est délicat pour nous, parce qu’Éric Zemmour partage un certain nombre de constats avec le RN, et en même temps c’est un concurrent dans la course présidentielle », a-t-il concédé. « La logique voudrait qu’il ne soit pas candidat, et qu’il soutienne Marine Le Pen si vraiment, sincèrement, il veut mettre fin à l’immigration débridée, s’il veut retrouver nos valeurs civilisationnelles, s’il veut protéger les Français et créer une priorité nationale », énumère le conseiller régional du Grand Est. « Il n’a pas choisi cette voie-là, alors forcément, c’est plus difficile à gérer. »
« Là où Éric Zemmour fait des constats, nous faisons des propositions ! »
Mais cet ancien proche de Nicolas Dupont-Aignan veut aussi faire montre de sérénité : « À six mois de l’élection, jamais les sondages n’ont donné la véritable image de ce que serait la présidentielle. » Quant à la relative discrétion de Marine Le Pen depuis la rentrée, il assure que la députée du Pas-de-Calais préfère ratisser le terrain pour capitaliser plutôt que de multiplier les interventions dans les médias. « La campagne de Marine Le Pen est ancrée dans le réel, un peu moins dans le virtuel. C’est un peu moins sur les plateaux de télé et dans les instituts de sondages, et un peu plus sur le sol français », résume Laurent Jacobelli.
Pour autant, la radicalité affichée par Éric Zemmour sur de nombreux sujets, comme l’immigration - l’un des chevaux de bataille du RN -, laisse penser que le polémiste grignote des intentions de vote jusqu’au sein d’une base électorale, que la politique de dédiabolisation conduite par la fille de Jean-Marie Le Pen a laissé perplexe. « Là où Éric Zemmour fait des constats, nous faisons des propositions ! », balaye Laurent Jacobelli, qui veut faire valoir la crédibilité des mesures portées par Marine Le Pen. « Il faut prendre du recul, regarder les projets, Marine Le Pen a un dialogue avec les Français », assure-t-il.
« Les électeurs préféreront toujours l’original à la copie. Être plus radical ne veut pas dire être plus réaliste », poursuit l’élu, qui tient à rappeler que le Front national, l’ancêtre du RN, « a porté l’immigration au cœur du débat politique, quand il s’agissait encore d’un gros mot ».