Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Heures supplémentaires : Macron relance le « travailler plus pour gagner plus » !
Par Jules Duribreu
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La mesure n’est pas nouvelle, Nicolas Sarkozy, durant son quinquennat, avait mis en place la défiscalisation des heures supplémentaires. La mesure, très populaire, avait été supprimée en 2010 par François Hollande.
Une mesure plus juste ?
Le gouvernement en garderait l’esprit, avec une différence toutefois par rapport à 2007. Il s’agit ici non plus de défiscaliser mais de “désocialiser”. Cela signifie que ni l’employeur ni le salarié ne paieront de cotisations sociales. Un changement positif pour le sénateur LREM Martin Lévrier. « La défiscalisation pouvait provoquer des incohérences, voire des injustices. Je trouve que la désocialisation, à l’inverse, est plus éthique, plus juste. La question, c’est de savoir si la mesure sera étendue à tous les salariés, cadres inclus.»
Un risque de dérapage budgétaire
Concernant l’entrée en application de cette mesure, le gouvernement vise le budget 2020. Principale raison évoquée pour justifier ce calendrier, la rigueur budgétaire et l’objectif de baisse du chômage. A titre de comparaison, la défiscalisation sous Nicolas Sarkozy avait coûté 4,5 milliards d’euros pour une suppression de 19.000 emplois. En effet, un employeur va être tenté de faire réaliser plus d’heures aux équipes qu’il a déjà, plutôt que d’embaucher de nouvelles personnes. La mesure a donc tendance à profiter plus aux salariés déjà en poste qu’aux chômeurs. Or, la baisse du taux de chômage à 7% est une des priorités d’Emmanuel Macron.
Avec un coût estimé à 3,5 milliards par an, cette “désocialisation” pourrait peser sur les comptes publiques, d'où la volonté du gouvernement de ne pas aller trop vite sur ce point, afin de respecter les objectifs de réduction de la dette et du chômage. En ce sens, Benjamin Griveaux l’a répété : « La France a une trajectoire budgétaire à tenir, des engagements pris vis-à-vis de nos partenaires européens. »
« On cherche à calmer l’opinion publique »
Pour le sénateur LR Philippe Dallier, c’est bien cette trajectoire budgétaire qui est en cause. « Je m’inquiète globalement de l’état des finances publiques de ce pays. Avec en plus la suppression complète de la taxe d’habitation, je me demande vraiment comment l’État va trouver cet argent. »
En outre, le sénateur estime que cette mesure est avant tout là pour calmer l’opinion publique. « Le gouvernement est pris au dépourvu, on a une débauche d’annonces qui vise à calmer l’opinion publique. Il y a le feu à la maison parce que l’affaire de la CSG est mal passée, et il s’agit de faire des annonces, aujourd’hui, en 2018, pour 2020, afin d’étouffer l’affaire. »
Une mesure qui suscite également un avis plus que mesuré de la part du sénateur communiste, Fabien Gay. « Je suis très partagé sur cette question. Il y a une réalité, c’est que le coup d'arrêt de cette mesure, sous le mandat de François Hollande, c’est un coup porté au pouvoir d’achat. Et pour certaines familles, une mesure comme celle-ci, ça peut sauver un mois. Mais quand on parle de ça, on ne parle pas de la principal chose, c’est le salaire. C’est ça la réalité. On se partage les clopinettes pendant que les autres, en haut, sabrent le champagne. »