Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».
Valérie Rabault espère « un rassemblement début janvier » autour de la candidate de la gauche
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« Je n’ai pas commenté cette primaire, je ne la commenterai pas plus. » Valérie Rabault a le sens de la prétérition, parce qu’avec les résultats d’hier à la primaire écologiste, les téléphones socialistes et écologistes ont dû chauffer. D’ailleurs la présidente du groupe socialiste de l’Assemblée nationale n’a pas besoin d’être beaucoup plus interrogée pour analyser les résultats de ce scrutin et y voir une division des écologistes, qui arrangerait bien les affaires des socialistes : « Dans le fond il y a deux blocs au sein des écologistes avec une vision plus radicale que d’autres. Cette primaire n’a pas permis de créer une majorité. »
Dialogue avec les écologistes : « Il a toujours existé, je souhaite qu’il continue »
Chez les soutiens d’Anne Hidalgo, on a poussé pour éviter une primaire ouverte façon écologistes ou façon « la belle alliance populaire » de 2017. Et si l’on suit l’analyse de Valérie Rabault du scrutin d’hier, on comprend pourquoi : « Une élection présidentielle se joue sur la capacité à rassembler une grande majorité de français qui ne partage pas 100 % de vos idées. Vous êtes donc censés rassembler très largement dans votre camp, ce qui n’a pas été le cas au 1er tour et pas le cas hier. »
La grille de lecture est claire, les primaires risquent de diviser la base, alors que pour lancer une campagne présidentielle, il faut déjà mobiliser son camp puis élargir « à l’ensemble des Français », et comment le faire quand la primaire s’est jouée à 2000 voix ? Si la procédure mise en place par les écologistes ne semble pas convaincre Valérie Rabault, la présidente du groupe socialiste à l’Assemblée nationale n’insulte pas l’avenir et affirme que « le dialogue a toujours existé » avec Yannick Jadot et qu’elle « souhaite qu’il continue. »
Miser sur la « dynamique » pour « rassembler », mais derrière qui ?
Valérie Rabault va même plus loin et distingue clairement deux phases à venir dans la prochaine élection présidentielle. D’abord « jusqu’à décembre », où socialistes et écologistes vont détailler leur « offre politique » qui sera « débattue » pour que « chacun pose ses idées dans le débat politique. » Ensuite, « à partir de janvier » va s’ouvrir une autre « phase », où « il va falloir qu’il y ait une stratégie » commune, qui « suppose un rassemblement pour que la candidate de la gauche puisse arriver au 2nd tour de la présidentielle. »
On le voit, Valérie Rabault ne ferme pas la porte à un ralliement écologiste, mais Yannick Jadot s’est déjà rangé derrière Benoît Hamon en 2017, peut-il vraiment le refaire en 2022 ? La présidente du groupe socialiste mise sur la dynamique de campagne jusqu’en janvier pour prendre la décision naturellement : « Ce n’est pas une phase statique, il y a une dynamique qui s’enclenche, je ne peux pas vous dire ce que seront les choses en décembre, mais j’espère cela donnera une dynamique à Anne Hidalgo. » Valérie Rabault veut s’appuyer sur les exemples de la fameuse nouvelle génération de maires socialistes, comme Michael Delafosse, maire PS de Montpellier qui a commencé à 7 % dans les sondages ou de la social-démocratie allemande où Olaf Scholz est effectivement parti de loin avant d’arriver en tête des élections fédérales dimanche.
« Vous ne pouvez pas éluder la dynamique de campagne », martèle-t-elle. Fort bien, mais tout miser sur la dynamique est un jeu dangereux. Si Yannick Jadot arrivait à rallier des élus du centre gauche, à progresser dans les sondages et à imposer ses thèmes, Anne Hidalgo se retrouverait peut-être dans la position de devoir renvoyer l’ascenseur à ses partenaires écologistes pour le désistement de 2017.