Images de vidéosurveillance effacées : ce qu’ont appris les sénateurs lors de leur visite au Stade de France

Images de vidéosurveillance effacées : ce qu’ont appris les sénateurs lors de leur visite au Stade de France

Les sénateurs ont appris, à l’occasion d’une visite au Stade de France, qu’un officier de police judiciaire et un substitut du procureur présents au PC de sécurité le soir de la finale de la Ligue des Champions auraient pu réquisitionner, et ainsi conserver, les images de vidéosurveillance qui ont été automatiquement détruites. « À tout le moins une faute grave », pour François-Noël Buffet, président de la commission des Lois.
Louis Mollier-Sabet

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« C’était une visite très enrichissante », confie François-Noël Buffet après la conférence de presse organisée par la commission des Lois et de la Culture au Stade de France ce jeudi après-midi. Et en effet, les sénatrices et sénateurs présents ont l’air d’avoir appris certaines choses qui permettent au président de la commission des Lois, après de nombreuses auditions, de dresser un premier bilan des travaux menés depuis le fiasco de l’organisation de la finale de la Ligue des Champions au Stade de France le 28 mai dernier.

« Si la proposition de la FFF avait été retenue, il est très probable que l’accès au stade aurait été mieux préparé »

Le premier enseignement qu’ont tiré les sénateurs de cette visite et de leurs auditions, notamment celle du préfet Cadot ce matin, c’est que la décision du préfet Lallement de ne pas mettre en place un « jalonnement » entre la ligne D et la ligne B du RER pour faire dévier une partie du flux de spectateurs de la première vers la deuxième, « est une vraie question. » En effet, avec une grève sur le RER B qui achemine d’habitude le plus grand nombre de supporters au Stade de France, le RER D a finalement déversé plus de monde que d’habitude vers une zone de préfiltrage deux fois plus réduite que celle du RER B.

C’est un problème connu depuis le début des incidents, mais, d’après François-Noël Buffet, il aurait pu être évité : « La FFF avait prévu un jalonnement pour diviser le flux de supporter du RER D en deux et en rediriger vers le RER B. Mais le préfet de police a demandé la suppression du dispositif. C’est probablement le dysfonctionnement le plus important. Si la proposition de la FFF avait été retenue, il est très probable que l’accès au stade aurait été mieux préparé, indépendamment des faux billets. » Pourquoi le préfet Lallement n’a-t-il pas évoqué ce choix lors de son audition devant les sénateurs ? Ce sera à lui de le dire. « C’est une vraie question qu’il n’en ait pas parlé, c’est pour ça qu’on n’a pas terminé notre travail », précise le président de la commission des Lois.

Suppression des images de vidéosurveillance : « Cela constitue à tout le moins une faute grave »

Mais le fait nouveau le plus « fondamental » qui ait été porté à la connaissance des sénateurs lors de leur visite au Stade de France concerne la fameuse suppression automatique des images de vidéosurveillance du Stade de France. Une suppression « légale », rappelle François-Noël Buffet, puisque tout opérateur peut conserver de telles images au maximum 30 jours, et décide du délai inférieur à ces 30 jours dans lequel ces images sont supprimées. Au Stade de France, les images sont automatiquement supprimées au bout d’une semaine, sauf si la justice les réquisitionne, auquel cas elles peuvent être conservées tant que la justice l’estime nécessaire. En l’occurrence, la FFF a appris aux sénateurs le 9 juin dernier qu’aucune autorité judiciaire n’a réquisitionné les images, qui ont par conséquent été détruites. Or les sénateurs ont appris aujourd’hui qu’un « représentant du procureur de la République » et « un commissaire de police ou un officier de police judiciaire » étaient présents le samedi 28 mai dans le PC de sécurité : « Nous avons appris qu’un officier de police judiciaire était présent dans les lieux. Il a le pouvoir de dire qu’il faut conserver les images. En plus, nous avons la présence, semble-t-il, d’un substitut du procureur de la République. Est-il là tout le temps ou pas, je n’affirme rien, nous devons vérifier. Mais deux autorités qui ont la capacité de conserver les images sont présentes. »

Face à l’utilité qu’auraient eue ces images pour analyser la situation et « vérifier » les explications des différentes autorités responsables de l’organisation du match, François-Noël Buffet, ne mâche pas ces mots sur ce qui « constitue » pour lui « à tout le moins une faute grave » : « Personne n’a eu l’idée ou l’intention de vouloir conserver ces images. C’est incontestablement un élément très préoccupant pour nous, il est incompréhensible que personne n’ait dit quelque chose. Ce n’est pas possible, et c’est inadmissible. » Le président de la commission de la culture, Laurent Lafon, lui emboîte le pas : « Ce qui interpelle c’est que personne n’ait eu la lucidité de demander à conserver ces images. » Mais alors est-on encore dans l’erreur, ou bien y a-t-il eu volonté de dissimuler certaines images ? « Je ne peux pas vous dire ça parce que je ne pourrais pas vous le prouver », répond sobrement François-Noël Buffet. Toujours est-il que les images de la préfecture de police ont, elles, a priori été conservées, mais comme depuis l’audition de la FFF, le procureur de la République les a, une fois n’est pas coutume, saisies, les sénateurs attendent les autorisations nécessaires pour les regarder. Espérons que cette fois, personne n’oublie les procédures à enclencher.

Les associations de supporters anglais et espagnols devraient en tout être auditionnées la semaine prochaine.

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