La majorité a salué lundi l'ouverture d'un débat sur les quotas en matière d'immigration, lancé dimanche par le ministre de l'Intérieur Christophe Castaner, la gauche y voyant elle une manoeuvre politique pour séduire l'électorat de droite et du RN.
"Il ne faut pas avoir peur des mots, si on commence avant même le débat à se dire : attention, il ne faut pas qu'on utilise tel mot parce qu'on aurait peur de son utilisation, notamment le mot quota, dans ce cas-là, ce débat ne sert à rien", a estimé la porte-parole de LREM Aurore Bergé sur BFMTV et RMC.
"Peut-être que sur l'immigration économique des quotas pourraient être efficaces pour permettre à ceux qui souhaitent venir en France de savoir s'ils pourront y être accueillis, s'il y aura un débouché, (...) un travail à la clé", a plaidé la députée des Yvelines, qui ne souhaite pas en revanche appliquer ce principe à l'immigration familiale.
"Il y a une logique à continuer à faire venir des gens, ceux qui vous disent : il faut une immigration zéro", comme le Rassemblement national, "c'est un leurre", a-t-elle ajouté.
"Ce qu'a ouvert Christophe Castaner, c'est de dire: est-ce qu'en matière d'immigration professionnelle, de gens qui viennent pour travailler dans notre pays de manière légale, on ne peut pas fixer des objectifs, on ne peut pas avoir une politique publique plus construite qu'aujourd'hui. Ça c'est serein, c'est sain, c'est objectif et ce n'est pas agiter des chiffons rouges", a abondé l'un des chefs de file de l'aile gauche de LREM le député Aurélien Taché sur BFMTV.
Christophe Castaner a relancé dimanche le débat sur l'épineux sujet des quotas d'immigration, hors demandeurs d'asile, juste après l'annonce par Edouard Philippe d'un débat annuel sur cette question, dont le premier est prévu en septembre.
Evolution des migrants morts en tentant de traverser la Méditerranée depuis 2013 et arrivée de migrants par pays en 2018
AFP
L'idée des quotas a été régulièrement défendue par Les Républicains. "Quotas d’immigrants, refonte du droit d’asile, contrôles de l’entrée sur le territoire, mesures d’éloignement pour les déboutés... Si le gouvernement agit vraiment dans ces domaines, il nous trouvera à ses côtés... En espérant qu’il ne s’agit pas seulement d’incantations électoralistes", a commenté sur Twitter le sénateur LR Roger Karoutchi.
"C'est un sujet qui permet de ne pas parler d'autre chose, qui permet de penser que le problème c'est aujourd'hui les immigrés, non pas le chômage, non pas la question du partage des richesses", a critiqué le député LFI de Seine-Saint-Denis Eric Coquerel sur France 2.
"C'est un sujet aussi qui alimente le Rassemblement national et, paradoxalement, je pense que ce pouvoir a intérêt à alimenter le RN", a-t-il accusé.
Olivier Faure, le premier secrétaire du PS, estime que "le pouvoir cherche, dans un glissement vers la droite, à séduire un électorat qui devient son électorat de prédilection".
Selon lui, ces quotas ne pourraient s'appliquer qu'à l'immigration de travail, qui est moins importante que l'immigration familiale et qui est déjà contrôlée. Ils "nourrissent un autre fantasme, qui est d'en finir avec l'immigration tout court, et qui est le fantasme de l'extrême droite", a-t-il ajouté sur Radio Classique.
Karima Delli, députée européenne EELV, a appelé sur RFI M. Castaner à mettre en place "une nouvelle politique d'asile et une nouvelle politique d'accueil" et "à faire en sorte qu'on retrouve l'honneur de la France, patrie des droits de l'Homme".
Le Rassemblement national est opposé aux quotas, les jugeant inutiles "parce que les gens arrivent et ne repartent pas, parce qu'il n'y a pas de frontières", a dénoncé le député du Nord RN Sébastien Chenu sur LCI.
La cheffe du RN Marine Le Pen a dénoncé dimanche "un moyen d'endormir les électeurs". "Nicolas Sarkozy nous avait déjà fait ce coup-là pour essayer de faire passer la pilule d'une immigration légale de plus en plus importante", a-t-elle ironisé.
Alors que la France rend hommage aux victimes des attentats de Paris de 2015, le ministre de l’Intérieur a appelé les préfets à « renforcer les mesures de vigilance ». Le procureur national antiterroriste (Pnat) Olivier Christen, indique même que la menace terroriste, jihadiste, d’ultradroite ou émanant d’Etats étrangers « s’accroît ».
Dix ans après le traumatisme des attentats du 13 novembre 2015, le cadre juridique permettant la prévention et la répression d’actes terroristes a largement évolué. Après les attaques du Bataclan, des terrasses parisiennes et du Stade de France ayant fait 131 morts et plus de 400 blessés, la France avait basculé dans l’état d’urgence, un régime juridique d’exception qui a influencé les évolutions législatives.
A l’approche de l’examen du budget, le ministre de l’Intérieur, Laurent Nunez était auditionné par commission des lois du Sénat a présenté des crédits en hausse pour la mission sécurité et immigration de son ministère. Il en a profité pour confirmer que l’objectif 3 000 places en des centres de rétention administrative, initialement prévu pour 2027, ne sera pas tenu, comme l’avait révélé un rapport du Sénat.
Les sénateurs Bernard Jomier et Grégory Blanc (Place Publique) ont déposé un amendement au projet de loi de finances 2026, visant à élargir la liberté des légataires dans la transmission de leur patrimoine, pour favoriser les donations aux causes d’intérêt général. De quoi permettre un débat « le plus large possible » selon les élus, dans une séquence budgétaire intense.