Industrie : le Sénat décidé à « faire gagner la France »

Industrie : le Sénat décidé à « faire gagner la France »

La mission d’information sénatoriale sur la politique industrielle française a rendu ce mercredi son rapport. Face à la concurrence et aux difficultés du secteur, les sénateurs proposent 45 mesures pour lui redonner une compétitivité aujourd’hui en berne.
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Par Adrien Develay

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« Est-ce qu’on veut que la France reste une grande nation industrielle ? » Martial Bourquin, sénateur socialiste du Doubs et rapporteur de la mission d’information, lance un encouragement en forme d’alerte. Avec son collègue le sénateur (rattaché LR) de Haute-Garonne Alain Chatillon, ils ont livré mercredi leur rapport sur l’industrie française. À la fin d’une mission de cinq mois, les deux sénateurs ont fourni un plan de 45 propositions pour relancer le secteur industriel français.

Quatre axes pour créer un écosystème industriel favorable en France

Les propositions du Sénat s’articulent autour de quatre axes de réformes. Le premier : le rapprochement des entreprises d’une même filière pour encourager les coopérations. « Ce que nous voulons, c’est qu’à travers des pôles de compétitivité, grâce à l’appui des régions et de l’État, les entreprises puissent se rapprocher notamment au niveau de la recherche et du développement », précise le Sénateur Alain Chatillon.

Les sénateurs préconisent également une revalorisation de l’image de la filière industrielle. Trop peu mise en valeur, souffrant de nombreuses idées préconçues, elle peine à embaucher, « alors que la demande existe », insiste Martial Bourquin. « Les salaires sont parfois meilleurs dans l’industrie que dans les métiers de service. » « Il faut mieux accompagner les jeunes au niveau de la formation, pour leur donner envie d’y travailler », ajoute A. Chatillon.

Le rapport met aussi l’accent sur la nécessité de revoir la fiscalité des petites et moyennes entreprises (PME) et des entreprises de tailles intermédiaires (ETI). « Ce sont les PME qui créent de l’emploi en France, explique le sénateur Alain Chatillon, or il y en a quatre fois moins qu’en Allemagne, cela doit changer. » Pour le sénateur Martial Bourquin, cette aide fiscale doit également passer par la remise en place du sur-amortissement, soit la défiscalisation de 40% sur les investissements des entreprises. « L’arrêter en avril 2018 » a été une erreur estime le sénateur

"Il faut remettre en place le sur-amortissement pour les PME"
00:44

Enfin, le Sénat insiste sur la nécessité d’un rapport plus étroit entre les pays européens, notamment l’Allemagne et la France. « Nous sommes face à une puissance américaine qui dépasse parfois les limites dans ses décisions, et face à une puissance chinoise qui continue de se développer », expose Alain Chatillon. « Il faut que l’Allemagne et la France accompagnent ensemble leurs entreprises. »

La fusion Alstom/Siemens, l’exemple de coopération qui inquiète le Sénat

Les sénateurs croient en la coopération franco-allemande, même si les conditions de la fusion du fleuron français Alstom et de l’entreprise allemande Siemens ne leur conviennent pas. L'annonce du projet en septembre dernier n’avait pas plu à une partie de la classe politique, qui dénonçait alors une prise de contrôle totale par le groupe allemand. « Il nous faut un champion du rail européen. Siemens va prendre le contrôle Alstom pour zéro euro ! » s’insurgeait en avril Martial Bourquin.

Les sénateurs, qui auraient souhaité un « Airbus ferroviaire », avaient soumis au ministre de l’économie Bruno Le Maire des propositions pour « un rééquilibrage de l’accord, avec deux États, deux groupes, et une filiale commune, à l’instar de ce qu’il se fait dans l’aéronautique et l’aérospatial, » explique M. Bourquin. « Un équilibre à la Airbus nous paraît essentiel », ajoute son collègue Alain Chatillon.

Fusion Alstom Siemens: "Nous voulons un rééquilibrage" affirme Alain Chatillon
00:38

Le 28 mai dernier, le ministère de l’économie a donné son feu vert à la fusion. Pour autant, le rapprochement d’Alstom et Siemens pourrait prendre du retard. Annoncé initialement pour l’année 2018, il pourrait n’intervenir qu’au premier semestre 2019, a annoncé le constructeur ferroviaire français le 8 juin.

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