Le Premier ministre a annoncé plusieurs mesures relatives à l’école, la famille et les réseaux sociaux dans le cadre d’un discours où il a demandé un « sursaut d’autorité ». Si le diagnostic sur la violence des jeunes est partagé par les sénateurs de tous bords, ils veulent maintenant savoir comment cela se traduira concrètement.
Inscrire l’IVG dans la Constitution : « Si ce texte était présenté, je voterais pour, mais quel est l’intérêt ? », interroge Bardella
Par Romain David
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Le débat sur le droit à l’IVG, ramené sur le devant de la scène par l’actualité internationale, embarrasse le Rassemblement national. Alors que la cour suprême américaine a révoqué ce droit au niveau fédéral, ouvrant la voie à son interdiction dans certains Etats, en France plusieurs familles politiques réclament une inscription du droit à l’IVG dans la Constitution, afin de le sanctuariser. La députée Aurore Bergé a annoncé que Renaissance (ex-LREM), allait déposer une proposition de loi en ce sens sur le bureau de l’Assemblée nationale. Côté Sénat, les élus CRCE (Groupe Communiste républicain citoyen et Écologiste) et ceux du groupe socialiste ont chacun présenté un texte en ce sens. Mais quid de la position du RN ? Officiellement, le parti de Marine Le Pen ne s’oppose pas à la loi Veil, mais les positions passées des uns et des autres l’amènent à rester plutôt discret sur cette question.
« Aucun mouvement politique sérieux, d’ampleur en France, ne remet en cause la loi Veil, et heureusement ! », a estimé Jordan Bardella, le président par intérim du RN, vendredi au micro d’« Extra Local » sur Public Sénat. « La loi Veil doit être garantie et protégée, mais personne dans la classe politique, personne au sein même de l’hémicycle ne propose une remise en cause. Je veux bien qu’on l’inscrive dans la Constitution. Si ce texte était présenté, je voterais pour. Mais, quel est l’intérêt ? », interroge ce proche de Marine Le Pen.
Des prises de position qui interrogent au sein du RN
Plusieurs des 89 élus du RN qui ont pris place dans l’hémicycle cette semaine se sont illustrés par des positions anti-IVG ces dernières années. Le journal Le Monde rappelle notamment qu’en juin 2021, les députés européens du RN, dont trois siègent désormais au Palais Bourbon, ont voté contre une résolution de l’Union en faveur d’un « accès universel à un avortement sûr et légal ». Le journal du soir évoque également le cas de Caroline Parmentier, nouvelle députée du Pas-de-Calais, ancienne attachée presse de Marine Le Pen, qui « militait contre l’IVG dans ses billets » pour le quotidien national catholique Présent. Par ailleurs, durant la campagne présidentielle de 2012, Marine Le Pen avait dénoncé sur France 2 ce qu’elle qualifiait à l’époque d’« avortements de confort » - « Il y en a deux sur dix, aujourd’hui, qui se servent de l’avortement comme d’un véritable moyen contraceptif », assurait-elle -, réclamant leur déremboursement.
Pour Jordan Bardella, la constitutionnalisation de l’avortement est « un sujet de diversion », alors que l’exécutif cherche des soutiens parmi les oppositions avant de présenter devant le Parlement deux textes susceptibles d’agiter les débats : l’un autour de l’inflation, l’autre sur la lutte contre le covid-19. « La France n’est pas le 51e Etat des Etats-Unis. L’agenda politique français, à l’heure de l’urgence sociale et du pouvoir d’achat, n’a pas à s’adapter à ce qu'il se passe aux Etats-Unis », s’agace l’eurodéputé.