Interview d’Emmanuel Macron : « Très bavard, très long et très creux », tacle le RN Jean-Philippe Tanguy

Interview d’Emmanuel Macron : « Très bavard, très long et très creux », tacle le RN Jean-Philippe Tanguy

Invité ce jeudi de la matinale de Public Sénat, le député RN de la Somme, Jean-Philippe Tanguy, estime que les annonces faites par Emmanuel Macron ne sont pas à la hauteur de « la crise sociale, économique et sécuritaire », que traverse selon lui la France. Par ailleurs, le groupe RN à l’Assemblée nationale pourrait déposer dans la journée une nouvelle motion de censure, alors qu’Elisabeth Borne a actionné mercredi soir  une nouvelle fois le 49.3 sur le budget de la Sécurité sociale.
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Emmanuel Macron assure qu’il va « protéger les plus faibles » face à la « tempête » économique qui se profile. Dans une interview accordée à France 2 mercredi 26 octobre, le président de la République a annoncé plusieurs mesures pour permettre aux Français de traverser la crise de l’énergie. Il a notamment évoqué la mise en place d’un mécanisme d’amortissement pour les collectivités et les PME, et des mesures ciblées sur les ménages les plus modestes, alors que la prolongation du bouclier tarifaire devrait limiter à 15 % la hausse des prix du gaz et de l’électricité. « C’est cela, mon cap, une France plus forte pour être plus juste et plus apaisée, et il n’y en aura pas d’autre », a souligné Emmanuel Macron.

« Je pense que nous sommes nombreux à ne pas voir où le président veut nous emmener, où il veut emmener le pays. Je l’ai trouvé très bavard, très long et très creux. Il y avait très peu de mesures annoncées et aucun changement majeur », a réagi le député du Rassemblement national Jean-Philippe Tanguy, qui était invité ce jeudi de « Bonjour chez vous », la matinale de Public Sénat. « Que fait-il depuis sa réélection ? C’est une question qui revient très souvent dans ma circonscription, il y a un sentiment d’inertie à la tête de l’Etat, les gens ne savent pas ce qu'il se passe et ont l’impression que la réaction de l’Etat face à la crise sociale, économique et sécuritaire est totalement absente », relève cet élu de la Somme.

« Des petites mesures, techniques »

Jean-Philippe Tanguy réclame une remise à plat de la politique du chef de l’Etat. « La crise de l’inflation remet en cause les grands éléments du macronisme, sur le libéralisme, le commerce international, le fait que l’on ne maîtrise pas des ressources souveraines... Il faudrait revoir de fond en comble la façon dont il envisage l’économie française », explique-t-il. À ses yeux, les annonces faites par le président sont « des petites mesures, techniques ». « Surtout, il ne s’attaque jamais aux causes de la crise […] comme les règles européennes stupides sur le prix de l’électricité qui font que nous payons 5 à 6 fois le prix que nous devrions payer.

Alors qu’Emmanuel Macron s’est félicité d’avoir baissé les impôts, Jean-Philippe Tanguy lui reproche « d’avoir établi un record de prélèvements obligatoires ». « Il fait croire qu’il a baissé les impôts avec la suppression de la taxe d’habitation, mais sa spécialité est de prendre d’une main aux classes moyennes et populaires ce qu’il donne aux classes privilégiées. Les impôts ont baissé pour les grandes entreprises et les fortunes. » Concernant la réforme des retraites, et le recul de l’âge de départ, le président fixe le cap à 65 ans à l’horizon 2031, mais se dit « ouvert » à un report de l’âge de départ à 64 ans, en cas de consensus sur un allongement de la durée de cotisation. Jean-Philippe Tanguy raille « le pas de deux » de l’exécutif sur cette réforme, dont les premières bases ont été posées sous le précédent quinquennat. « Beaucoup de Français ne peuvent pas travailler aussi longtemps. Dans ma région des Hauts-de-France, les métiers sont souvent très durs et très physiques », objecte-t-il.

Vers une nouvelle motion de censure ?

Après s’être rallié à la dernière minute à la motion de censure déposée par la Nupes en début de semaine, le Rassemblement national pourrait à nouveau tenter de faire tomber le gouvernement après une nouvelle utilisation du 49.3, mercredi soir par la Première ministre Élisabeth Borne, pour faire passer le projet de loi de financement de la Sécurité sociale.  « Les députés RN ne s’interdisent pas du tout de déposer une nouvelle motion de censure », indique Jean-Philippe Tanguy. Mais le groupe, qui devrait trancher cette question dans la matinée, ne veut pas développer de « réflexes pavloviens », précise notre invité. « On veut de la liberté d’action, et pas des automatismes comme ceux de la Nupes », conclut-il.

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