« Je m’appelle François Fillon pas François Hollande ! »

« Je m’appelle François Fillon pas François Hollande ! »

La « grande famille » des Républicains était réunie ce samedi à la maison de la mutualité à Paris. L’occasion pour François Fillon de répondre aux critiques qui pointent dans son propre camp. « J’attends de mon parti de la responsabilité et de la discipline » a-t-il rappelé.
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Après une semaine quelque peu mouvementée, marquée notamment par des critiques de son camp sur le non-cumul des mandats ou la défiscalisation des heures supplémentaires, François Fillon a rappelé ses troupes à l’ordre. Investi officiellement par son parti à la maison de la mutualité à Paris, le candidat LR a délivré un message limpide : « pas de calcul, pas de dispersion, pas d’égo, je n’ai qu’un mot d’ordre : unité et engagement total pour la victoire ! ».

Laurent Wauquiez n’est pas un « clone » de François Fillon

Pendant plus d’une demi-heure, l’ancien Premier ministre a distillé ce message tout au long de son discours. « Il m’arrive d’entendre certains à droite utiliser les mêmes mots que la gauche... Que ma victoire ait pu décevoir certains je puis le concevoir, mais j’attends de mon parti de la responsabilité et de la discipline » a-t-il martelé provocant les applaudissements crispés de Laurent Wauquiez. Principal visé, le président de la région Auvergne Rhône-Alpes avait reproché cette semaine à François Fillon son refus de revenir sur la défiscalisation des heures supplémentaires. Quelques minutes plus tôt et sous des applaudissements nourris, Laurent Wauquiez avait sauvé les apparences, assurant d’abord de son « soutien » le vainqueur de la primaire, puis livrant sa définition toute personnelle de « l’unité » qui « n’est pas l’uniformité ». « Tu n’as pas besoin de clones autour de toi. C’est cette diversité qui fera notre force » a-t-il estimé. Peine perdu, c’est un nouveau rejet catégorique que François Fillon a détaillé à la tribune, n’oubliant pas au passage d’égratigner Nicolas Sarkozy. «  En 2007, nous avions introduit la défiscalisation des heures supplémentaires pour assouplir les 35 heures. On avait aménagé le symbole. Nous savons que cela n’a pas permis de restaurer la compétitivité de notre économie et de réduire le chômage ». Quelques minutes plus tôt,  le nouveau secrétaire général des Républicains, Bernard Accoyer avait lui été encore plus cinglant à l’égard de Laurent Wauquiez. « Quand on a une suggestion à faire à notre candidat, c’est à lui que nous la faisons, pas devant un micro. C’est cela qui différencie l’action individuelle au service d’une stratégie personnelle, de l’intérêt collectif au service de notre candidat ».

« Le message d’équité d’Alain Juppé doit également continuer à vivre »

 « La meilleure politique sociale, c’est celle qui donne du boulot à ceux qui n’en n’ont pas » a souligné François Fillon, conscient qu’il lui faudra adresser d’autres signes en faveur des classes populaires dans les prochaines semaines. « Il faut travailler tous pour produire plus et gagner plus ». « Je baisserai massivement les charges qui pèsent sur le coût du travail et sur la feuille de paye »a-t-il évoqué. Régulièrement associé à l’image d’un pourfendeur de la fonction publique, Il tempère : « sur 5 millions et demi d’agents publics, j’en réduis le nombre de 8% sur un quinquennat ». « Je ne mets pas fin à l’administration française ». Le sénateur LR Jean-Baptiste Lemoyne, soutien d’Alain Juppé lors de la Primaire, considère que si « le message de radicalité de François Fillon doit se poursuivre » « le message d’équité » que portait le maire de Bordeaux « doit également continuer à vivre ». « Naturellement, ça part de la colonne vertébrale qu’est le programme de François Fillon, auquel nous apportons chacun nos sensibilités, mais de façon positive » précise-t-il

Jean-Baptiste Lemoyne: "le message de radicalité de François Fillon doit se poursuivre »
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Pas un mot sur la santé

Après son mea culpa sur son programme santé, François Fillon a, ce samedi, soigneusement évité le sujet. Tout juste scande-t-il : « ce projet, je vais l’expliquer, je vais le préciser, l’enrichir de vos meilleures idées mais pas de zigzags, pas de camomille. Je m’appelle François Fillon pas François Hollande ».Pour mémoire, l’ancien Premier ministre écrivait, il y a peu, que « pour assurer la pérennité de notre système de santé », il fallait « focaliser l'assurance publique universelle sur des affections graves ou de longue durée, et l'assurance privée sur le reste ».  Sa porte porte-parole, Valérie Boyer  annonce « une phase de consultation » qui pourrait aboutir « dans le courant du mois de février ». « Je pense que c’est nécessaire, compte tenu de la polémique de malentendus, qu’on approfondisse le programme et surtout qu’on apporte des précisions. C’est un sujet qui est primordial pour les Français » reconnait la députée LR. (voir la vidéo).

Valérie Boyer: "je pense que c’est nécessaire qu’on approfondisse le programme et surtout qu’on apporte des précisions"
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Le non-cumul des mandats encore douloureux chez les Républicains

Autre sujet de polémique dans les rangs de la droite, celui du non-cumul des mandats. « Comment nos concitoyens pourraient-ils comprendre que nous nous occupions de nous-mêmes au lieu de nous occuper d’eux. Je vous le dis aujourd‘hui, avec franchise et amitié : ce serait un bien mauvais début de mandat, pour moi comme pour tous les parlementaires de notre majorité » a une nouvelle fois rappelé François Fillon. Mardi, Jean-François Copé avait qualifié « d’énorme erreur » sa volonté de ne pas revenir sur non-cumul des mandats. Egalement opposé à cette loi, le patron des députés LR, Christian Jacob n’y a pas fait allusion lors de son discours. Interrogé par publicsenat.fr, le trésorier du parti, Daniel Fasquelle estime, quant à lui, que le non-cumul ne pourra se faire sans une réduction du nombre de parlementaires. « Sinon, il y aura encore plus d’élus, chaque strate administrative va être renforcée. On va aggraver la dépense publique. Et on va couper les élus nationaux du terrain, ce qui n’est évidement pas souhaitable ».

« Ne donnons pas de nous une image vieillotte et misogyne »

Le conseil national LR était aussi l’occasion pour ses dirigeants de faire un point sur les investitures aux prochaines législatives. « «Ne donnons pas de nous une image vieillotte et misogyne » a enjoint François Fillon avant d’ajouter qu’il veillerait à ce que « le nombre de femmes investies aux législatives soit en augmentation significative ».  Soupçonné d’accointance avec Emmanuel Macron, le député des Français établis hors de France, Frédéric Lefebvre a lui vu son investiture suspendue, en attendant de plus amples preuves de  son soutien à l’égard de François Fillon. « Je me demande ce qui anime ceux qui ont alimenté cette polémique contre moi, contre l’homme que je suis et contre l’ami que j’ai été » a-t-il déclaré, amer, à publicsenat.fr.

« Tous unis derrière François Fillon », c’est le message distillé en creux durant cette matinée. Pour de nouvelles propositions, ou plutôt pour « un enrichissement » du projet, il faudra attendre le dimanche 29 décembre, date du prochain grand meeting de François Fillon et du deuxième tour de la primaire de gauche…

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