Le Parti socialiste demande que le discours d’Emmanuel Macron sur l’Europe, prononcé jeudi 25 avril à la Sorbonne, soit décompté des temps de parole et inscrit dans les comptes de campagne de la majorité présidentielle. Pour le patron du PS, invité de Public Sénat, le chef de l’Etat est devenu « candidat à cette élection européenne ».
« Je pense qu’il faut travailler avec la majorité », estime le sénateur centriste Hervé Marseille
Par Romain David
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Les centristes s’interrogent sur le rôle qu’ils auront à jouer face à la recomposition politique. Alors que certains sénateurs centristes ont eu du mal à se reconnaître dans la ligne, trop droitière selon eux, défendue par Valérie Pécresse durant la campagne présidentielle, d’autres ont appelé à voter pour Emmanuel Macron dès le premier tour. Aujourd’hui, le groupe, qui forme avec les Les Républicains l’actuelle majorité sénatoriale, pourrait être amené à pencher vers le camp d’Emmanuel Macron, sans pour autant renoncer à son indépendance. « La proximité des sénateurs centristes avec la majorité s’est renforcée », a estimé Hervé Marseille, le président du groupe Union centriste au Sénat, lundi matin au micro de « Bonjour chez vous » sur Public Sénat. « Une vingtaine de sénateurs ont appelé à voter pour Emmanuel Macron au premier tour de l’élection présidentielle. C’est un fait. Il y a une volonté de liberté, d’être utile, de travailler sur les textes, et de ne pas participer à des opérations de vote systématique et antagoniste », constate ce membre de l’UDI.
Une droite… trop à droite ?
Il explique l’échec de Valérie Pécresse à la présidentielle – sèchement éliminée dès le premier tour sans parvenir à atteindre le seuil symbolique des 5 % – par l’influence de personnalités attachées à une ligne conservatrice et identitaire au sein des Républicains, comme le député des Alpes-Maritimes Éric Ciotti. « Je crois que la ligne la plus dure a pris les choses en main, et à partir de là, l’espace au centre a été déserté et occupé par Emmanuel Macron. C’est un choix qui a été fait, on a vu qu’il n’était pas probant », analyse Hervé Marseille. « Nous ne sommes pas obsédés par le foulard, l’immigration ou la sécurité », poursuit notre invité. « Cela fait partie des choses qu’il faut traiter, mais ce n’est pas un problème du quotidien. Il y a des problèmes de pouvoir d’achat, de réforme de l’Europe, des problèmes sociaux, territoriaux. Nous y sommes attachés. »
« Je pense qu’il faut travailler avec la majorité », poursuit Hervé Marseille pour qui l’échiquier politique, au lendemain de la réélection d’Emmanuel Macron et à un mois et demi des législatives, apparaît scindé en trois groupes. « Aujourd’hui, il y a trois blocs : un bloc tiré par Monsieur Mélenchon, qui s’organise pour des candidatures uniques aux législatives, Marine Le Pen à droite, et un bloc central », constate-t-il. Et d’ajouter, « j’ai du mal à voir comment on se différencie du bloc central ». « Nos électeurs sont pour beaucoup chez Emmanuel Macron ; Une grande partie des gens, à l’UDI, a des proximités avec la majorité », ajoute l’ancien maire de Meudon.
Pour les législatives, « pas d’accord général avec LR »
Jean-Luc Mélenchon, le leader de la France insoumise, vient de trouver un accord avec les écologistes. Alors qu’il espère encore rassembler socialistes et communistes derrière lui pour décrocher une majorité à l’Assemblée nationale, Hervé Marseille estime que « la gauche » reste le principal adversaire des centristes aux législatives. « Aujourd’hui, il y a des situations très particulières suivant les départements, il n’y a pas d’accord général avec LR », précise-t-il. Il veut toutefois défendre une forme de pragmatisme : « Au Sénat nous sommes libres, on veut être indépendants et utiles. On verra bien qui gagnera les législatives et quels textes nous seront proposés. »