Jean Castex, un « couteau suisse » pour préparer le déconfinement
Haut fonctionnaire chevronné et maire d'une petite ville, Jean Castex, désigné pour préparer le déconfinement, allie connaissance...

Jean Castex, un « couteau suisse » pour préparer le déconfinement

Haut fonctionnaire chevronné et maire d'une petite ville, Jean Castex, désigné pour préparer le déconfinement, allie connaissance...
Public Sénat

Par Claire GALLEN

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Haut fonctionnaire chevronné et maire d'une petite ville, Jean Castex, désigné pour préparer le déconfinement, allie connaissance du terrain et maîtrise des rouages de l'administration, des atouts précieux pour piloter la délicate période de la sortie de crise.

Le nouveau "M. Déconfinement", un proche de Nicolas Sarkozy âgé de 54 ans, est "un haut fonctionnaire qui connaît parfaitement le monde de la santé et qui est redoutable d'efficacité", a résumé jeudi 2 avril le Premier ministre Edouard Philippe en annonçant sa nomination.

A ce poste, le maire LR de Prades (Pyrénées-orientales) devra plancher sur "plusieurs scenarii", afin de répondre à cette question "essentielle" : "Comment décidons-nous de vivre en déconfinement avec une maladie dont il est quasiment acquis qu'elle n'aura pas totalement disparu au moment où nous allons procéder au déconfinement?"

Pour résoudre ce casse tête, l'énarque habitué des dossiers complexes peut s'appuyer sur une vie professionnelle et politique très largement orientée vers le secteur social et la santé.

"C'est un vrai couteau suisse, il a des connexions un peu partout, il sait faire ce qu'il faut faire au bon endroit", assure Franck Louvrier, l'ancien conseiller de Nicolas Sarkozy.

Peu connu du grand public, Jean Castex connaît notamment très bien le secteur hospitalier pour avoir été en 2005-2006 directeur de l'hospitalisation et de l'organisation des soins au ministère des Solidarités et de la Cohésion sociale.

Il devient ensuite directeur de cabinet de Xavier Bertrand à deux reprises, d'abord au ministère de la Santé (2006-2007) puis au Travail (2007-2008).

"Le premier plan pandémie, c'est Jean Castex qui est dircab" à l'époque du virus H5N1, rappelle Xavier Bertrand, en soulignant que "l'OMS avait alors indiqué qu'on était un des pays le mieux préparés au monde".

"Le côté +je vous mets en place un plan qui ne fonctionne pas sur le terrain+ ce n'est vraiment pas le genre de la maison Castex", ajoute-t-il, en louant "les idées claires et le franc-parler" de cet "énarque rectifié élu local".

- "le pouls du pays" -

Rue de Grenelle, Jean Castex a aussi eu à gérer des dossiers délicats, notamment le service minimum dans les transports et la réforme des régimes spéciaux de retraite.

Il laisse à l'époque chez ses interlocuteurs des centrales syndicales le souvenir d'un homme "disponible" et "avenant" même s'il "cache une certaine fermeté", avec "une excellente connaissance de ses dossiers", "quelqu'un avec qui on peut discuter".

"Politiquement, je suis de droite et je l'assume parfaitement", soulignait alors ce membre de la cour des Comptes.

Membre des Républicains, il soutient la candidature de François Fillon pour la présidence de l'UMP lors du congrès d'automne 2012.

Mais il sait aussi se ménager des appuis à La République en marche: son nom avait un temps circulé fin 2018 pour devenir ministre de l'Intérieur après le départ de Gérard Collomb. L'ex-socialiste Christophe Castaner avait finalement été préféré à Jean Castex, ancien secrétaire général adjoint de l'Elysée sous Nicolas Sarkozy.

Il était jusqu'à sa nomination délégué interministériel aux Jeux Olympiques de Paris-2024 et aux grands événements sportifs, et présidait également l'Agence nationale du sport.

Conseiller régional de Languedoc-Roussillon de 2010 à 2015, il est battu aux législatives de 2012 par la candidate PS Ségolène Neuville.

Depuis 2008 maire de Prades, qui l'a très largement réélu en mars dernier (76%), ce père de quatre filles a conservé l'accent du sud et reste attaché à son Gers natal, où il n'avait pas renoncé à passer les week-ends lorsqu'il était à l'Elysée.

En lui donnant "le pouls du pays", cet ancrage territorial pourrait s'avérer un "atout maître" pour préparer le déconfinement, estime Franck Louvrier: "c'est précieux" car il faudra "emporter l'adhésion de tous ceux qui décident localement".

Mais Jean Castex "n'arrivera pas avec une solution miracle tout de suite", avertit Xavier Bertrand, car "tout le monde a compris que les conditions de sortie du confinement seraient aussi fonction du nombre de masques et des tests".

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