Selon un sondage Ifop, seuls 44 % des électeurs français prévoient de se rendre aux urnes le 9 juin. Dans un scrutin européen marqué par l’abstention, le vote des jeunes sera particulièrement scruté. En 2019, leur mobilisation tardive avait fait grimper le vote écologiste. Feront-ils mentir les sondages en 2024 ?
« Jean-Luc Mélenchon est antisocial » pour Philippe Ballard (RN)
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« On n’est pas comme M. Mélenchon. » Dans la bouche de Philippe Ballard, porte-parole du Rassemblement national, ces mots surprennent assez peu. La suite un peu plus : « Il est antisocial Mélenchon. »
« Quelqu’un qui aura travaillé 34-35 ans pourra aussi partir à 60 ans »
Philippe Ballard justifie ce qualificatif « d’antisocial » par la réforme des retraites proposée par Jean-Luc Mélenchon : « Il veut la retraite pour 60 ans pour tout le monde. Alors quelqu’un qui commence à travailler à 20 ans pourra partir à 60 ans avec 40 annuités. Quelqu’un qui rentre dans la vie active à 25-26-27 ans et qui, a priori, a fait des études et aura un métier moins pénible – il aura un bureau avec des moulures au plafond, la clim l’été et le chauffage l’hiver, contrairement à quelqu’un qui travaille sur des chantiers – pourra partir à 60 ans aussi. Autrement dit quelqu’un qui aura travaillé 34-35 ans pourra aussi partir à 60 ans. C’est de l’injustice sociale. » Le candidat RN aux législatives dans l’Oise « renvoie à l’interview de Jean-Luc Mélenchon » au 20h de France 2 le 6 mai, « où il a dit qu’une personne qui a commencé à travailler à 23 ans – c’était l’âge qui était cité – partira à 60 ans. Jean-Luc Mélenchon n’est pas social. »
Jean-Luc Mélenchon avait alors en effet déclaré – comme cela est écrit dans son programme – que la NUPES proposait une retraite à 60 ans avec 40 annuités de cotisation. Interrogé sur l’exemple de quelqu’un entrant dans la vie active à 23 ans, il a aussi effectivement précisé qu’il pourrait partir à 60 ans, mais sans « décote. » La retraite est normalement de 50 % du salaire brut annuel moyen, mais si l’on part avant d’avoir tous ses trimestres (ici 40 annuités), on subit une « décote » de 1,25 % de moins par trimestre manquant. Jean-Luc Mélenchon propose donc de supprimer ce système, mais il a précisé sur France Info le 8 mai : « Dans tout système avec des annuités, il y a une proportionnalité de votre retraite [à vos années de cotisation]. Puis on a inventé, pour mettre une baïonnette dans le dos des gens, une décote. Donc on propose 40 annuités sans décote, mais la proportionnalité fonctionnera. »
« Jean-Luc Mélenchon n’a aucune chance d’être majoritaire à l’Assemblée nationale »
Les charges du RN contre Jean-Luc Mélenchon sont aussi le signe qu’avec son score du 1er tour et l’accord électoral à gauche, Jean-Luc Mélenchon est véritablement en concurrence avec Marine Le Pen pour le leadership de l’opposition à Emmanuel Macron. Le RN moque par exemple la communication de LFI autour de « l’élection » de Jean-Luc Mélenchon à Matignon, et préfère mettre en avant le choix du prochain leader de l’opposition comme enjeu de ces législatives. « On est lucides, on regarde les cartes électorales, on n’est pas comme M. Mélenchon, qui est d’un grotesque total et absolu. C’est de l’intox. C’est absurde. Evidemment que Jean-Luc Mélenchon n’a aucune chance d’être majoritaire à l’Assemblée nationale et par ricochet d’être Premier ministre », tacle par exemple Philippe Ballard.
D’après le porte-parole du RN, sur le fond, Jean-Luc Mélenchon « présente un programme néfaste pour la France. C’est un wokiste à l’Etat pur, il veut vider les prisons. On se souvient de ses phrases du 1er tour : ‘pas une voix pour Marine Le Pen.’ Maintenant il peut pleurer sur la retraite à 65 ans. Son projet est dangereux, LFI veut déstructurer la France, ils sont pour le burkini dans les piscines et désarmer la police. » L’ancien journaliste estime ainsi que « la dynamique NUPES est en train de retomber, ça devrait faire pschitt » et « qu’une autre séquence s’ouvre maintenant » pour le RN de Marine Le Pen et Jordan Bardella. Réponse les 12 et 19 juin prochains.