Jean-Marie Le Pen condamné pour plusieurs provocations visant les homosexuels
Coutumier des poursuites judiciaires, Jean-Marie Le Pen a été condamné mercredi à Paris pour des propos polémiques visant les...

Jean-Marie Le Pen condamné pour plusieurs provocations visant les homosexuels

Coutumier des poursuites judiciaires, Jean-Marie Le Pen a été condamné mercredi à Paris pour des propos polémiques visant les...
Public Sénat

Par Juliette MONTESSE

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Coutumier des poursuites judiciaires, Jean-Marie Le Pen a été condamné mercredi à Paris pour des propos polémiques visant les homosexuels, et parmi eux le policier tué dans l'attentat des Champs-Elysées en 2017.

A 90 ans, l'eurodéputé a été condamné pour avoir fait le lien entre "pédophilie" et homosexualité, affirmé que "les homosexuels, c'est comme le sel dans la soupe: s'il n'y en a pas assez c'est un peu fade, s'il y en a trop c'est imbuvable", et critiqué l'intervention du compagnon du policier assassiné, lors de ses obsèques.

Le tribunal correctionnel a estimé que ces trois séries de propos constituaient une injure publique contre les homosexuels, mais aussi, pour le "sel dans la soupe", une provocation à la haine ou à la violence.

L'ancien tribun de l'extrême droite et co-fondateur du Front national a été condamné à deux peines de 40 jours-amende à 10 euros, soit 800 euros d'amende pouvant se transformer en emprisonnement en cas de non-paiement, ainsi qu'à payer plusieurs milliers d'euros de dommages et intérêts.

"La qualité de parlementaire et de personnalité politique de Jean-Marie Le Pen ne saurait justifier des propos à caractère injurieux rejaillissant sur l'ensemble des personnes homosexuelles, l'expression publique trouvant ses limites dans les discours à caractère discriminatoire", a notamment jugé le tribunal.

Jean-Marie Le Pen, alors hospitalisé, n'avait pas assisté à l'audience début octobre. Le parquet de Paris avait requis contre lui un total de 8.000 euros sous forme de jours-amende.

Il va faire appel, selon son conseil, Frédéric Joachim. "La liberté d'expression vient encore de régresser aujourd'hui", a affirmé l'avocat, ironisant en citant les Mémoires de son client: "Il fait confiance à la justice de son pays pour rendre une justice politique."

- "Désavoué" -

M. Le Pen était jugé pour des propos remontant à 2016 et 2017.

En mars 2016, dans son "Journal de bord" vidéo sur son blog, il avait affirmé: "Je crois que la pédophilie, qui a trouvé ses lettres de noblesse... interdites, mais tout de même, dans l'exaltation de l'homosexualité, met en cause toutes les professions qui approchent l'enfance et la jeunesse". Une assimilation injurieuse de "l'ensemble des personnes homosexuelles" à la "pédophilie", selon les juges.

Puis en décembre 2016, interrogé par Le Figaro sur la représentation des homosexuels au sein du FN, il avait répondu par sa sortie sur "le sel dans la soupe", une injure mais aussi une provocation à la haine aux yeux du tribunal: "La communauté visée est présentée comme à haïr".

"Ce jugement confirme que la parole homophobe n'a plus sa place dans la politique française", a réagi dans un communiqué Etienne Deshoulières, avocat de l'association Mousse, qui lutte contre les discriminations homophobes et sexistes. Jean-Marie Le Pen devra verser 2.000 euros de dommages et intérêts à l'association, et 2.000 euros au titre des frais de justice.

L'ex-dirigeant frontiste était également jugé pour avoir commenté les obsèques du policier Xavier Jugelé, tué en avril 2017 dans un attentat jihadiste sur les Champs-Élysées, au cours desquelles son compagnon s'était exprimé.

"Je pense que cette particularité familiale doit être tenue à l'écart de ce genre de cérémonie, qui gagnerait d'ailleurs à plus de discrétion", avait affirmé M. Le Pen dans le même "Journal de bord".

"Dire que l'orientation sexuelle d'une victime justifierait une mise à l'écart" est une injure, ont estimé les magistrats. M. Le Pen devra verser 5.000 euros de dommages et intérêts à l'époux de M. Jugelé, Étienne Cardiles, et 2.000 euros pour les frais de justice.

"Je suis satisfait de voir que quand un pays tout entier s'émouvait d'une situation, Jean-Marie Le Pen était le seul à la dénigrer et s'en trouve aujourd'hui désavoué", a commenté M. Cardiles à la sortie de l'audience.

Partager cet article

Dans la même thématique

Jean-Marie Le Pen condamné pour plusieurs provocations visant les homosexuels
3min

Politique

« Le théâtre est un refuge » pour Arthur Jugnot

Arthur Jugnot joue tous les rôles au théâtre, tantôt metteur en scène, auteur ou encore acteur. La scène n’a désormais plus de secret pour lui et depuis plus de vingt-cinq ans, il enchaîne écritures, tournages et représentations à un rythme effréné qui ferait tourner la tête à plus d’un. Invité de Rebecca Fitoussi dans Un monde, un regard, il revient sur son parcours et partage son expérience.

Le

Capture 2
3min

Politique

Cancers : l’Union européenne n’a pas « d’excuse pour ne rien faire »

Un sommet européen sur le Cancer doit se tenir à Bruxelles du 19 au 20 novembre. Il s’agit de la deuxième cause de mortalité sur le Vieux Continent. Chaque année, 2,6 millions de nouveaux cas sont diagnostiqués. Tabac, alcool, pesticides, polluants divers, nos modes de vie et conditions de travail sont en cause. Alors, comment endiguer le fléau du cancer dans l’Union européenne ? Pourquoi sommes-nous aussi touchés ? Ici l’Europe ouvre le débat avec les eurodéputés Laurent Castillo (PPE, France) et Tilly Metz (Verts, Luxembourg). L'UE n'a pas "d'excuse pour ne rien faire", estime cette dernière.

Le

Paris : session of questions to the government at the Senate
9min

Politique

Face à un « budget cryptosocialiste », la majorité sénatoriale veut « éradiquer tous les impôts » votés par les députés

Ils vont « nettoyer » le texte, le « décaper ». Les sénateurs de droite et du centre attendent de pied ferme le budget 2026 et le budget de la Sécu. Après avoir eu le sentiment d’être mis à l’écart des discussions, ils entendent prendre leur revanche, ou du moins défendre leur version du budget : plus d’économies et faire table rase des impôts votés par les députés.

Le