L’environnement s’invite au Medef après la démission de Nicolas Hulot

L’environnement s’invite au Medef après la démission de Nicolas Hulot

Le Premier ministre Edouard Philippe et le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux ont appelé mardi à "se projeter dans l'avenir" en matière...
Public Sénat

Par Boris CAMBRELENG, Tangi QUEMENER

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

Le Premier ministre Edouard Philippe et le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux ont appelé mardi à "se projeter dans l'avenir" en matière environnementale lors de l'université d'été de l'organisation patronale, où s'est invitée la démission surprise de Nicolas Hulot.

"Nous sommes confrontés, on le voit aujourd'hui, à une urgence environnementale et climatique, qui interroge la soutenabilité de la croissance économique" a déclaré le successeur de Pierre Gattaz dans son discours d'ouverture sur le campus d'HEC, à Jouy-en-Josas (Yvelines).

Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux le 28 août 2018 à Jouy-en-Josas
Le président du Medef Geoffroy Roux de Bézieux le 28 août 2018 à Jouy-en-Josas
AFP

"Un tiers des consommateurs choisit désormais ses marques en fonction de leur impact environnemental ou social. Ils attendent des entreprises qu'elles soient des acteurs du changement sociétal", a-t-il rappelé, exhortant les entreprises à "relever la tête".

Rendant hommage au ministre démissionnaire de la Transition écologique, qui a expliqué avoir jeté l'éponge faute d'être suffisamment entendu au sein du gouvernement, Edouard Philippe a assuré de son côté ne "rien" regretter "de l'action menée depuis un an en matière d'écologie.

"Je veux dire ici la totale détermination du gouvernement à poursuivre sur ce chemin", a dit le Premier ministre, ajoutant que la transition écologique devait se faire "de façon ordonnée, de façon calme et de façon méthodique".

- "ligne rouge" -

Au-delà des questions environnementales, Edouard Philippe a assuré aux patrons qu'il gardait le cap sur le plan budgétaire, alors que le Medef redoute un retour à une période de "zigzag" entre des mesures favorables et d'autres pénalisantes pour les entreprises, comme sous le précédent quinquennat.

Le report de neuf mois d'une nouvelle baisse de charges patronales qui devait initialement entrer en vigueur au 1er janvier 2019 a ainsi été qualifié de "très mauvais signal" par M. Roux de Bézieux.

"Ca n'est pas une forme de zigzag", s'est défendu le Premier ministre, en insistant sur le fait que la trajectoire fiscale prévue par le gouvernement restait inchangée.

"La ligne directrice de notre action, c'est de revaloriser le travail et les revenus du travail. C'est cohérent, c'est un tout", a-t-il expliqué, insistant sur le besoin de "constance" politique "en matière de fiscalité".

Soucieux de redorer l'image dégradée de son organisation, M. Roux de Bézieux a aussi évoqué la responsabilité grandissante des chefs d'entreprise dans un monde profondément bouleversé par des mutations technologiques et sociétales.

"Les entrepreneurs ont la liberté de séquencer notre ADN ou de créer une cryptomonnaie, ils doivent accepter les responsabilités qui vont avec". "Aujourd'hui, ce sont les entrepreneurs qui changent le monde!", s'est exclamé M. Roux de Bézieux en faisant référence à Google et Facebook.

- "Medef de proposition" -

Cette responsabilité s'étend aussi pour le Medef au champ politique, au moment où "le rêve européen s'est évanoui dans les sables du repli identitaire".

"Ce qu'on appelle parfois le populisme avec mépris doit nous interroger. Il ne sert à rien d'avoir raison contre les concitoyens. C'est pour cela que l'Europe doit être un sujet majeur de notre action", a-t-il ajouté.

Voulant construire un "Medef de proposition" car "le combat seul ne suffit pas", le fondateur de The Phone House et de Virgin Mobile s'est dit ouvert aux discussions à venir avec le gouvernement sur les réformes de l'assurance chômage et de la santé au travail, avec toutefois pour "ligne rouge" qu'elles n'aboutissent pas à des alourdissements de charges.

Il a enfin rappelé que pour les patrons, "la transformation du pays passe inévitablement par une baisse des dépenses", soulignant notamment que l'endettement public était passé de 40% il y a 20 ans à près de 100% aujourd'hui.

Les débats sur le campus d'HEC seront éclectiques, avec des thèmes comme "Apocalypse Now?", "La princesse de Clèves est-elle encore morte?" ou "Il n'y pas que le foot dans la vie" sur les passions françaises, tandis que la ministre du Travail Muriel Pénicaud participera mercredi à un débat sur la difficulté d'avoir 20 ans aujourd'hui.

Côté chefs d'entreprise, plusieurs poids lourds du CAC 40 étaient attendus, à l'image d'Isabelle Kocher (Engie) et de Frédéric Oudéa (Société générale), mais aussi de dirigeants de grands groupes étrangers, comme Paul Polman (Unilever).

Les syndicats, quant à eux, n'ont officiellement que deux représentants: Pascal Pavageau, secrétaire général de Force ouvrière, et François Hommeril, président de la CFE-CGC.

Dans la même thématique

Deplacement du Premier Ministre a Viry-Chatillon
7min

Politique

Violence des mineurs : le détail des propositions de Gabriel Attal pour un « sursaut d’autorité »

En visite officielle à Viry-Châtillon ce jeudi 18 avril, le Premier ministre a énuméré plusieurs annonces pour « renouer avec les adolescents et juguler la violence ». Le chef du gouvernement a ainsi ouvert 8 semaines de « travail collectif » sur ces questions afin de réfléchir à des sanctions pour les parents, l’excuse de minorité ou l’addiction aux écrans.

Le

Turin – Marifiori Automotive Park 2003, Italy – 10 Apr 2024
6min

Politique

Au Sénat, la rémunération de 36,5 millions d’euros de Carlos Tavares fait grincer des dents. La gauche veut légiférer.

Les actionnaires de Stellantis ont validé mardi 16 avril une rémunération annuelle à hauteur de 36,5 millions d’euros pour le directeur général de l’entreprise Carlos Tavares. Si les sénateurs de tous bords s’émeuvent d’un montant démesuré, la gauche souhaite légiférer pour limiter les écarts de salaires dans l’entreprise.

Le