L’inexpérience, casse-tête du renouvellement de l’ère Macron

L’inexpérience, casse-tête du renouvellement de l’ère Macron

Pendant du "renouvellement" porté par Emmanuel Macron, l'inexpérience politique de nombreux ministres et de centaines de futurs...
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Par Marc PRÉEL

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Pendant du "renouvellement" porté par Emmanuel Macron, l'inexpérience politique de nombreux ministres et de centaines de futurs députés macronistes est aussi un casse-tête pour le nouvel exécutif, soucieux d'éviter des "gaffes" et de remplir les postes-clés de la future Assemblée.

Sur les 22 membres du gouvernement, la moitié vient de la société civile et 18 sont des novices en tant que ministres, y compris le Premier d'entre eux, Edouard Philippe.

Si l'Elysée défend une prise de hauteur du gouvernement face à la mêlée médiatique, en donnant par exemple consigne aux ministres de ne pas s'exprimer lorsqu'ils sortent du Conseil des ministres, le nouveau pouvoir Macron doit aussi composer avec le faible nombre de membres du gouvernement jugés aptes à participer aux émissions en direct et autres interviews matinales à la radio.

"On a des ministres venus de la société civile qui peuvent difficilement y aller. Ils connaissent bien leurs sujets mais sur la polémique du jour, ils ne savent pas faire", reconnaît un ténor du gouvernement.

Lors d'un des premiers Conseils des ministres à l'Elysée, un des novices s'est inquiété candidement: "Si un journaliste m'appelle, qu'est ce que je fais?" s'amuse le même, attendri.

Déjà aux prises avec l'affaire Ferrand, l'exécutif veille à éviter tout "couac" susceptible de casser la vague qui s'annonce aux législatives. Comme souvent lors des précédents quinquennats, les interviews des ministres sont systématiquement relues à l'Elysée.

Quant à Edouard Philippe, qui comme Jean-Marc Ayrault en 2012 arrivé à Matignon sans expérience de ministre, il travaille d'arrache-pied et commande de nombreuses notes à son cabinet, rapporte son entourage. "Il fait ses fondations, comme il dit", selon un proche.

Ce noviciat de l'ère Macron s'annonce tout aussi spectaculaire dans la nouvelle Assemblée, promise selon les sondages à un raz de marée de députés macronistes de La République en marche (REM).

- Députés "qui tiennent la route" -

Parmi les plus de 500 candidats du mouvement présidentiel aux législatives des 11 et 18 juin, on compte seulement 28 parlementaires sortants. Quelque 77% d'entre eux n'ont actuellement aucun mandat électif, même local.

"Il y aura beaucoup de nouveaux élus qui vont découvrir l'Assemblée nationale. Ca nécessite d'apprendre rapidement comment ça marche. Quand on débarque au Parlement, on ne vous explique pas vraiment comment il faut faire. Les responsables du groupe à l'Assemblée auront beaucoup de travail", reconnaît un ministre.

Présidence et vice-présidences de l'Assemblée nationale, chef(fe) du groupe parlementaire, patron(ne)s des commissions parlementaires: autant de postes importants à pourvoir pour la REM, qui peuvent difficilement échoir à des primo-élus.

Ces nominations sont "en cours de réflexion", indique-t-on dans l'entourage du secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, qui a fait des listes des députés sortants "qui tiennent la route".

"Moi, je considère qu'avoir des gens qui ne sont pas des apparatchiks et des professionnels de la profession politique qui viennent à l'Assemblée nationale, c'est une chance folle", défend M. Castaner.

Outre le rôle de l'administration "extraordinaire" de l'Assemblée, la REM travaillera "évidemment à l'intégration la plus poussée possible de ces nouveaux parlementaires", explique-t-il.

Le nom du ministre de l'organisation des Territoires Richard Ferrand avait circulé pour prendre le "perchoir" de l'Assemblée. Mais la polémique sur l'affaire d'une location immobilière des Mutuelles de Bretagne discrédite cette hypothèse.

Les noms des écologistes François de Rugy et Barbara Pompili, ou de l'ex-socialiste Stéphane Travert, ou même d'élus Les Républicains comme Laure de La Raudière, circulent pour occuper des fonctions importantes au Palais-Bourbon.

En 2012, 234 députés avaient fait leur première entrée au Palais-Bourbon, tous partis confondus. Le record, qui pourrait tomber cette année, remonte à 1958, lors des premières législatives de la Ve République, avec 310 nouveaux députés élus.

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