La Macronie embarrassée sur les consignes de vote en cas de second tour NUPES-RN

La Macronie embarrassée sur les consignes de vote en cas de second tour NUPES-RN

La République en marche refuse de donner une consigne nationale. Le parti présidentiel préfère se prononcer au « cas par cas » en cas de duel NUPES-RN, et vérifier le profil des candidats NUPES. L’absence de position claire scandalise plusieurs responsables de gauche.
Public Sénat

Temps de lecture :

4 min

Publié le

Mis à jour le

La majorité présidentielle sera présente dans une majorité de circonscriptions au second tour des législatives. C’est la configuration la plus répandue après ce premier tour électoral, ce 12 juin. Mais La République et ses alliés ont aussi été balayés dans quelques territoires, laissant parfois la place à des duels entre la NUPES (Nouvelle union populaire écologique et sociale) et le Rassemblement national (RN). La 4e circonscription du Loiret, avec l’élimination de Jean-Michel Blanquer, en est un exemple.

Dès les premières minutes de la soirée électorale, plusieurs ténors du gouvernement ont botté en touche à la question d’un éventuel appel à faire barrage à l’extrême droite. « Je crois que ce sont des débats locaux et ça n’est pas ce soir un enjeu national », s’est dérobée la porte-parole du gouvernement, Olivia Grégoire, sur France 2. La secrétaire d’État a notamment affirmé que « très peu de circonscriptions » étaient dans ce cas de figure.

Son prédécesseur, Gabriel Attal, devenu ministre des Comptes publics, s’est montré moins gêné, mais pas plus tranché. « On verra quelles sont les situations locales qui se présentent, quels sont les candidats qui sont en place. Il y a des positions qui seront prises », a-t-il répondu au même moment sur TF1.

Distancé dans sa circonscription parisienne par l’avocate NUPES Caroline Mecary, Clément Beaune s’est montré clair. « À titre personnel », le ministre des Affaires européennes a appelé à privilégier les candidats de la coalition de gauche face au RN. « Je n’ai jamais mis de signe égal entre la NUPES, que je considère comme étant l’extrême gauche, c’est-à-dire Jean-Luc Mélenchon aujourd’hui, et le Rassemblement national », a-t-il argumenté sur BFMTV.

« C’est le Front Républicain, contre les extrêmes »

Les positions précautionneuses de la majorité présidentielle ont fait bondir à gauche. D’autant qu’Élisabeth Borne a renvoyé dos à dos « les extrêmes ». L’ancien candidat écologiste à la présidentielle, Yannick Jadot, a fait part de sa colère sur Twitter. « Les écologistes se sont massivement mobilisés pour faire battre Le Pen à la présidentielle. Entendre Olivia Grégoire et Gabriel Attal refuser de donner une indication de vote en cas de duel NUPES RN est absolument scandaleux ! » Au Sénat, la socialiste Laurence Rossignol a elle aussi fait part de son incompréhension. « Emmanuelle Wargon confirme qu’en cas de duel RN/NUPES, il n’y aura pas de consigne de vote. Au cas par cas. Ces gens n’ont aucune colonne vertébrale, aucun principe » s’est exclamée l’ancienne ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes.

Contactée par l’AFP, La République en marche a confirmé qu’elle ne donnera pas de consigne nationale, mais seulement « au cas par cas » dans les circonscriptions où s’opposeront des candidats du Rassemblement national et de la NUPES lors du deuxième tour des législatives

« C’est le Front Républicain, contre les extrêmes », a expliqué le parti présidentiel, en faisant valoir que « certains candidats de la NUPES sont extrêmes : ce sera en fonction de la personnalité de la NUPES qui est qualifiée, notamment si c’est quelqu’un qui a les valeurs de la République ». « Mais nous ne soutiendrons aucun candidat RN », a ajouté le parti présidentiel.

Signe que l’absence de position claire au sein de LREM ne fait pas l’unanimité, Maud Bregeon a voulu s’exprimer en fin de soirée sur BFMTV. « Pas une voix ne doit aller au RN. Partout, nous appelons à faire battre l’extrême droite ». Précision importante : elle insiste sur sa fonction, à savoir porte-parole du parti.

Dans la même thématique

La Macronie embarrassée sur les consignes de vote en cas de second tour NUPES-RN
8min

Politique

IA, simplification des formulaires, France Services : Gabriel Attal annonce sa feuille de route pour « débureaucratiser » les démarches administratives

En déplacement à Sceaux ce mardi dans une maison France Services, quelques minutes seulement après avoir présidé le 8e comité interministériel de la Transformation publique, le Premier ministre a annoncé le déploiement massif de l’intelligence artificielle dans les services publics, ainsi que la simplification des démarches. Objectif ? Que « l’Etat soit à la hauteur des attentes des Français ».

Le

Brussels Special European Council – Renew Europe
10min

Politique

Européennes 2024 : avec son discours de la Sorbonne 2, Emmanuel Macron « entre en campagne », à la rescousse de la liste Hayer

Emmanuel Macron tient jeudi à la Sorbonne un discours sur l’Europe. Si c’est le chef de l’Etat qui s’exprime officiellement pour « donner une vision », il s’agit aussi de pousser son camp, alors que la liste de la majorité patine dans les sondages. Mais il n’y a « pas un chevalier blanc qui va porter la campagne. Ce n’est pas Valérie Hayer toute seule et ce ne sera même pas Emmanuel Macron tout seul », prévient la porte-parole de la liste, Nathalie Loiseau, qui défend l’idée d’« un collectif ».

Le

Jordan Bardella visite Poste-Frontiere de Menton
5min

Politique

Elections européennes : la tentation des seniors pour le vote RN, symbole de « l’épanouissement du processus de normalisation » du parti, selon Pascal Perrineau

Alors que la liste menée par Jordan Bardella (31.5%) devance de plus de 14 points la liste Renaissance, menée par Valérie Hayer (17%), selon le dernier sondage IFOP-Fiducial pour LCI, le Figaro et Sud-Radio, le parti de Marine Le Pen, mise désormais sur l’électorat âgé, traditionnellement très mobilisé pour les élections intermédiaires. Désormais deuxième force politique chez les plus de 65 ans (le RN conquiert 24% de cet électorat, 7 points de moins que Renaissance), la stratégie semble porter ses fruits. Décryptage avec le politologue Pascal Perrineau, professeur émérite à Sciences Po Paris et récent auteur de l’ouvrage Le Goût de la politique : Un observateur passionné de la Ve République, aux éditions Odile Jacob.

Le

Mairie de Paris, Jeux Olympiques 2024
4min

Politique

JO 2024 : les agents de sécurité privée vont-ils faire défaut ?

A trois mois des Jeux Olympiques, des incertitudes planent sur le nombre d’agents de sécurité privée mobilisés. Le préfet de police de Paris, Laurent Nunez indique « ne pas être inquiet pour l’instant ». Du côté des professionnels du secteur, on évalue un manque de 8 000 agents sur 40 000 nécessaires.

Le