La mobilisation s’essouffle, les « gilets jaunes » préparent « l’acte 2 »
Confrontés à une mobilisation qui s'essouffle après plusieurs jours de blocages, les "gilets jaunes" préparent l'"acte 2" de leur mouvement,...

La mobilisation s’essouffle, les « gilets jaunes » préparent « l’acte 2 »

Confrontés à une mobilisation qui s'essouffle après plusieurs jours de blocages, les "gilets jaunes" préparent l'"acte 2" de leur mouvement,...
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Par Simon VALMARY avec les bureaux de l'AFP en région

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Confrontés à une mobilisation qui s'essouffle après plusieurs jours de blocages, les "gilets jaunes" préparent l'"acte 2" de leur mouvement, avec notamment un rassemblement samedi à Paris source de polémiques avec les autorités.

Après avoir écarté le scénario d'un rassemblement place de la Concorde, le ministère de l'Intérieur a indiqué jeudi que les "gilets jaunes", mobilisés notamment contre les prix du carburant, pourraient se réunir sur l'esplanade du Champ-de-Mars, près de la Tour Eiffel.

"Ce lieu offr(e) les conditions de sécurité nécessaires", explique le ministère dans un communiqué, ajoutant que plusieurs demandes avaient été déposées en préfecture.

Mais des "gilets jaunes" ont rapidement rejeté cette hypothèse. "La manifestation n'aura pas lieu à cet endroit", a assuré sur LCI Priscillia Ludosky, l'une des personnes à l'initiative du mouvement en région parisienne. Une annonce sera faite vendredi, a-t-elle affirmé, en évoquant un rassemblement "au coeur de Paris, très certainement au niveau des Champs-Elysées".

Toute manifestation est interdite par arrêté dans un périmètre incluant la Concorde, l'Elysée, Matignon et l'Assemblée nationale, qui sera bouclé par les forces de l'ordre, a rappelé dans la soirée le secrétaire d'Etat auprès du ministre de l'Intérieur, Laurent Nuñez.

Lancé sur les réseaux sociaux hors de tout cadre syndical ou politique, le mouvement veut faire du rassemblement parisien "l'acte 2" de sa mobilisation protéiforme, qui a placé l'exécutif sur la défensive et la majorité dans un certain désarroi.

Le 17 novembre, au moins 282.000 personnes avaient répondu à l'appel à bloquer des routes et des sites stratégiques.

Selon un sondage Odoxa pour Le Figaro et FranceInfo, 77% des Français jugent ce mouvement "justifié".

Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion
Heurts dans le quartier du Chaudron le 20 novembre 2018 à Saint-Denis-de-la-Réunion
AFP

"J'espère qu'il va y avoir une véritable marée jaune", a déclaré Frank Buhler, l'un des initiateurs du mouvement dans le Tarn-et-Garonne.

Devant une affluence difficile à estimer -plus de 34.000 personnes se sont déclarées comme "participants" sur Facebook- et face à la crainte de débordements, le ministère de l'Intérieur a prévenu que "la réponse judiciaire sera intraitable en cas de troubles".

- 12.000 manifestants en métropole -

Ce rendez-vous parisien divise au sein des "gilets jaunes". "On va pas gaspiller du carburant, ça serait un peu bête", estime Tristan Lozach, qui coordonne le mouvement dans les Côtes d'Armor.

Certains, comme Fabrice Schlegel, meneur du mouvement à Dole (Jura), préfèrent agir "à l'échelle du département".

"D'abord, tout le monde n'a pas 150 euros à mettre pour faire le déplacement et puis on s'inquiète de la violence qu'il peut y avoir", explique-t-il. A "la dernière grosse manifestation parisienne, le 1er mai, les +black bloc+ étaient de sortie et il y a eu beaucoup de casse. Je ne veux pas participer à quelque chose comme ça".

Sur le terrain, le mouvement marquait le pas au sixième jour d'une mobilisation, qui s'est élargie à une contestation plus générale de la baisse du pouvoir d'achat et des taxes.

Jeudi, le ministère de l'Intérieur a recensé environ 12.000 manifestants en métropole (et 3.200 à la Réunion), contre 15.000 mercredi. Depuis le début du mouvement samedi, deux personnes sont décédées, 620 civils et 136 membres des forces de l'ordre ont été blessées, 879 personnes interpellées et 693 placées en garde à vue, a précisé Beauvau.

Quelques irréductibles continuaient à organiser des blocages épars en métropole, avec des barrages filtrants aux abords de dépôts pétroliers ou sur certains axes routiers dans le Pas-de-Calais, le Gard, l'Hérault, le Vaucluse, le Haut-Rhin ou en Nouvelle-Aquitaine.

Au péage de Virsac (Gironde), évacué mercredi par les forces de l'ordre après avoir été vandalisé, la circulation sur l'A10 a été rétablie dans le sens Paris-Bordeaux après des travaux de remise en service.

Les troubles se concentrent désormais sur l'île de La Réunion où, malgré l'instauration d'un couvre-feu nocturne, la situation reste tendue après une flambée de violences urbaines. "Nous serons intraitables car on ne peut pas accepter les scènes que nous avons vues", a réagi mercredi le président Emmanuel Macron, en annonçant l'envoi de renforts de gendarmerie.

Moins nombreux, les barrages persistants continuent de perturber le trafic.

Chez les commerçants, l'inquiétude est "grande, surtout en cette période, avec (les promotions de) +Black Friday+ et les achats pour les fêtes de fin d'année qui débutent", a souligné le délégué général de la Fédération du commerce et de la distribution (FCD), Jacques Creyssel.

Ces perturbations débordent même les frontières. Le ministère espagnol des Affaires étrangères s'est plaint jeudi des "obstacles à la libre circulation des marchandises" à la frontière basque, et la circulation des poids-lourds vers l'Angleterre était perturbée à Calais avec le blocage de l'autoroute A16 menant au tunnel sous la Manche.

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