«La République En Marche et Emmanuel Macron ont un problème avec les collectivités locales» selon Pascal Perrineau
Pascal Perrineau, politologue et professeur à Sciences Po, était l’invité de Sénat 360, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le vote disruptif. Il est revenu sur les enjeux du rapprochement des dates des élections locales.  

«La République En Marche et Emmanuel Macron ont un problème avec les collectivités locales» selon Pascal Perrineau

Pascal Perrineau, politologue et professeur à Sciences Po, était l’invité de Sénat 360, à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage, Le vote disruptif. Il est revenu sur les enjeux du rapprochement des dates des élections locales.  
Public Sénat

Par Jules Duribreu

Temps de lecture :

3 min

Publié le

Mis à jour le

Le calendrier électoral pourrait se voir prochainement bouleversé. Après avoir évoqué la possibilité de réformer les élections européennes, avec un retour aux listes nationales et le découpage de la France en huit circonscriptions, l’Elysée étudie depuis quelques semaines la possibilité de repousser les élections municipales à 2021. Initialement prévue pour 2020, le report de cette élection permettrait de regrouper trois scrutins au printemps 2021: régionales, départementales et municipales.

La création d’un rendez-vous électoral local unique

Pour le politologue Pascal Perrineau, invité de Sénat 360 ce jeudi à l’occasion de la sortie de son dernier ouvrage Le vote disruptif, une telle mesure révèle plusieurs logiques et n’est pas non plus totalement dénuée d’arrière-pensées politiques. «Il y’a d’abord la rationalisation, on regroupe tout ce qui concerne les collectivités territoriales, quel que soit le niveau. On rationalise et on peut aussi faire des économies. On oublie toutefois que la question communale n’est pas la question départementale et que la question départementale n’est pas la question régionale» a souligné le professeur de Sciences Po.

Rassembler pour remobiliser l’électorat ?

Rassembler les élections permettrait en outre de remobiliser un électorat de plus en plus désintéressé autour d’un grand rendez-vous local. Une manière de renforcer la légitimité et l'intérêt de ces élections souvent boudées par les Français. «On se souvient de cette abstention record des législatives de juin dernier. En rassemblant, on peut faire revenir les Français vers les urnes» note Pascal Perrineau.

Sur ce point, décaler l’élection municipale pourrait au final s’avérer contre-productif. «Une élection peut faire de l’ombre aux autres et en termes de clarté, ce n’est pas extraordinaire. Souvenez vous, en 86, on a rassemblé les législatives avec les régionales, sans grand succès.»

Une manoeuvre politique risquée

Pour autant, on s’en doute, une telle réforme est aussi teintée de manoeuvres politiques,  pensées pour servir les intérêts du chef de l'Etat et de La République en Marche, parti avec un faible ancrage local. «En Marche et Emmanuel Macron ont un problème avec les collectivités locales, avec les élus des conseils municipaux, qui constituent l’essentiel du corps électoral pour les sénatoriales et qui ont envoyé un message de sanction. Le Président veut avoir le temps de préparer le terrain.»  

En outre, si la manoeuvre est parfaitement légale, elle n’est pas sans risque pour Emmanuel Macron. Ce qui pourrait profiter au chef de l'Etat pourrait tout autant se transformer en coup dur à quelques mois de la prochaine présidentielle. «Emmanuel Macron pourrait tout perdre. Son parti est né par le haut, sans base, et c’est long de se créer une base. Un échec serait redoutable, ça jettera une ombre sur les scrutins nationaux à venir, et en fin de mandat, les scrutins nationaux sont durs à gagner.»

Partager cet article

Dans la même thématique

«La République En Marche et Emmanuel Macron ont un problème avec les collectivités locales» selon Pascal Perrineau
2min

Politique

« Accepter de perdre nos enfants » : « Nous devons écouter » le chef d’état-major des armées, soutient Gérard Larcher

Au congrès des maires de France, le président du Sénat, Gérard Larcher a apporté son soutien au général Fabien Mandon. Mercredi devant les élus, le chef d’état-major des Armées a suscité la polémique en considérant que la France allait devoir « accepter de perdre ses enfants » dans la perspective d’un conflit prochain avec la Russie.

Le

«La République En Marche et Emmanuel Macron ont un problème avec les collectivités locales» selon Pascal Perrineau
4min

Politique

VIDEO. Risque de guerre avec la Russie : la France doit « accepter de perdre ses enfants », prévient le chef d’état-major des armées, Fabien Mandon

Devant le congrès des maires, le chef d’état-major des Armées, Fabien Mandon, a affirmé qu’en cas de guerre avec la Russie, on devait « accepter de nous faire mal pour protéger ce que l’on est ». Autrement dit, accepter la mort de soldats et la nécessité « de souffrir économiquement parce que les priorités iront à de la production défense ». Dans cette optique, il estime que les maires ont « un rôle majeur » pour relayer le message.

Le