« La retraite à 60 ans était une arnaque, et les gouvernements successifs la payent », regrette Claude Malhuret

« La retraite à 60 ans était une arnaque, et les gouvernements successifs la payent », regrette Claude Malhuret

Invité de notre matinale, Claude Malhuret regrette que la droite « renie » ses fondamentaux pour faire passer la réforme des retraites comme « antisociale. » Le président du groupe Les Indépendants, membre de la majorité présidentielle, appelle à réfléchir à des systèmes de capitalisation pour sortir de « l’équation impossible » entre nombre de retraités et d’actifs.
Louis Mollier-Sabet

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Élisabeth Borne a lâché du lest, hier dans le JDD. Faisant un pas en direction des Républicains, la Première ministre a annoncé que les personnes ayant commencé à travailler entre 20 et 21 ans pourront partir à la retraite à 63 ans, et non à 64 ans. « Je ne sais pas si elle a eu raison, ce que je constate c’est que petit à petit la réforme va coûter plus cher que les économies annoncées », semble presque regretter Claude Malhuret, président du groupe Les Indépendants au Sénat, alertant sur un « détricotage » de la réforme.

« À chaque fois qu’on fait un 49-3, tout le monde monte sur ses grands chevaux et le lendemain on passe à autre chose »

Le membre d’Horizons, le parti d’Edouard Philippe, ne met tout de même pas en cause les choix d’Élisabeth Borne, « qui est dans une situation très particulière » : « Lorsque Mitterrand décide la retraite à 60 ans, Rocard l’avait dit : la réforme des retraites fera tomber quatre gouvernements de suite. C’était une arnaque, et depuis, les gouvernements successifs la payent. La différence c’est que, lors des réformes précédentes, il y avait une majorité à l’Assemblée. Là Élisabeth Borne est obligée de composer. »

Sans majorité, l’exécutif pourrait recourir au 49-3, surtout sur un texte budgétaire qui n’entame donc pas son « quota » d’un 49-3 par session parlementaire. Une possibilité qui ne dérange pas Claude Malhuret : « Politiquement, ça ne serait pas favorable. Maintenant à chaque fois qu’on fait un 49-3, tout le monde monte sur ses grands chevaux et le lendemain on passe à autre chose. La Constitution donne beaucoup de pouvoir à l’exécutif, le 49-3 n’est pas une horreur absolue et antidémocratique, il fait partie de nos institutions. »

« Ils sont en train de régler les problèmes internes à LR sur le dos de la réforme des retraites »

Ce sont les négociations avec LR qui ont fait « bouger » la Première ministre, pourtant Aurélien Pradié ne semble toujours pas satisfait, et a dénoncé « une tromperie qui ne respecte ni Les Républicains, ni les Français ». « Comment un travailleur qui débute à 20 ans pourrait valider cinq trimestres avant ses 21 ans comme l’impose le dispositif carrière longue ? » s’est-il notamment interrogé sur Twitter.

« Je ne vais pas faire le ménage chez LR », réagit Claude Malhuret. L’ancien membre des Républicains regrette « une famille politique qui n’a plus rien à voir avec ce qu’elle était » : « Quand je vois des Pradié ou d’autres… Certains apparaissent comme prêts à renier exactement le programme de LR en donnant l’impression que cette réforme n’est pas assez sociale. Ils sont en train de régler les problèmes internes à LR sur le dos de la réforme des retraites. Au Sénat, c’est beaucoup plus raisonné et on n’est pas dans la surenchère avec la lutte de clans. »

Capitalisation : « Un jour ou l’autre il faudra y passer »

Concernant le régime de retraite des parlementaires, et notamment celui des sénateurs, que certains appellent à supprimer ou à aligner sur le régime général, le président du groupe Les Indépendants préfère à l’inverse aligner le système général sur celui des parlementaires : « Le régime du Sénat est une capitalisation collective, il marche très bien. Et comme on est en France, on veut le supprimer. Le mot capitalisation est un tabou, c’est une injure, alors qu’il permet de résoudre l’équation insoluble de la baisse du nombre de cotisants par rapport aux retraités. Un jour ou l’autre il faudra y passer. Mais là aussi cela fait partie des interdits, des tabous français. Même capitalisation collective ça ne passe pas, alors que c’est ça l’avenir. »

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